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New Horizons dévoile petit à petit les surfaces de Pluton et Charon

Publié le 16 juillet 2015 par Pyxmalion @pyxmalion

Les images et les données capturées par New Horizons lors du survol historique de Pluton et de Charon arrivent au goutte-à-goutte. L’équipe scientifique a dévoilé le 15 juillet, les contours de la petite lune Hydre puis s’est attardée sur les paysages de Charon et de Pluton. Ce système binaire qui appartient à la ceinture de Kuiper n’a pas fini de nous surprendre : leurs surfaces apparaissent plus jeunes que prévu.

Quelques heures après les équipes de la mission New Horizons, nous découvrons — avec autant de bonheur et de ravissement qu’eux —, les premières images (et d’autres données collectées) de Pluton et de Charon, acquises le 14 juillet lors de ce premier survol de l’Histoire de ce tandem des confins du Sytème solaire. Transmises goutte à goutte jusqu’à la Terre, elles lèvent enfin le voile sur les patchworks de paysages à leurs surfaces, lesquels sont l’objet de spéculations depuis des décennies, sur les plans de leurs distributions spatiales et de leurs compositions variées.

Aussi, ce mercredi 15 juillet, en ouverture de la conférence de presse qui dévoilait les premières images adressées par la sonde spatiale depuis le survol de la veille, le directeur adjoint de la Nasa, John Grunsfeld a-t-il rappelé que « New Horizons est une vraie mission d’exploration qui nous montre pourquoi la recherche scientifique fondamentale est si importante.

Aujourd’hui, a-t-il continué, nous avons le premier échantillon d’un trésor scientifique collecté durant ce moment critique [le rendez-vous historique du 14 juillet, NDLR] et je peux vous dire que cela dépasse de façon spectaculaire toutes nos attentes ».

hydre

Cette région de Pluton située sur l’équateur, au sud du cœur, a été prise une heure et demie avant le survol à environ 77.000 km de la surface. Les montagnes de glace observées s’érigent jusqu’à 3,5 km. Sa formation daterait de plus de 100 millions d’années et témoigne d’une activité géologique interne encore inexpliquée

Hydre n’est plus un point flou

Pour ce faire, Alan Stern et son équipe ont fait le choix de garder le meilleur pour la fin. « New Horizons nous a déjà envoyé des résultats incroyables, a déclaré le directeur scientifique de la mission au Southwest Research Institute (SwRI). Les données ont l’air absolument magnifiques, et Pluton et Charon sont juste hallucinants ».

C’est Hydre qui a ouvert le bal. Découvert il y a seulement dix ans, en même temps que Nix, grâce au télescope spatial Hubble, qui avait été alors sollicité pour préparer l’aventure de New Horizons, ce (pseudo-)satellite naturel n’était connu jusqu’ici comme un petit point flou. En approchant du système Pluton-Charon, la sonde et son télescope Lorri (Long Range Reconnaissance Imager) ont obtenu une première image avec une résolution de 3 km/pixel qui a permis d’affiner ses dimensions. De forme irrégulière, plutôt patatoïde, il s’étend donc sur quelque 43 km en longueur et 33 km en largeur. Les chercheurs ont aussi pu constaté que cet objet figurant dans la ceinture de Kuiper n’est pas aussi sombre qu’ils l’ont supposé. Hydre est en effet plus lumineuse que prévu, sa réflectivité se situant entre Pluton et Charon. Une abondance de glace d’eau pourrait en être à l’origine.

charon

Cette image prise par New Horizons, le 14 juillet, à environ 640.000 km de distance nous dévoile enfin la silhouette patatoïde du petit satellite naturel Hydre (43 km x 33 km)

Les mystères de Charon

Vint ensuite Charon. Et plusieurs surprises nous attendaient concernant ce fidèle compagnon de Pluton. Voici quelques jours, les images réalisées à plusieurs millions de km du sytème suggéraient l’existence de crevasses et aussi de gouffres « aussi profonds que le Grand Canyon » sur Terre. En réalité, le nôtre est largement dépassé, car celui de Charon affiche une profondeur de 7 à 9 km… Des fissures bordées de falaises sont déroulées sur environ 1.000 km au milieu du globe. Pour l’équipe, cela a pu être provoqué par une activité interne qui s’étend à l’ensemble de cet astre de 1.208 km de diamètre. Mais ce qui les a peut-être le plus étonnés est la relative absence de cratères d’impact (ils sont assez peu nombreux). Charon montre une surface plutôt jeune, récemment refaçonnée, et complexe.

Quant à sa ténébreuse calotte polaire, surnommée Mordor par l’équipe, ses bords diffus supposent que cela pourrait être un maigre dépôt de ce matériau sombre. Des images en plus haute résolution sont attendues pour les prochains jours.

détail surface de Pluton

Cette région de Pluton située sur l’équateur, au sud du cœur, a été prise une heure et demie avant le survol à environ 77.000 km de la surface. Les montagnes de glace observées s’érigent jusqu’à 3,5 km. Sa formation daterait de plus de 100 millions d’années et témoigne d’une activité géologique interne encore inexpliquée

Des montagnes de glace sur Pluton

Pour ce qui est de Pluton, les planétologues ont eu le plaisir de recueillir un gros plan d’une région équatoriale qui est située au sud du fameux grand cœur de couleur crème qu’arbore la planète naine. Cette première pièce du puzzle du survol de New Horizons — qui ne représente qu’un pourcent de toute la surface — dévoile un paysage montagneux dont certains sommets s’élèvent à 3.500 m. Ils se sont probablement érigés il y a plus de 100 millions d’années — ce qui n’est vraiment pas très ancien au regarde de l’âge de Pluton (4,5 milliards d’années) — et cela continue peut-être toujours d’évoluer.

« C’est une des surfaces les plus jeunes que nous ayons jamais vues dans le Système solaire » a déclaré Jeff Moore, de l’équipe de géologie et de géophysique de la mission.

Le chercheur fait allusion à des mondes comme Europe, Ganymède, Io, Triton (…) dont l’activité interne et les remodelages en surface s’expliquent par les forces de marées exercées par les planètes géantes autour desquelles elles gravitent (Jupiter, Saturne, Neptune…). Or dans le cas de Pluton, qui navigue seul avec Charon dans la ceinture de Kuiper à plus de 5,9 milliards de km du Soleil en moyenne, qu’est-ce qui pourrait causer ces processus géologiques, réguliers, depuis si longtemps ?


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