Hier soir, pour la 13e fois, j’ai remis un prix qui porte mon nom (eh oui !) et qui couronne un mémoire d’étudiant écrit dans une bonne langue française, orthographe, style, etc. Une gageure pour des matières qui sont plutôt truffées de mots anglo-saxons.
Je vous recopie ci-dessous le petit « speech » ( oui!) donné hier soir, après l’introduction de la Recteur Brigitte Chanoine… :
Merci, Madame le recteur Brigitte Chanoine.
Avant de vous donner l’appréciation du jury et le résultat du prix de cette année, je voudrais vous dire un petit mot des termes anglais qui s’installent dans notre langue française – et que nous assimilons – par exemple : quand ils désignent une chose souvent plus concise en anglais qu’en français.
Je vous en parle aussi parce que la langue anglo-saxonne est celle des finances, de l’informatique, des technologies nouvelles, de la communication, de la gouvernance. Celle dont on se sert beaucoup dans les domaines qui sont les vôtres ici à l’ICHEC.
Henriette Walter écrit ceci dans « L’aventure des langues en Occident » :
« Des mots nouveaux apparaissent pour désigner des réalités nouvelles, et d’autres meurent parce qu’ils n’ont plus d’utilité ou qu’ils n’ont pas su s’intégrer.
Il ne faudrait pas oublier qu’un emprunt, tout comme une création, constitue toujours un enrichissement et un renouvellement des possibilités d’expression.
Tant qu’il y aura des langues, elles continueront à échanger leurs mots sans craindre de perdre leur âme, car une langue qui vit est une langue qui donne et qui reçoit. »
Un exemple : le mot « entrevue » est devenu anglais dans « interview » et nous revenu dans cette orthographe et un sens plus restreint.
Cela dit, je fais encore une parenthèse pittoresque à ce sujet : 20 mots seulement ont pratiquement le même sens et la même orthographe hormis les accents en anglais et en français :
gangster (anglais), revolver (du latin par l’anglais), mafia (de l’arabe par le sicilien),
jazz (anglais), radio (du latin),
karaté (japonais), yoga (du sanscrit), sauna (finnois),
album (du latin par l’allemand), embargo (du latin par l’espagnol), hôtel (du latin par le français), virus (du latin), jockey (anglais), diesel (allemand), laser (sigle anglais), matador (de l’arabe par l’espagnol), motel, paranoïa, radar (sigle anglais), taxi (du grec par l’allemand), télex,
libido (du latin par l’allemand) ;
Les autres sont de faux-amis et parfois modifient notre langue : comme attractif pour attrayant, challenge pour défi, compliqué pour difficile, opportunité pour occasion, etc.
Surtout ne jamais oublier que si nous avons un socle solide pour la langue, comme pour d’autres domaines d’ailleurs, nous sommes libres d’évoluer, d’adapter, de métamorphoser… Et nous pouvons créer tous les jours.
Venons-en au Prix 2015 et aux appréciations du jury, que je remercie :
Martine Meersschaut, Solange Simons, Laurence Lievens et Christophe Georis.
Une unanimité s’est faite assez rapidement sur un mémoire dont les tournures de phrases nous ont plu ;
parfois on y a senti une sorte de forme poétique, comme ceci : « La frilosité des pourvoyeurs de fonds ».
Et cette phrase aussi – avec les mots proches d’Arthur Rimbaud : « Avoir une illumination n’est que la première ligne d’un long récit, et rares sont les entrepreneurs qui réalisent seuls leurs ambitions »
Des phrases choc aussi et efficaces comme : « Une histoire ancienne, un intérêt récent’!»
Voici le titre anglo-français du mémoire, dont la citation en exergue est de Picasso et dont le promoteur est Mme Valérie Kinon.
Il s’agit de « Business Angels et valeur ajoutée : une confrontation de la littérature avec le terrain ».
Le prix cette année est attribué à Nicolas Gaillard.
Voici de superbes beaux-livres offerts par la région de Bruxelles-Capitale.
Auxquels nous avons ajouté deux romans tout juste sortis et que vous pourrez dévorer et partager dans les vacances méritées !