#FMI #Grèce #Raffarin #UE
Mercredi 01 Juillet 2015 à 14:30
Magazine MarianneRaffarin touché par la grâce ! Invité ce matin sur les ondes de France Inter, le sénateur s'est démarqué de certains de ses petits camarades de jeu de l'ex-UMP, appelant notamment à la "solidarité" européenne avec la Grèce. Plus surprenant encore, l'ancien Premier ministre, tenant du "yes" contre le "no" lors du référendum sur le TCE, s'est dit choqué que le FMI, "une force extérieure", impose ses choix à l'intérieur de l'UE. Une redécouverte inopinée de la notion de souveraineté !IBO/SIPADans cet exercice de ball-trap sur ce « vilain petit canard » de Tsipras qui, pour les négociateurs de l’ex-Troïka, réalise une triple faute — se rabaisser à tenir ses promesses de campagne, avoir le culot de s’opposer avec vigueur aux injonctions de casse sociale et, pour finir, péché suprême parmi les péchés, demander par référendum ce qu’en pense au juste le peuple grec —, il arrive que certains soient soudainement touchés par la grâce. C’est ce qui semble s’être passé ce matin, sur les ondes de France Inter, avec Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne et ancien Premier ministre de Jacques Chirac.Rassurons-nous, il n'a pas pris sa carte à Syriza, ne s'est pas transformé non plus en tribun appelant le peuple grec à voter contre le plan de « sauvetage » proposé par les créanciers à la Grèce. On le sait depuis le référendum de 2005 sur le TCE et son fameux « Win, the “yes” needs the “no” to win against the “no” » (sur lequel des traducteurs planchent encore), Raffarin est plutôt du grenre à voter « yes » et « re-yes ». En revanche, sa réaction au traitement qui a été infligé à la Grèce est une (heureuse) surprise. Rappelant que « les Grecs ont fait plus d’efforts que les Français » (Thomas Piketty faisait le même constat hier face à Jean-Jacques Bourdin), Jean-Pierre Raffarin s’est nettement démarqué de certains de ses petits camarades de l’ex-UMP qui ne voient dans la Grèce qu'un pays de dangereux « ir-res-pon-sa-bles ». Le sénateur considère d'ailleurs que bouter la Grèce hors de la zone euro « serait une catastrophe » car, explique-t-il, « nous rentrerions dans la spirale de l’échec de la construction européenne. »Mais il y a mieux. Réagissant à une question d’un auditeur sur l’intransigeance du FMI face aux demandes grecques, Raffarin, dans une prise de position à laquelle on ne s’attendait pas, a expliqué qu'« une force, aussi légitimite soit-elle que le FMI, extérieure à l’Europe, pourrait pouvoir agir sur les règles intérieures de l’Europe. Ça me choque. » Et de se répéter, au cas où : « C’est toujours un peu choquant de se dire que c’est une force extérieure qui va imposer des comportements qui impactent l’intérieur de l’UE ». Une critique, toute en diplomatie certes, du chantage qu’impose le FMI à chaque fois qu’il intervient dans un pays, un chantage que l'on pourrait résumer ainsi : « Vous voulez de l'argent ? Nous voulons des “réformes structurelles” ! »Espérons que Jean-Pierre Raffarin passera le message à sa camarade... Christine Lagarde. Espérons également que, dans sa redécouverte de la notion de souveraineté, il ne participera pas au concert de critiques acerbes qui ne manqueront pas de s’abattre sur la Grèce en cas de victoire du non. Car ce serait alors bafouer, pour le coup, une autre souveraineté : la souverainté populaire grecque.http://www.marianne.net/raffarin-c-est-choquant-que-fmi-impose-comportements-qui-impactent-ue-100235118.html