À ma grande surprise, j’ai constaté que certaines personnes n’étaient pas scandalisées par « l’erreur de communication » de notre premier ministre. J’ai ainsi entendu que « il était mesquin de s’en prendre à lui pour son voyage berlinois, d’autant plus qu’il offrait de payer pour le déplacement de deux de ses enfants, déplacement qui n’avait pas coûté un centime de plus ». Certes. Mais le 28 mars 2013, le Conseil des Prud’hommes de Saint-Germain-en-Laye a requalifié en licenciement "pour cause réelle et sérieuse", donc légal, un licenciement "pour faute grave" , licenciement décidé par un supermarché Simply Market. La coupable, employée handicapée, avec douze ans d’ancienneté, avait, du fait d’une erreur de virgule, retiré 60 euros à la note d’une cliente ayant présenté un coupon de réduction de 0,6 euros. Voilà un magasin qui assurément ignore la mesquinerie, capable d’octroyer jusqu'à 60 centimes de réduction à des clientes et incapable de se soucier des moyens d’existence d’une handicapée et de sa famille. Les contempteurs de la mesquinerie doivent, je n'en doute pas, tenir ce licenciement pour un sommet de la justice.
Autre circonstance atténuante accordée à notre ministre, il est vrai au prix d'une intrusion dans sa vie privée : « avec sa charge de travail, 24 heures sur 24 (eh oui, c’est donc possible !), il a peu de temps à consacrer à ses enfants et il est normal de lui offrir un moment de partage avec eux ». Je réponds simplement qu’il n’est pas le seul à être très pris par son travail et que nombreux sont ceux qui, comme lui, ne peuvent passer de ce fait avec leurs enfants autant de temps qu’ils le souhaiteraient. Même si des personnes aussi compatissantes se penchent sur sa vie privée, je me garde de les imiter. Je me demande toutefois si seules des obligations professionnelles rendent rares ces moments de partage.
Autre remarque des thuriféraires de notre ministre : « Sarkozy a fait bien pis ». Assurément ! Mais celui qui vole un bœuf n’exonère pas de toute responsabilité celui qui vole un œuf.
Quant à cette rencontre avec Michel Platini, je souhaite savoir :
- si elle figurait sur l’agenda de Manuel Valls
- où et entre quelles heures elle a pris place
- s’il y a une trace écrite des décisions capitales prises à cette occasion, décisions si urgentes qu’elles ne pouvaient attendre la venue à Paris du président de l’UEFA deux jours plus tard.
Il semble bien que Manuel Valls se soit employé à transformer en déplacement officiel un voyage privé d’agrément lui permettant d’assister en famille à la finale d’une coupe de football dont la France était absente. Cela me rappelle étrangement les manœuvres de certains de mes collègues commerciaux qui s'assuraient des déplacements d'affaires pour de sympathiques week-ends de trois jours, allant, par exemple, l’hiver à Annecy et l’été à Nice, visiter les lundis ou vendredis des clients situés dans ces villes.
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Qualifier d’erreur de communication la non reconnaissance initiale de ce genre de pratique témoigne selon moi d’une maîtrise très incertaine de la langue française. Je reviendrai sous peu sur ce vocable tant répandu de communication.