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Critique Ciné : Les Jours Venus, société en décadence

Publié le 13 juillet 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Jours Venus // De Romain Goupil. Avec Valeria Bruni Tedeschi et Marina Hands.


Romain Goupil revient 5 ans après Les Mains en l’Air, un film de SF avec Valeria Bruni Tedeschi qu’il retrouve une nouvelle fois devant sa caméra pour Les Jours Venus. Ce qui aurait clairement pu faire un très bon film est un film complètement décousu, qui ne parvient pas à séduire. Je ne suis peut-être pas suffisamment ouvert au cinéma de ce réalisateur (dont je n’ai vu que son précédent film) mais l’on retrouve un peu le même style qui n’avait aussi un peu décontenancé. L’avantage de ce film est surtout d’être doué d’une vraie autodérision qui sait se moquer. Le seul problème c’est que ce n’est pas fait de la façon la plus intelligente qu’il soit. On se retrouve alors avec un scénario qui manque cruellement d’idées et de répliques qui font mouche. Tout ce qui se passe là dedans manque donc de saveur, laisse l’impression âpre de manger un yaourt après la date de péremption. Le style a beau être là, ce n’est pas vraiment le meilleur qu’il soit ou en tout cas pas celui que j’attendais. Le côté décousu du film aurait pu faire son succès jusqu’à ce que finalement il ne ressemble qu’à un rassemblement d’idées que j’ai vraiment eu du mal à cerner car il n’y a pas de ligne de conduite, juste des scènes qui s’enchaînent et c’est au spectateur de faire les liens.  

Le jour venu où vos enfants regardent votre passé comme si vous aviez fait Verdun. Le jour venu où une lettre administrative interroge votre âge et votre statut et vous pousse vers la retraite. Le jour venu où votre dernière idée de scénario ne se transforme pas en film. Le jour venu où votre nouvelle banquière vous convoque impérativement. Le jour venu où vous vous souvenez de votre rencontre avec Elle pendant la guerre à Sarajevo. Le jour venu où vous commencez toutes vos phrases par « avant ». Le jour venu où tout votre temps se décompte, les enfants grandissent, vos parents faiblissent. Le jour venu où vous rencontrez une jeune femme qui aime les vieux : les vieux mariés.

L’avantage ici est aussi de parler de sujets graves avec humour. C’est quelque chose qui là aussi aurait pu être intéressant avec des répliques différentes et un style peut-être un peu plus farfelu. Car Romain Goupil semble vouloir faire passer son originalité dans son découpage du film particulièrement anarchique. Si vous lisez mes avis critiques sur le cinéma, vous avez certainement remarqué que je suis un peu moins hermétique à tout ce qui est fait pour lécher les pieds d’une critique bobo parisienne qui se regarde le nombril. Car je me suis dit, si cela plait à ces gens tant mieux pour eux. Sauf que justement, ce film est presque nombriliste dans la façon dont il semble ridiculiser le donneur de leçons simplement par complaisance. C’est bête car je suis persuadé qu’avec un peu plus de subtilités et de légèreté, le film aurait pu être tout autre. Et surtout beaucoup plus plaisant, sans devenir con. Ce qui fait aussi le « succès » (si l’on peut parler de succès) plus critique que public c’est le fait que Romain Goupil ne veut pas donner son propre point de vue sur l’histoire et offre donc au spectateur la chance d’en cerner plusieurs points de vue. L’écriture n’est pas suffisamment solide pour tenir la roue ici et c’est dommage.

En prenant une partie de la vie que Romain Goupil a connu il y a des années de ça, il porte un regard parfois aussi un peu désuet. Si cela peut être pris pour quelque chose de charmant, ce n’est pas vraiment le cas dans Les Jours Venus. Le souci c’est que j’ai énormément eu de mal à cerner ce que le film pouvait faire de toutes ces idées qu’il a voulu mettre, comme s’il avait peur que le film manque de telle ou telle réflexion sur une société qui n’est plus vraiment la même que celle qu’il veut dépeindre. Je me demande aussi s’il a appréhendé sur le terrain les réalités actuelles. Il y a des rapports intéressants mais le traitement est surtout très superficiel (notamment l’emploi) alors que sur le terrain les choses sont très différentes (enfin, de mon point de vue). Je ne remets pas en cause Romain Goupil qui a certainement fait ses petites recherches à lui mais ce n’était pas suffisant. Je crois que ce cinéma là n’est pas fait pour moi. Loin de moi l’envie de le critiquer sur son côté bobo, juste sur son manque cruel de liant. Quand je vais au cinéma, je n’ai pas envie me faire servir un plat comme dans une cantine scolaire où tout peut être mélangé dans la même assiette sans que le goût final ne soit changé.

Note : 3/10. En bref, réflexion ratée à cause d’un mélange d’idées mal agencées.

Date de sortie : 4 février 2015


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