Notre Président se propose de préciser cette semaine ce qu’il a commencé à exposer hier dans le domaine de l’Éducation Nationale. Je me contenterai donc dans l’immédiat de vous livrer quelques remarques sur la suppression de postes d’enseignants.
Cette décision ne vise pas à améliorer l’efficacité de l’enseignement. Elle est inspirée par des considérations comptables. Pour réduire le déficit de notre budget, il importe de diminuer les dépenses de l’État. Le poste de l’Éducation Nationale étant le plus important, on songe tout naturellement à y porter la faux. Comme n’importe quelle entreprise qui se respecte (enfin, ce n’est qu’une façon de parler), dès qu’il s’agit de faire des économies, on se tourne dans un premier temps vers les salaires (enfin, ceux de la troupe, pas des dirigeants) puis vers les postes. Et comme on a encore quelques répugnances à opérer des licenciements secs (et, dans notre cas, celui de la fonction publique, ce n’est guère possible), on procède d’une manière naturelle et dite indolore en ne remplaçant pas certains des partants. CQFD.
Ceci posé, il convient de vendre cette mesure au bon peuple. On commence par dire que les effectifs des élèves étant en baisse, il est naturel de diminuer ceux des enseignants. Si gouverner c’est prévoir, ceux qui ont présentement cette lourde charge feraient bien d’examiner l’évolution de la démographie. Depuis l’an 2000, le nombre des naissances a significativement progressé dans notre pays, qui se trouve désormais avec le taux de fécondité le plus élevé d’Europe. Ces enfants du nouveau siècle arrivent peu à peu à l’âge scolaire et leurs effectifs vont continuer à croître. Si l’on ne veut pas créer des intermittents de l’éducation, il serait sage de ne pas jouer à denteler la pyramide des âges des enseignants.
Ensuite, selon l ‘adage, quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage, on poursuit en disant que l’Éducation nationale est peu efficace et qu’il faut en améliorer le fonctionnement. Ceci est fort possible, peut-être même probable. Mais une politique responsable consisterait précisément à la réorganiser, à déterminer ainsi les postes qui pourraient être supprimés sans nuire à la performance globale. Alors qu’ici on préfère s’en remettre au juge de paix aveugle du calendrier des retraites : ici, six professeurs partants, trois postes supprimés, là aucun départ, aucune suppression. Quelle gestion avisée !
Enfin, la maxime ultime, aussi pertinente que le fameux travailler plus pour gagner plus, "diminuer la quantité mais améliorer la qualité". C’est exactement le contraire de ce que nous faisons en Afghanistan où nous augmentons sensiblement le nombre de nos soldats alors qu’évidemment nous pourrions faire porter nos efforts sur leur qualité.
Je laisserai le mot de la fin à la légende d’un dessin de Pessin dans le Monde daté d’aujourd’hui :
Si on peut faire mieux avec moins, essayons avec encore moins