Note : 3,5/5
Comme un avion, le nouveau film de Bruno Podalydès, fait le récit de la crise de la cinquantaine. Michel travaille dans la société de graphisme de son frère, il s’occupe d’animations 3D et son travail est terriblement répétitif. Il vit une vie sans surprise à l’image de son mariage avec Rachel. Chacun est pris dans sa propre routine et celle de leur couple. La décoration de leur appartement et les cadeaux de Michel à son anniversaire fonctionnent sur la même logique de vie immuable. Il se trouve que Michel est passionné par l’aéropostale depuis son enfance, qu’à cela ne tienne tout sera aéropostal. Dans sa crise soudaine, Michel veut tout bousculer et décide un peu par hasard de se passionner pour le kayak. Soudain ce sport devient sa raison de vivre, il prend donc un congé pour subvenir à cette nouvelle passion et partir à kayak à travers la France.
Ce changement assez incongru d’objectif et de passion chez le personnage principal fait un peu « plouf » dans le récit en installation. S’en suit une répétition de gags visuels sur la même idée. Si ceux-ci fonctionnent individuellement, leur succession perd en drôlerie et en intérêt. Ainsi le premier « chapitre » du film ne nous convainc pas vraiment et l’on ne s’intéresse pas au personnage de Michel portant tous les attributs de l’homme urbain en crise existentielle.
Nous aurions donc préféré voir le film débuter directement dans le deuxième « chapitre » car la suite dénote avec la platitude de l’exposition du personnage. Nous pénétrons un univers chatoyant, drôle et délicat, emprunt d’une admiration enfantine pour la vie.
© Anne-Françoise Brillot – Why Not Productions
Michel part donc pour une aventure fluviale. Plus habitué à passer la journée devant un ordinateur que dans un kayak, il s’arrête rapidement pour monter son campement pour la nuit. C’est comme ça qu’il fait la rencontre de Laétitia, Mila, Christophe et Damien qui tiennent un resto-buvette au bord de l’eau. Il plante la tente sur leur terrain pour une nuit mais différents événements le ramèneront toujours vers ce jardin où l’on vit simplement et heureux.
Bruno Podalydès poursuit sa recherche du gag présente dès le début du film et plus largement dans ses précédents films. Tous fonctionnent et créent l’ambiance de ce lieu atypique. On se laisse alors totalement porter dans l’histoire de Michel et ses compères.
Si le début du film était un peu pesant et peu subtil, la suite du récit est tout à fait rafraîchissante, portée par un groupe d’acteurs compatibles et très bons. C’est l’éloge des gens simples, loin des préoccupations vaines de la vie urbaine. Ce bout de terrain est la réussite fragile du groupe et de l’amitié contre l’individualisme méfiant.
Comme ses personnages, Bruno Podalydès prend le parti d’une mise en scène simple, portant un regard doux sur l’humain, sans renier les sublimes possibilités offertes par le cinéma.
Nous savourons avec plaisir cette chronique d’une bouffée d’air et de liberté. Un film revigorant comme une brise fraîche qui fait voler les avions et soulève les jupes des femmes.
Marianne Knecht
En salles depuis le 10 juin 2015