Une Seconde Mère // De Anna Muylaert. Avec Regina Casé, Michel Joelsas et Camila Mardila.
Une Seconde Mère est un film à fois drôle et touchant, sur l’histoire d’une femme dont la vie est misérable mais qui se laisse faire. J’ai beaucoup aimé le personnage de Val et la façon dont elle dit amen à tout sans se rendre compte qu’elle est en train de ruiner sa vie, sa relation avec sa propre fille et bien d’autres choses encore. Si au départ Une Seconde Mère ressemble plus au récit de Val ou bien de Val et de sa fille, ce n’est pas du tout le cas. En effet, l’histoire d’Une Seconde Mère est plutôt celle de la relation entre Val et le fils de sa patronne, Fabinho. Ce dernier aime plus Val que sa propre mère. C’est ce qui créé petit à petit une véritable jalousie et un mal-être que Val semble complètement occulté depuis des années. Elle ne remarque pas que sa patronne est détestable avec elle, qu’elle la traite comme une moins que rien. L’arrivée de sa vie, Jessica, va bouleverser la vie de tout le monde et pas seulement de Val. C’est une occasion de permettre petit à petit à Val de prendre conscience de ce qu’elle est en train de rater : à la fois sa fille et sa propre vie. Tout au long de ce film, les répliques sont bonne avec une Regina Casé nature.
Depuis plusieurs années, Val travaille avec dévouement pour une famille aisée de Sao Paulo, devenant une seconde mère pour le fils. L’irruption de Jessica, sa fille qu’elle n’a pas pu élever, va bouleverser le quotidien tranquille de la maisonnée…
Et justement, Regina Casé est le point fort de ce film. Sans elle, Une Seconde Mère n’aurait pas été aussi drôle et sincère. Elle est tellement naturelle dans sa façon d’incarner Val que l’on pourrait croire que c’est la mère de n’importe qui. Anna Muylaert est pour moi quelqu’un de tout nouveau étant donné que je n’ai vu aucun de ses films (même L’année où mes parents sont partis en vacances qui a traversé l’océan en 2006). En tout cas, Une Seconde Mère vient surtout prouver que le cinéma chez les brésiliens cela peut aussi être bon. Ce film est particulièrement bien ancré dans sa société. On retrouve donc les grandes disparités sociales qu’il y a au Brésil : ceux qui sont riches et dont l’argent restent sans savoir quoi en faire (le patron de Val a hérité et vit comme un rentier) et puis les plus pauvres qui doivent travailler pour s’en sortir. Mais c’est aussi un film qui raconte que les brésiliens veulent s’en sortir (la femme a beau avoir un mari qui a de l’argent, elle travaille et puis la fille de Val, Jessica, aimerait bien réussir son concours pour entrer en université d’architecture). C’est d’ailleurs avec Jessica que l’on voit le vrai contraste qu’il y a entre les gens. D’un côté Jess va réussir et de l’autre Fabinho va rater son examen.
L’autre avantage de Une Seconde Mère est d’avoir réussi à en faire un presque huis-clos. Il y a quelques échappées de cette grande maison mais globalement, celui-ci se déroule totalement dans l’enceinte de cette maison. Même quand la fille de Val s’enfuit à la fin du film, Val ne sort pas et l’on ne la suit pas, on reste au loin afin de ne pas voir un seul bout de la rue. C’est ce genre de scènes qui font aussi la force de la mise en scène de la réalisatrice. Elle maîtrise à merveille son sujet et sa façon de voir les choses. L’architecture est elle aussi très présente avec énormément de plans géométriques (beaucoup de géométrie dans la maison, dans les immeubles dont un que le patron va visiter avec Jessica, etc.). Mais il y a aussi des réalités complètement différentes sur un pays qui est finalement en train de partir en lambeaux sur certains plans et qui prospère sur d’autre (la construction est un domaine d’avenir alors que le pays se développe de plus en plus) mais aussi sur un système que l’on ne peut que critiquer pour eux. Multirécompensé (Festival de Sundance, Festival de Berlin, etc.), Une Seconde Mère est donc une agréable petite surprise presque sortie de nulle part car je ne m’attendais pas du tout à retrouver cela de cette façon.
Note : 8/10. En bref, une comédie dramatique fraîche.