Réalisation : Jean Rouch, Edgar Morin
Scénario : Edgar Morin, Jean Rouch
Genre : Documentaire
Sortie en 1961
Nationalité : Français
Studios de production : Argos Films
Avec Edgar Morin, Jean Rouch, Angelo, Régis Debray, Landry, Marceline Loridan-Ivens, Marilù Parolini
Chefs opérateurs : Raoul Coutard, Michel Brault
Durée : 85 minutes
Noir et Blanc, 16 mm
Prix de la critique au Festival de Cannes en 1961
Jean ROUCH (1917-2004) est un cinéaste et ethnologue français, pionnier de "l'anthropologie visuelle". Il est allé en Afrique, dans les tribus, alors qu'il était ingénieur des travaux publics. Il a également suivi des cours d'ethnologie. Chronique d'un été est son cinquième film.
Edgar MORIN (né en 1921; cf. vidéo à droite ci-dessous) est un sociologue et philosophe français. Il a été directeur de recherche émérite au CNRS.
Extrait du début du film (éditions montparnasse) :
Durant l'été 1960, Jean Rouch et Edgard Morin discutent d'un film à faire, un film qui interrogerait la société française. Ils lancent dans les rues deux jeunes filles avec pour mission de demander aux passants s'ils sont heureux. Certains les insultent, d'autres rient ou fuient, mais beaucoup se prêtent au jeu. Le film se concentre ensuite autour d'une poignée de personnages qui, chacun à leur manière, répondent à la question : " Comment faites-vous avec la vie ? " De leurs discussions émerge peu à peu un portrait d'une France à cheval entre deux décennies, entre deux moments de son histoire.
Ce film documentaire ne m'a pas plu, même s'il recèle beaucoup de choses intéressantes sur la société française du début des années 1960. Ce retour en arrière est impressionnant car cela permet de connaître les problèmes de l'époque par ceux qui les ont vécu (certains de ces problèmes n'ont pas totalement disparus de notre société) et surtout de mettre en relief avec Mai 1968 qui se déroule sept ans après ce film !
J'ai adoré le début où deux protagonistes femmes demandent aux gens s'ils sont heureux. Les réactions ne m'étonnent pas : certaines les envoient promener, d'autres leur répondent oui et d'autres encore non. C'est une question centrale et elle m'intéresse beaucoup. Cela m'amuserait de refaire la même chose aujourd'hui !
"Ce film n'a pas été joué par des acteurs, mais vécu par des hommes et des femmes qui ont donné des moments de leur existence à une expérience nouvelle de cinéma-vérité" expliquera Jean Rouch. Les vies des personnages sont normales à première vue et surprenantes au fur et à mesure qu'on avance. Par exemple, on voit un numéro sur le bras de Marceline sans que cela soit expliqué puis elle raconte par la suite, place de la Concorde à Paris, ses retrouvailles avec son père dans un camp de concentration où elle a été déporté. Un des portraits frappants est aussi celui de Marilù Parolini, une immigrée italienne déprimée. On la voit trembler, pleurer devant la caméra, ce qui est très touchant et en tant que cinéphile je me suis interrogée car elle s'est énormément libérée devant la caméra alors que, dans les documentaires en général, ce sont des gens non habitués à parler devant la caméra et ils en sont souvent intimidés ou gênés. Marilù, non. Qu'elle s'en sorte est seulement suggéré car à ce moment-là on a seulement les images et pas de commentaires en voix-off. Il y a également l'ouvrier de Renault, Angelo, que j'arrive à bien comprendre car j'ai moi-même travaillé en usine quelques mois et je sais quelles sont les conditions de travail et le ressenti face à ce type de travail : la monotonie et le fait de se sentir "comme une machine".
Sources résumé et photo : dvdclassik