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Paso Doble n°76 : Soupe épaisse au P.S

Publié le 04 juin 2008 par Toreador

A las cinco de la tarde…

Qui peut se targuer de comprendre la campagne qui s’est engagée au P.S ? Royal, Delanoë, Aubry, les liaisons dangereuses. Qui soutient qui et qui est avec qui ? Petite plongée dans le monde de la rue de Solférino.

Le PS passe le bac

La première chose à retenir c’est que les camps n’ont pas de consistance idéologique. Ne cherchez donc pas un débat classique aile droite/aile gauche à l’heure où le PS se préoccupe plus d’« idées » que d’idéologie. Entre Royal et Delanoë, les différences sont essentiellement sémantiques, même si certains blogueurs arrivent à ratiociner et distinguer la Jacobine du Girondin.

Le véritable enjeu pour les « vrais » présidentiables du parti (DSK en tête) est de faire en sorte que le poste de Premier secrétaire ne soit pas occupé par quelqu’un qui pourrait leur savonner la planche. Ils s’essaient donc soit à le conquérir, soit à y mettre à la place un fidèle. Le poste de Premier secrétaire, c’est comme le bac : l’avoir ne sert à rien, mais sans lui on ne peut pas passer à l’étape d’après.

Deuxième problème : nul ne connait véritablement les rapports de force, ni les troupes que chacun est capable de contrôler, ce qui ajoute à la pagaille générale.

TSRD (Tous Sauf Royal et Delanoë)

Paso Doble n°76 : Soupe épaisse au P.S
Actuellement, toute la préparation du futur Congrès est orientée par l’opposition Delanoë/Royal.

Royal a pour atout la légitimité d’avoir incarné la Gauche en 2007. Mais c’est aussi sa principale faiblesse : les fabiusiens, les strauss-khaniens, beaucoup sont ceux qui ne veulent surtout pas d’elle au poste de Premier secrétaire.

Delanoë a pour lui d’avoir de l’argent, et quelques fédérations (notamment Paris). En revanche, sa monétisation comme présidentiable reste à prouver.

D’où l’apparition d’une alliance hétéroclite : les reconstructeurs. Ces derniers, même s’ils ont adopté une « déclaration de principes », n’ont pour point commun qu’une volonté de ne pas laisser Delanoë ou Royal accéder à la charge de premier secrétaire. Trois pôles composent ce « marais » : 1/ Les strauss-Kahniens 2/ Les fabiusiens 3/ Les ex-NPS (Montebourg). Un clivage idéologique traverse les reconstructeurs : les séquelles du référendum sur le Traité constitutionnel, les uns l’ayant défendu, les autres combattu. De plus, le problème des strauss-khaniens est qu’ils sont divisés sur la stratégie à suivre : Cambadelis s’oppose à Moscovici, qui voulait présenter une contribution et une motion pour se compter, sans compter les ex-rocardiens dont on ne sait exactement ce qu’ils veulent. DSK n’a pas su trancher : il soutient la stratégie de Cambadélis mais aussi la candidature de Moscovici…

La mise en orbite de Martine Aubry par Cambadelis ce week-end s’apparente donc à un double coup : premièrement, tuer dans l’oeuf la campagne de Moscovici (qui ne s’y est pas trompé). Deuxièmement, sceller l’alliance entre Fabiusiens et Strauss-Kahniens. Aubry est en effet respectée par tous. Cependant, son caractère difficile la fera haïr rapidement, pense-t-on, le temps pour DSK de revenir.

L’aile gauche du P.S est quant à elle éclatée : les fabiusiens sont dans le camp des reconstructeurs, Hamon et Emmanuelli ne s’entendent pas, et Melenchon est isolé (mais cela ne l’empêche pas de participer au Congrès des réformateurs !). Quant à l’aile droite (Valls), on ne sait trop si elle soutient ou non Moscovici (prêt à faire du pied au Modem). Enfin, pour être complet, se positionne une quatrième force : les élus de terrain « locaux » veulent faire entendre leur voix, Colomb en tête. On se souvient que Colomb avait soutenu Royal, et il s’agit peut-être d’une diversion pour affaiblir Delanoë.

Plastic Bertrand

On le voit, le rejet de Segolène Royal est la véritable force motrice du Congrès. Delanoë ne souffrant pas de la même perception négative, la situation lui profite : une partie des troupes strauss-khaniennes finira sans doute par se rallier à lui, sauf si Martine Aubry parvient à véritablement fédérer les reconstructeurs. Restera la problématique de l’aile gauche qui pourrait soutenir in fine la candidature d’Aubry (sur le mode: plutôt Aubry-Peste que Delanoë-Choléra), mais je n’y crois pas vu les récentes déclarations favorables au Modem de la maire de Lille. L’autre solution serait de participer en ordre dispersé au Congrès, ou quitter le P.S pour devenir l’aile droite du futur parti d’extrême-gauche qui est en train de se coaguler autour de Besancenot and co.

A titre personnel, mon instinct m’aurait plutôt fait dire que Moscovici serait choisi, mais rationnellement, il y a de fortes chances que Delanoë soit le prochain Premier secrétaire...

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