Depuis que j'enseigne, une chose me frappe. Dans une classe, je ne vois pas des individus, mais un comportement de groupe. Un exemple. Je donne des exercices à faire sur un blog. Cela inquiète. Quelqu'un finit par se lancer. En quelque sorte, il choisit une façon de faire l'exercice. Ce n'est jamais celle que j'attendais. Et il est immédiatement imité par le reste de la promotion. Si bien que, comme pour les meubles, chaque année l'exercice a un style nouveau.
Illustration de théories bien connues ? Le changement est provoqué par un leader. On le suit. "Validation sociale" dit Robert Cialdini : nous tendons à calquer notre comportement sur celui des autres.
Mais il y a plus subtil. Certains élèves, tout en suivant les règles que le groupe a fixées, parviennent à faire passer un message qui leur est propre. Une interrogation. Curieusement, c'est cette interrogation que j'attendais d'eux. Au fond, ils ont réussi à me parler sans pour autant sembler fausser compagnie au groupe.
Je reconnais là ce que j'ai observé dans l'art. Et particulièrement dans les sociétés à fort ritualisme, comme la Chine. Le grand artiste, ou même le grand penseur ou le grand scientifique, parvient à utiliser les règles sociales pour nous dire ce qui le trouble. C'est une remise en cause de la société, supposée apporter une réponse définitive aux problèmes de l'homme. C'est l'expression de la liberté ?