Voici un livre extraordinairement horripilant. L'auteur déverse sa haine des USA à chaque page. C'est insupportable. Pourtant c'est un ancien ambassadeur. J'aurais attendu un peu de mesure d'un diplomate. D'autant que sa hargne nuit à sa cause. Et que le livre est cinq fois trop gros. Au moins.
Sur le coup j'ai été déçu de ne rien apprendre de neuf. Puis je me suis rendu compte que c'était cela qui donnait sa puissance à la démonstration. En fait, on découvre que ce que font aujourd'hui les USA, de manière apparemment brouillonne, a d'anciens antécédents. On le retrouve, noir sur blanc, dans des discours officiels.
Depuis longtemps, les USA voient le monde en triple. Il y a l'Ouest, le bien, et l'Est, le mal. Et au milieu une zone tampon. Le "grand moyen-orient". Cette zone doit être maintenue à l'état de chaos. Curieusement, le livre pense que cette idée vient de la théorie de la complexité, alors que les livres de management en sont pleins. (Chaos = marché. On peut aussi penser au diviser pour régner anglais.) Les printemps arabes, la crise ukrainienne auraient été instrumentalisés par les USA. Les réseaux sociaux, et des utilisateurs qu'ils auraient formés, leur servant de chevaux de Troie. Dans ce combat, les USA seraient les alliés de fait des Saoudiens et Qataris. Tous rêvent de transformer cette zone tampon en une myriade d'émirats en guerre les uns avec les autres. L'alliance n'est pas aussi contre nature qu'on peut le croire. Car les USA sont un Etat religieux. Or, les pays à détruire (Irak, Egypte, Libye, Syrie, Tunisie...) ont en commun d'être laïcs. L'auteur présente aussi les USA comme étant cul et chemise avec Israël. Ses arguments laissent plutôt entendre que l'Américain considère le Juif comme un idiot utile. Ou comme un proto humain. L'idée du sionisme remonterait aux puritains de Cromwell. Les Juifs en Palestine c'est l'avènement de Dieu. Les dits puritains, aujourd'hui néoconservateurs, auraient amené cette idée aux USA. (Ce que confirme d'ailleurs The Economist.) De plus, Israël serait vu comme un facteur de discorde pour le Moyen-Orient. Il l'empêcherait de s'unir. Finalement, droits de l'homme, en particulier droit d'ingérence, ONG et autres sont les armes que l'Occident utilise pour disloquer le monde.
Mais la résistance inattendue de la Syrie aurait mis à mal ce plan machiavélique. L'administration Obama aurait rejoué le coup de l'Iraq, en accusant la Syrie d'utiliser des gaz mortels. (Ils auraient été employés par des rebelles.) Il y aurait eu tentative de test, par l'armée américaine, des défenses antimissiles de la Syrie. Il aurait échoué. Des navires russes auraient fait barrage. Après quoi M.Poutine aurait choisi de sauver la face de M.Obama en demandant à la Syrie de faire amende honorable.
La France ne sort pas grandie de l'ouvrage. Là aussi, rien de nouveau, mais rassemblé, ce n'est pas très beau. Au début, il y a de Gaulle. Initialement la France est le soutien d'Israël. De Gaulle coupe les ponts en 67. Les USA prennent le relais. Grande politique arabe de la France. Originalité mondiale. Pompidou et Giscard poursuivent. Arrive Chirac. Seconde guerre d'Iraq. Pour réparer l'affront qu'il a fait aux USA en s'opposant à la dite guerre, notre gouvernement va devoir, quasiment, se prostituer. Et se faire l'exécuteur des basses œuvres des USA. Puis arrive Sarkozy, égal à lui-même. Tourbillon d'incohérence. Et, plus surprenant, les socialistes. Eux sont les meilleurs élèves de la classe, plus royalistes (impérialistes ?) que l'Anglo-saxon. D'ailleurs, nombre de nos ministres, et notre président, sont passés par un programme d'amitié franco-américain.
L'auteur prédit le déclin de l'Empire américain. Prend-il ses désirs pour des réalités ?