Voilà, la semaine dernière, je vous avais proposé de commencer un cycle issu du livre de Pierre Larrouturou intitulé « Le livre noir du libéralisme »… Cette démarche peut
sembler curieuse de vouloir synthétiser un ouvrage. En fait, cela correspond aussi à un objectif somme tout assez égoïste en me mettant au clair avec certaines réalités économiques, par
prolongement, j’espère que cela permettra de « construire » un socle commun aux militants socialistes qui viennent me lire.
Au fond, je me retrouve complètement dans cette phrase : « Oui, il faut comprendre pour pouvoir agir ». Je me permettrai d’annoter chacun des chapitres, la technique de cette synthèse sera faite de reformulation et de passage repris dans l’ouvrage (Si l’auteur me lit, j’espère qu’il ne m’en voudra pas). C’est parti.
Préalable : Le livre noir du libéralisme se décompose en trois parties. 1. Le Livre noir du libéralisme 2. Construire une alternative 3. Qu’est ce qui bloque ? A noter que tous les chiffres (oui désolé mais c’est nécessaire) proviennent de sources dont on ne peut suspecter une quelconque obédience gauchiste (eurostat, OCDE, journaux économique…). Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à demander.
Préface par Michel Rocard.
« La science économique a dérivé et s’est recroquevillée pour n’être plus qu’une science de la circulation de l’argent »… « Il est moins que jamais admissible le monopole de ses réflexions de ses débats au seuls spécialistes, alors qu’on les découvre en train de jouer aux apprentis sorciers ».
Chapitre 1 : Dire la Vérité.
Deux mots me viennent naturellement à la lecture de ce chapitre mensonge et précarité et ces constats ne sont pas propre à la France.
Mensonges par omission ?
Deux exemples illustrent bien cette réalité. Celui des retraites dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles depuis plusieurs années qu’il nous faudra travailler plus longtemps or l’age moyen de départ en retraite est passé de 62 ans en 2001 à 60,8 ans au 1er semestre 2006. C’est un des paradoxes cachés de la Réforme Fillon, celle-ci a précipité les départs en retraite. L’autre conséquence est qu’en 2002 les caisses de retraite étaient à l’équilibre et qu’aujourd’hui elles accusent un déficit de plus de 7 milliards… belle réussite.
Le deuxième exemple est bien entendu celui du chômage. Celui-ci serait à son plus bas historique depuis 30 ans. Rien de plus commode d’arranger les statistiques, de sortir telles ou telles catégories, d’oublier les dispenses, de ne pas prendre en compte les RMIstes… avec ça on arrive à un minimum de 4,5 millions de personnes sans emploi.
Ces mensonges comme tant d’autres n’ont-ils après tout qu’une fonction, cacher une autre, la précarisation accélérée pour une très large majorité de nos concitoyens au profit d’une infime minorité déjà largement pourvue ?
Une explosion de la précarité.
A mon sens un indicateur peut traduire cette réalité (attention, je ne suis pas un spécialiste), l’évolution de la part des salaires dans le PIB (Produit Intérieur Brut), celle-ci a chuté de 11% en 25 ans. Ce phénomène n’est pas propre à la France, il est mondial. Cela se traduit par une autre réalité qui nous vient des Etats-Unis : entre 1979 et 2004, le revenu des 20% des plus riches a progressé de 69% contre 9% pour les 20% les plus pauvres (à titre anecdotique c’est 169% pour le 1 les plus riches…).
Cependant, et c’est plus grave, l’autre face de ce chiffre froid c’est l’explosion sans précédent de la précarité et de la pauvreté symbolisées dans le meilleur des cas par une augmentation sans précédent du temps partiel en France, aux Etats-Unis, au Japon… alors que Sarkozy n’a de cesse de vouloir faire travailler plus, ce n’est certainement pas le RSA ou les fameux emplois à la personne de Borloo qui inverseront la tendance. Au final des millions de travailleurs pauvres se voit imposer un temps de travail réduit (la durée moyenne du travail est inférieur à 34h aux USA… étonnant… grace/à cause de la multiplication des petits boulots). En Allemagne, plus de 6 millions de travailleurs sont à 15h/semaine et la loi Hartz du gouvernement Schröder a jéte des milliers d’allemand dans la pauvreté. Le salarié est non seulement précarisé dans son travail mais il l’est également dans son accès aux soins, dans son accès à l’éducation.
Autre conséquence des changements structurels de ce fameux PIB… un Etat qui a de moins en moins de ressources pour agir durablement et redistribuer plus équitablement les fruits d’une croissance ininterrompue depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Fin du premier chapitre et je vous prie d’excuser ce résumé partiel et partial. Je n’ai pas relevé la question de la flexibilité car elle est inhérente à la précarité et que d’autres indicateurs démontre qu’elle est déjà une réalité en France. D’ailleurs, les 35h ont permis d’étendre cette sacro-sainte flexibilité. Chapitre 2 dans quelques jours.