Lima entre chaos et authenticité
Premier arrêt incontournable du Pérou, Lima ne se laisse pas apprivoiser facilement. À l'instant où l'on passe les portes coulissantes, après avoir récupéré ses bagages, une foule essaie d'attirer notre attention : " Taxi señor! Taxi señorita! ".
Un premier contact qui est à l'image de Lima : chaotique, mais authentique. Un univers parallèle aux villes calmes et aseptisées, à prendre ou à laisser.
Après avoir négocié le prix du trajet comme il se doit - 50 soles à Miraflores, pas question de payer le prix de gringos-, on s'engage dans les rues agitées de Lima. Personne ne se le cache, Lima est grise presque à l'année longue, et plutôt sale. Certes, les façades offrent quelques touches bleues, jaunes, rouges ou vertes, mais tout le monde a appris à vivre dans la ville aux multiples tons de gris et, finalement, ça n'empêche personne d'être heureux.
Le trafic est monstre, le klaxon est roi. Les cobradores annoncent, en criant comme un disque rayé, les destinations des combis pourtant déjà pleines à craquer, les vendeurs passent entre les voitures chargés de rafraîchissements et de grignotines, salsa et cumbia envahissent l'air à travers les fenêtres des taxis.
" C'est votre première fois au Pérou? " lancera le chauffeur. Il n'attend que l'occasion de parler de la cuisine péruvienne.
S'il a dû répéter à des centaines de voyageurs le même discours, mentionnant à quel point elle était bonne et variée, il le fait toujours avec autant d'entrain. C'est une fierté nationale. Les Péruviens sont convaincus que la gastronomie péruvienne est la meilleure au monde et on ne pourrait les en blâmer. Avec 28 sortes de climats et 84 écosystèmes de la côte Pacifique jusqu'aux hauts plateaux andins, en passant par la luxuriante Amazonie, le Pérou produit un panorama impressionnant de produits différents.
Il parlera peut-être de Gaston Acurio, celui qui est désormais le visage de la cuisine péruvienne à travers le monde. Il l'admire et lui est infiniment reconnaissant d'avoir offert un nouveau souffle de fierté à son pays, mais pour lui, rien ne vaudra jamais l' arroz con pollo de sa mère ou le lomo saltado du resto de quartier où il va depuis qu'il est enfant. Une cuisine simple et traditionnelle.
Découvrir la vraie Lima
Les agences et les guides aiment dire que Lima est sans intérêt, Lima est dangereuse. " Ne perdez pas votre temps à Lima " partagent les voyageurs mal informés sur les forums. À force d'entendre constamment le même discours, on finit par y croire avant même d'y avoir mis les pieds.
Ironiquement, ces mêmes voyageurs n'ont pas été à Chorrillos, au Callao, à Magdalena ou même à Barranco, qui est déjà beaucoup plus connue. Pourtant, Lima est immense et remplie de possibilités.
Certes, il y a des classiques qu'on ne peut ignorer, comme le centre historique qui présente de très jolis bâtiments coloniaux, dont le couvent de San Francisco. Mais il faut également en profiter pour passer sur la Calle Capon, le cœur du quartier chinois de Lima, témoin de l'importante immigration chinoise arrivée au milieu du 19 e siècle. À quelque pas de là, il ne faut pas manquer Mercado Central. C'est un immense marché qui offre un véritable spectacle pour celui qui fait ses premiers pas au pays : viandes et poissons étalés sans pudeur, légumes, fruits exotiques, épices.
Un autre marché, plus joli et bien plus calme, se trouve également à quelques coins de rue du Parque Kennedy de Miraflores : le mercado de Surquillo. On vient ici avec grand plaisir le matin pour prendre un jus de fruits frais et en profiter pour faire ses courses à prix plus intéressant qu'au supermarché. Avec un peu de chance, en saison, vous y verrez même le suri, cette larve d'Amazonie mangée généralement grillée.
En après-midi, on peut se diriger vers Barranco et se perdre dans ses rues. Ancienne destination balnéaire des familles aisées de Lima, on y fait encore aujourd'hui de surprenantes découvertes : des casonas avec patios se cachent derrière des grilles et des feuillages. C'est vrai qu'elles sont souvent délabrées, même abandonnées, par manque de fonds des héritiers, mais elles n'en sont pas moins fascinantes.
Un des secrets les mieux de gardés de Lima est certainement Magdalena de Mar. Ce quartier traditionnel et méconnu des voyageurs offre une balade sympathique en bord de mer. Le meilleur choix pour le gourmand est de se diriger vers " El Boulevard del mercado ", qui est une longue et étroite rue piétonne bordée de toutes sortes de petits magasins et kiosques de bouffe. On marche en goûtant aux picarones, aux anticuchos, à la causa, entre les enfants qui courrent et les familles qui se promènent.
Non, Lima n'est pas grise pour celui qui sait où regarder. Certes, elle est fière et bruyante, comme ses habitants, mais elle ne manque pas de fasciner le voyageur en quête d'authenticité.
Infos pratiquesComment arriver à Lima : d'Europe, plusieurs compagnies aériennes se rendent à Lima de Paris, Madrid et Amsterdam, comme Lan qui offre un excellent service.
Quand aller à Lima : la température à Lima est assez constante à l'année longue. C'est une ville coincée entre la côte et les Andes qui créent un microclimat plutôt humide et nuageux. L'été, qui s'étend de décembre à mars, offre heureusement un ciel dégagé et de magnifiques couchers de soleil sur le Pacifique. C'est définitivement la meilleure saison pour la visiter.
Où acheter ses souvenirs à Lima : pour rapporter des souvenirs classiques du Pérou, il faut se rendre au Mercado Inca. N'hésitez surtout pas à négocier, surtout si vous acheter plusieurs produits.
Pour rapporter des produits gourmands du Pérou (ex : chocolat, huile d'olive, bières de microbrasserie, etc.), La Gastronoma (Calle libertad, 439, Miraflores) est l'adresse à ne pas manquer. Ce sera également l'occasion de goûter sur place aux fromages et aux vins péruviens.
Photo d'entête Francisco Anzolav