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Les Kurdes coupent un accès vital pour l'État Islamique entre la Syrie et la Turquie

Publié le 15 juin 2015 par Plusnet
Les Kurdes coupent un accès vital pour l'État Islamique entre la Syrie et la Turquie Les forces kurdes en Syrie se sont emparées lundi du poste-frontière de Tall Abyad, point de transit entre Syrie et Turquie vital pour les jihadistes de l'Etat islamique (EI), menaçant d'asphyxie leur fief de Raqqa.

Il s'agit d'un coup dur pour l'organisation extrémiste qui faisait transiter via Tall Abyad armes et combattants vers les territoires qu'elle contrôle en Syrie.
Des combattants des Unités de protection du peuple kurde(YPG) ont pris position en fin d'après-midi dans la partie syrienne du poste-frontière de Tall Abyad (Akçakale du côté turc), a constaté un photographe de l'AFP sur place. Plus tôt dans la journée, les YPG, appuyées par des groupes rebelles et les frappes aérienne de la coalition dirigée par les Etats-Unis, étaient parvenues à couper la route reliant Tall Abyad à Raqqa, a indiqué par téléphone à l'AFP un commandant kurde sur ce front, Hussein Khojer.
Raqqa, situé à 86 km au sud de Tall Abyad, est le principal bastion de l'EI en Syrie, pays ravagé par un conflit complexe où régime, rebelles, kurdes et jihadistes tentent de s'arroger des pans de territoire.

Ayant lancé leur offensive le 11 juin (bien 11 juin), les Kurdes encerclent désormais Tall Abyad et les jihadistes "n'ont pas d'issue pour s'enfuir", a ajouté ce responsable posté près la ville.

Cherfane Darwich, porte-parole d'un groupe rebelle combattant aux côtés des YPG, a fait état de "combats très violents" avec l'EI à la périphérie de la ville, précisant que 19 corps de jihadistes y gisaient.
"Passage vital" pour l'EI
La bataille de Tall Abyad a entraîné un nouveau drame humanitaire, avec la fuite d'au moins 16.000 personnes vers la Turquie toute proche. Après leur avoir interdit pendant plusieurs jours l'entrée sur son territoire, Ankara a rouvert sa frontière dimanche soir et de nouveau lundi à la mi-journée, permettant le passage de plusieurs centaines de réfugiés qui attendaient sous un soleil de plomb.

Cet exode a donné lieu à des scènes de chaos avec des parents terrorisés tentant, leurs enfants dans les bras, de forcer les barrières séparant la Syrie de la Turquie, selon un photographe de l'AFP.
Pour l'EI, Tall Abyad "est stratégique car c'est une ville frontalière où peuvent transiter l'équipement, les recrues et autres" destinés à Raqqa, explique Charlie Winter, spécialiste du jihadisme à la Fondation Quilliam à Londres.
Selon Mutlu Civiroglu, expert des affaires kurdes, Tall Abyad représentait "une plateforme financière et logistique", un "passage vital" pour l'EI. "Une fois perdue, ce sera très compliqué pour l'EI de faire passer ses combattants, de vendre son pétrole et autres marchandises qu'il trafique", détaille l'expert. En outre, souligne-t-il, Tall Abyad se trouve entre "les deux cantons kurdes de Jaziré et Kobané", qui ne sont désormais plus isolés.

Peur turque
Les forces kurdes rognent depuis trois mois les territoires de l'EI dans la province de Raqqa, qui fut un moment donnée complètement sous son contrôle.

L'avancée kurde suscite les critiques du président turc Recep Tayyip Erdogan, selon qui elle "pourrait conduire à la création d'une structure qui menace (nos) frontières".

Les YPG entretiennent des relations avec le PKK turc qui mène depuis des décennies une insurrection en Turquie et est considéré par Ankara comme un groupe "terroriste".

Pour Nihat Ali Ozcan, du groupe d'experts Tepav basé à Ankara, les critiques d'Erdogan s'expliquent par la peur de voir se développer le "sentiment séparatiste" dans le sud-est du pays. "Les Kurdes peuvent devenir une force hostile à la Turquie", assure-t-il.
Sur un autre front dans le nord de la Syrie, 23 personnes, dont sept enfants, ont été tuées par des obus tirés sur des quartiers contrôlés par le régime dans la métropole d'Alep, selon les médias officiels syriens.

Plus de 100 autres ont été blessées, dont la moitié sont des enfants, et la chaine officielle a montré un immeuble effondré, des enfants à la tête ensanglantée et des mères éplorées.
Et à Damas, l'émissaire spécial de l'Onu, Staffan de Mistura, s'entretenait avec les dirigeants syriens sur les consultations en cours pour trouver une issue au conflit qui a fait plus de 230.000 morts en quatre ans.
Source : Lorientlejour

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