Les hommes et les organisations suivent des règles. Parmi celles-ci se trouvent les moyens de les faire changer. C'est ce que constate l'anthropologie. Dommage que l'on ne l'ait pas compris. Nos changements réussiraient un peu plus souvent.
Parmentier fait planter un champ de pommes de terre. La troupe l’encercle. Voyant ceci, le peuple juge que la plante est de grande valeur. Il la vole. Ce que voulait Parmentier. Les sociétés obéissent à des règles. C'est règles sont ce que les anthropologues appellent "sa culture". Si on les connaît, on peut les faire changer sans efforts.
On peut aussi les utiliser pour les détruire. Le Roman des trois royaumes, une chronique de la Chine du troisième siècle, montre comment. On y voit des généraux placer leurs adversaires dans des circonstances qui transforment leurs forces en handicaps. Mais ce sont les Anglais qui ont été les maîtres de cette discipline. Ils ont utilisé les caractéristiques des sociétés qu’ils voulaient coloniser ou réduire à l’impuissance (l’Europe continentale) pour les transformer en chaos. De Chypre au Sri Lanka, en passant peut-être par l'Union Européenne, beaucoup de nos conflits actuels semblent venir de là. Cependant, la destruction n’est guère créatrice. On gagne peu à diriger une société en conflit. Sans compter que cela peut se retourner contre soi. Comme cela a été le cas avec la malencontreuse décision de l’Angleterre de réarmer l’Allemagne après la première guerre mondiale. C'est d'ailleurs peut-être pour cela que l'Angleterre veut quitter l'UE, aujourd'hui. Elle a été victime des changements qu'elle y a faits.
La suite de cette série s’intéresse aux techniques qui permettent d’utiliser la culture au bénéfice de l’intérêt collectif. Des techniques issues de l’anthropologie.
(LOUO, Kouan-Tchong, Les Trois Royaumes, Flammarion, 1992.)