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Critique Ciné : The Guard, l'enfer de Guantanamo

Publié le 26 juin 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

The Guard // De Peter Sattler. Avec Kristen Stewart, Payman Moaadi et John Carroll Lynch.


Ce film, doté d’un tout petit budget d’un million de dollars a voulu nous démontrer la dure réalité de Guantanamo à sa façon. Plutôt que de nous offrir des plans aériens en tout genre et de nous en mettre plein la vue avec de l’esbroufe, le film cherche à nous plonger dans une sorte de semi-huis-clos assez prenant grâce au talent de son casting. Au début, The Guard commence comme un film typique sur une prison américaine connue pour détenir les criminels de la pire espèce, mais aussi connue pour ses mauvais traitements. Le film ne cherche pas tout de suite à faire de constat sur cette prison mais simplement de prendre le point de vue de Cole, une jeune femme pas comme les autres qui s’intègre différemment car elle cherche surtout à créer des liens et à comprendre les prisonniers. Le duo formé par Kristen Stewart et l’iranien Payman Moaadi est particulièrement bien mené. Le jeu des acteurs fait forcément le succès de ce film et ces deux là tissent des liens petit à petit alors que l’étau de Peter Sattler se ressert justement sur ces deux personnages, oubliant les autres. Cole devient un personnage de plus en plus solitaire jusqu’à la fin du film. The Guard ne veut jamais sortir des rangs, peut-être est-ce justement son défaut, n’offrant rien de très surprenant en termes de mise en scène mais sa sobriété est un atout lors des scènes de huis clos.

Décidée à rejoindre l’armée, Cole, jeune idéaliste, se retrouve affectée dans une prison militaire de haute sécurité. Entre les détenus hostiles, les coéquipiers agressifs, et les règles à faire respecter, son quotidien se révèle vite rude et violent. Sa bulle d’oxygène, c’est l’étrange relation de proximité qu’elle commence à nouer avec l’un des prisonniers. Mais à trop vouloir franchir les limites, Cole joue dangereusement avec le feu…

Si la relation entre Cole et ce prisonnier est important dans The Guard, le film veut aussi nous démontrer qu’il y a beaucoup plus que cette relation. C’est toute l’histoire d’une jeune femme, aka Cole, qui prend du sens dans ce film alors que la réalité du personnage va évoluer au fil de ses discussions avec le prisonnier. Doté d’un maigre budget, le film aurait pu être décevant et ne pas avoir les moyens de ses ambitions. Mais l’ambition derrière The Guard passe avant tout par les dialogues. Le choix des mots lors des confrontations entre les divers protagonistes est forcément quelque chose de très intéressant. On voit petit à petit Cole nous ouvrir son coeur alors qu’elle a tout d’une bidasse là pour garder le visage inexpressif. Mais elle, elle veut faire autre chose avec un système qui, pour elle, prend le problème à l’envers. Du coup, le script devient le personnage principal de The Guard avec une vraie notion d’efficacité que je n’avais pas du tout vu venir. On retrouve presque quelque chose de théâtral dans les dialogues, comme des grandes tragédies d’un temps passé. Au premier abord, The Guard a tout du petit film classique et puis finalement quand on creuse on se rend compte qu’il y a beaucoup plus que ce qu’il ne semble montrer.

D’un point de vue des relations entre les militaires, The Guard veut aussi nous montrer une vision complètement différente des choses : une femme, la seule, dans un milieu d’hommes. Cela passe alors par les bizutages (même si Cole veut montrer dès le début du film que c’est celle qui a le plus de cran dans ce film, notamment quand elle lève la main). C’est elle aussi se retrouve avec des corvées pas toujours très reluisantes, celles qui va être couverte des excréments d’un prisonnier, etc. Beaucoup ont beau critique le jeu de Kristen Stewart (la pauvre a eu le malheur de jouer dans la saga Twilight je suppose), elle a su se faire un véritable nom dans des films beaucoup plus en marges des blockbusters auxquels elle aurait probablement pu participer. Ses rôles sont choisi avec beaucoup d’intérêt : Sur la route, Sils Maria, et j’en passe. Que de films surprises qui ont réussi à la faire rayonner comme il se doit. Le défaut est peut-être les quelques longueurs qui viennent gâcher le plaisir d’un spectateur qui se laisse prendre petit à petit au jeu. Dommage que la fin du film soit aussi prévisible. J’aurais peut-être préféré une fin un peu moins convenu même si le charme opère également, fort de toute la relation tissée tout au long du film.

Note : 6/10. En bref, un semi huis clos surprise.

Date de sortie : 25 juin 2015 - Directement en DVD


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