La subtilité nécessite la référence. Il me vient à l’esprit une image du film « Le mépris » de Godard : Sur le toit solarium de la magnifique villa de Malaparte à Capri, le soleil s’étend sur le corps nu de Brigitte Bardot. Elle est allongée sur le ventre et seul, un livre cache l’intimité de son entre-jambe. Ce corps qui avait emporté l’adhésion des producteurs américains au financement du film :
- Pourvu qu’on voit son cul » furent leur ultime exigence.
De l’art cinématographique, ils s’en foutaient.
Godard répondit par un pied de nez ; un polar de la série noire le couvrait judicieusement. Et pas n’importe quel polar. On devine qu’il s’agit d’un roman de la série noire, « Frappez sans entrer[1] » de John Godey, au titre révélateur de l’esprit de Godard. Car ce bouquin n’a bien entendu pas été choisi au hasard. Tout un programme qui en dit un peu plus long sur la personnalité du personnage qu’incarne BB. Et si ce titre pareil évoque nécessairement un trait de caractère du personnage, il éclaire le talent du réalisateur ; du cul de Bardot on ne voit rien, il garde tout son secret et, qui plus est, la présence de ce livre-écran en augmente son mystère. Du coup, la nudité de l’actrice n’est en rien une manifestation d’un voyeurisme pervers que seuls pourraient évoquer des ignorants ou des religieux.Pour l’anecdote, Piccoli, galant, aurait retourné le bouquin afin que son titre soit illisible des spectateurs…
1 : Titre original « The Fifth House ». John Godey est le nom de plume du scénariste américain Morton Freedgood.