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New Horizons : en attendant les images du survol, Pluton et Charon en fausses couleurs

Publié le 15 juillet 2015 par Pyxmalion @pyxmalion
Beaucoup de joie et de soulagement au centre de contrôle de la mission New Horizons lorsque la sonde « appela la maison » pour transmettre le déroulement des opérations de la journée intense qui venait de s’écouler. Il était 0 h 52 TU, le 15 juillet. Tout s’est visiblement bien passé

Beaucoup de joie et de soulagement au centre de contrôle de la mission New Horizons lorsque la sonde « appela la maison » pour transmettre le déroulement des opérations de la journée intense qui venait de s’écouler. Il était 0 h 52 TU, le 15 juillet. Tout s’est visiblement bien passé

New Horizons « phone home », 22 heures après le survol historique et tant attendu de Pluton et Charon. Tout s’est bien passé. En attendant le traitement des premières données et images reçues le 15 juillet, la NASA a publié des portraits des deux protagonistes en fausses couleurs.

Tout indique que l’approche et le survol de Pluton puis de Charon par New Horizons s’est bien déroulés le 14 juillet, à partir de 11 h 49 TU, comme cela était prévu. En effet, après plus de 22 longues heures d’attente (fébrile, comme on peut l’imaginer), l’équipe technique de la mission a reçu, le 15 juillet à 0 h 52 TU, « l’appel » de la sonde spatiale : New Horizons « phones home ». Pas d’images ni de données scientifiques dans ce transfert, mais exclusivement un rapport témoignant du bon déroulement et fonctionnement du vaisseau de près de 500 kg, distant de 4,8 milliards de km.

Sur son blog, Emily Lakdawalla de The Planetary Society raconte que « chaque bit de télémétrie reçu a indiqué que le survol a été exécuté avec succès. Les propulseurs ont utilisé tout le carburant escompté. Aucun « mode en autonomie » ne fut demandé, ce qui indique que l’ordinateur de bord n’a pas redémarré et, plus important, poursuit-elle, l’enregistreur de données est bourré de données ».

Aujourd’hui, 15 juillet, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le JHUAPL a probablement reçu les deux premières salves de données scientifiques. Une longue et une courte qui ne représentent pour l’instant qu’une toute petite fraction de ce que les sept instruments embarqués de New Horizons ont frénétiquement collecté hier, à l’occasion de ce survol historique, à seulement 12.500 km de la surface de Pluton. Il faudra en effet, rappelons-le, pas moins de seize mois pour que la totalité du butin soit téléversée jusqu’à la Terre, étant donné le débit de transfert (4 ko/s) et le volume important d’informations. La sonde était programmée pour en moissonner un maximum au cours de cette première visite de l’Histoire à cet astre double et dorénavant considéré comme le plus gros objet connu de la ceinture de Kuiper.

Une fois ces opérations accomplies, le transfert a donc pu commencer. Des vues globales de Pluton, Charon et leurs petits satellites Nix et Hydre à des résolutions différentes sont attendues, ainsi que trois images en haute résolution de la planète naine prises juste avant que le vaisseau atteigne sa distance minimum. Les chercheurs vont pouvoir aussi exploiter des données des instruments Swap, Rex et Alice.

Portrait en fausses couleurs

En attendant les plans de plus en plus rapprochés de la face de Pluton qui plastronne une région en forme de cœur (peut-être cela cache-t-il une fragilité ?), la Nasa a publié le 14 juillet, deux clichés en fausses couleurs du couple Pluton-Charon (voir ci-dessus) réalisé la veille avec trois filtres de l’instrument Ralph. De cette façon, les scientifiques obtiennent un aperçu, certes exagéré dans ses teintes, des différents matériaux plaqués à sa surface, cela aide à « comprendre le maquillage moléculaire des glaces à la surface de Pluton et Charon, ainsi que l’âge des caractéristiques géologiques comme les cratères », explique la Nasa. « Cela peut aussi renseigner sur les changements en surface causés par les rayonnements solaires, cosmiques. »

« Nous faisons ces images en couleur pour surligner la variété des environnements de surface dans le système de Pluton, commente Dennis Reuter, membre de l’équipe scientifique. « Elles nous montrent de façon intuitive qu’il y a encore beaucoup à apprendre des données qui vont arriver ».

Pluton et Charon en fausses couleurs

Sur cette image en fausses couleurs réalisée séparément par l’instrument Ralph, le 13 juillet 2015, on découvre la diversité des matériaux qui maquillent la surface de Pluton et Charon. Les distances entre les deux corps de ce système double ne sont pas respectées

L’une des surprises est ce fameux cœur qui, loin d’être uniforme, apparait divisé en deux. Dans sa partie ouest, à gauche, il est de couleur crème avec un panaché de jaune et de pistache près du bord supérieur (les Américains y voient d’ailleurs un cornet de glace…). L’autre moitié apparait teinté de turquoise avec des taches brunes. Au-dessus, on distingue une région mouchetée de couleur rouille et plus haut encore, au niveau du pôle nord de ce globe de 12.370 km, la calotte se présente sous des tons jaune plus ou moins pastel, ce qui trahit une composition complexe. « Il se passe tout un tas de choses ici » commente Will Grundy de l’observatoire Lowell. « Notre équipe d’étude des compositions de surface travaille aussi vite que possible pour identifier les composés des différentes régions de Pluton et démêler tous les processus qui les ont mis là où ils sont ».

Quant à Charon, le compagnon de quelque 1.208 km de diamètre, son pôle teinté d’un rouge-brun plus ou moins prononcé est considéré comme étant composé de tholins, lesquels associent diverses molécules, et que l’on retrouve dans d’autres mondes du Système solaire comme Titan ou Triton (ce dernier présente des traits caractéristiques communs avec Pluton et pourrait avoir une même parenté). À plus basse latitude, sa robe en surface apparait tachetée de tons sombres et bleutés, symptômes d’une diversité des terrains.


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