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Breaking Bad - Saison 1

Publié le 04 juin 2008 par Blabla-Series

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Grisly and wacky, suspenseful and sorrowful, this darkly compelling cautionary fable of very abnormal chemistry is infused with a Coen Brothers-like flavor of macabre humor.

Drame -  Vince Gilligan (The X-Files)Diffusion AMC
Series Premiere - 20 janvier 2008
Saison 1 achevé - Saison 2 à venir
Format 50 mn - 13 épisodes

Cast
Bryan Cranston (Malcolm in the Middle), Anna Gunn (Deadwood), Aaron Paul (Big Love), RJ Mitte, Dean Norris.

Show Synopsis
La vie de Walter White, professeur de chimie dans un lycée, est bouleversée lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer en phase terminale. Une nouvelle qui le sort de la torpeur de son quotidien et l'amène à prendre des mesures radicales pour anticiper l'avenir de sa famille, Walt décidant alors de mettre en place un laboratoire d’amphétamines illégal mais productif.

Critique
Avec le pitch de Breaking Bad, on s’attendait plus ou moins à une vision masculine de Weeds, un univers du deal et de la drogue davantage aseptisé que celui que l’on peut retrouver de manière très réaliste dans The Wire. C’était sans compter Vince Gilligan, créateur de la série et réalisateur de talent qui misa sur une réalité de terrain déconcertante et permit un propos sur le cancer innovant et dévastateur.

Walter White, l’antihéros par excellence, un code narratif classique mais efficace

Walter White est le personnage majeur de Breaking Bad, quinquagénaire ordinaire et responsable, professeur de chimie dans un lycée modeste, vendeur dans une station service pour les fins de mois difficiles, Walter a une vie rangée mais peu aisée, une épouse aimante et enceinte par miracle, un enfant handicapé qu’il tente de soutenir au mieux.  Sa vie déjà difficile va devenir plus compliquée lorsqu’il apprendra sa maladie.
Le portrait fait du protagoniste est un portrait bouleversant, tant Bryan Cranston incarne avec brio cet homme simple et renversant. C’est un portrait juste et véritable, Walter White est montré comme un homme moyen, dans ses pires moments, le regard porté sur lui est loin d’être flatteur et tente au mieux de reconstituer ce quotidien bouleversé par cette nouvelle accablante. Le téléspectateur est rapidement touché par cet évènement tragique, s’identifie au personnage et à cette peur de laisser toute une famille en difficulté.
Dans Breaking Bad, l’identification et l’empathie est facile, un père gravement malade, une épouse dévouée enceinte jusqu’aux dents, un fils autiste handicapé, la compassion est aisée et évidente.
Walter White est l’antihéros par excellence, un peu gauche, toujours maladroit, mauvais menteur, son côté anti-héros est confirmé par ses difficultés à gérer la fabrication et la vente d’amphétamines, cela pique notre curiosité et apporte un peu de dérision à la série. L’écriture de Breakind Bad de surcroît est simple, fluide, plutôt subtile, aidé sans être placé sous tutelle, le spectateur est amené naturellement à se prendre d’intérêt pour le personnage et sa famille.

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Une vision du cancer innovante et désarmante
Si Breaking Bad était la série must-see de ce début d’année, c’était avant tout pour la vision qu’offrait la série sur le traitement du cancer. De manière pudique ou dérangeante, le regard porté sur l’apparition brutale du cancer s’avère juste et authentique, la série permet de suivre une évolution certaine et manifeste de la maladie, qui s’illustre par de nombreux détails, détails toujours confectionnés avec attention par la série et qui ne se résument pas aux traditionnelles pertes de cheveux et nausées habituelles.
Mine de rien, Breaking Bad nous fait comprendre que le cancer est encore un sujet tabou à la télévision et très peu présent dans les séries de ces networks trop frileux, pour ne pas dire inexistant –après tout, l’exemple de Lynette dans Desperate Housewives par son irréalisme est un peu maigre. Ici, le cancer est traité de manière réaliste -déconcertante et s’accompagne d’un ensemble de scènes pénibles mais sincères, crues mais nécessaires, dénuées de pathos et de sentimentalisme suranné.
Dans Breaking Bag, le cancer du héros est le décor de fond de la série, surgissant inopinément dans la vie quotidienne du héros et entraînant un traitement aux conséquences toujours soudaines, dérangeantes et crédibles, voilà l’intérêt majeur du show ; le rapport que Walt entretient avec sa maladie et ipso facto, avec sa famille et réciproquement d’ailleurs, permet une thématique passionnante, simple mais fascinante. L’évolution de leurs liens est saisissante, très émouvante, chacun essayant de combattre sa propre pudeur face à la maladie.
Cependant, malgré un sujet tragique, la série ne cède jamais à une mise en scène indigeste et pathos, le ton employé de la série tantôt dramatique, tantôt caustique, permet un recul certain par rapport aux épreuves de notre antihéros.

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Une première saison étonnante, complexe, riche … mais inégale

Malgré un nombre faible d’épisodes, Breaking Bad a su marquer les esprits, exploitant un thème fort avec une grande habileté, la série profite surtout de l’atout Cranston au talent dramatique incommensurable. Pour cela, la série assume parfaitement son caractère sérieux voire tragique et s’en accommode parfaitement.
Elle réussit toutefois à tirer parti d’un humour noir affûté, particulièrement efficace,  ce qui permet de dédramatiser le propos majeur du show et/ou d’ajouter une épaisseur supplémentaire, une complexité à un sujet jusque là inexpérimenté. Le héros lui-même se charge de ces deux dimensions antagonistes, et c’est à travers cette difficile combinaison, mais brillamment maîtrisée, que tout le talent de Bryan Cranston est visible, l’acteur réussissant avec un naturel désarmant à émouvoir et à faire rire de lui-même.

Cependant, la saison de Breaking Bad a été inégale et l’évolution narrative, parfois en dents de scie. Après un début cataclysmique, le milieu de la série manque de dynamisme et à travers quelques épisodes décousus, peine à faire avancer son intrigue, apparue dès la fin du series premiere.
De plus, la vision très sobre que la série a su développer notamment à l’égard de cancer ou par ce portrait de famille authentique, est un peu entachée par l’univers de la drogue, trop présent, trop hostile, il représente un contraste trop important par rapport à la dimension intimiste et pudique de la série, les mauvaises fréquentations de Walt prenant parfois le pas sur ses relations familiales.
Heureusement, cet arc narratif permet la réunion de Walt et Jesse, un duo détonnant, finalement complémentaire,  Jesse est un personnage important de Breaking Bad, en dépit du charisme fort de Bryan Cranston, Aaron Paul s’en sort très bien à ses côtés, Jesse est un personnage haut en couleurs, consistant et imposant, il permet d’apporter une touche de dérision à  la série, entre autres choses, et sa propre histoire, pour le moins intéressante, mériterait pour la seconde saison qu'on s'y attarde davantage.

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Conclusion ?

Bénéficiant ainsi d’une ambiance très dérangeante, mêlant la famille, la vie, la mort, comme un seul et unique thème, Breaking Bad a des airs de Six Feet Under, notamment dans l’évocation de ces thématiques spirituelles indissociables. Mais moins cynique, moins déjantée, plus rationnel que le majestueux Six Feet Under, Breaking Bad est une série plus convenue aux mécanismes classiques et aux défauts habituels ; cependant son réalisme édifiant et sa mise en scène brutale et secouée lui confèrent une empreinte singulière et un propos de qualité fort louable. A voir très vite.

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