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Augmenter les frais de scolarité des universités ?

Publié le 04 juin 2008 par Edwilliamson

Augmenter les frais de scolarité des universités ?

Published on Jun 4th

Avec l’autonomie nouvelle de l’université, c’est une possibilité de financement que les universités devront étudier car toutes ne pourront ou ne voudront se financer grâce au privé.

Tirelire en forme de cochon

L’augmentation des frais de scolarité avec système de remboursement différé de leurs études par les étudiants est une réalité dans des pays comme les Etats-Unis, le Portugal, l’Angleterre ou l’Australie. C’est aussi ce que préconise Éric Maurin, directeur de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales, dans le Libération du 13 mai. Pour soutenir sa thèse, il invoqua le cas de l’Australie. Quelle est vraiment la situation là-bas ? Naomi Toth, australienne, enseignante d’anglais, doctorante en littérature comparée (université Charles-de-Gaulle - Lille 3) explique dans le Contre Journal ce que l’instauration de ce financement a entraîné.

Au lieu d’observer une augmentation des moyens de l’université, on a observé en Australie un simple transfert du financement de l’Etat vers les étudiants. La participation de l’Etat est passé de 57% à 41% en moyenne tandis que les frais de scolarité augmentaient (ils sont aujourd’hui évalués entre 3 000 et 5 000 euros selon la filière). Évolution similaire en Angleterre et en Nouvelle-Zélande. Pas d’augmentation visible de la qualité.

De plus, l’argument d’Éric Maurin selon lequel les inégalités sociales n’auraient pas été exacerbés par ce nouveau système de financement est retourné par les faits suivants :

« En Australie, les étudiants issus des milieux défavorisés ne peuvent accéder à l’enseignement supérieur sans surmonter d’importants obstacles pécuniaires. (…) Kevin Rudd, le nouveau Premier ministre, a estimé qu’environ 100 000 étudiants ont été exclus du supérieur pour raisons financières depuis 2003. (…) 25% des étudiants australiens sont obligés de prendre des emprunts pour financer leur vie pendant leurs études. »

Et forcément, les étudiants les plus touchés par ces emprunts sont les plus pauvres, et notamment les femmes et étudiants d’origine aborigène. Comme aux Etats-Unis, beaucoup d’étudiants australiens (70%) doivent exercer un boulot pour payer leurs études et 40% reconnaissent que cela nuit à leurs études. Fatigue, démotivation, horaires de dingue … Les présidents d’universités déplorent cette situation.

Un détail rageant :

« Si un étudiant est en mesure de payer ses frais de scolarité au moment de son inscription, il bénéficie d’un rabais d’entre 20 et 25%. Disposition qui avantage largement les plus favorisés. »

La monétisation de l’enseignement change également les rapports entre les professeurs et leurs clients qui se comportent de plus en plus en clients, l’enseignement étant une marchandise qui doit s’avérer rentable étant donné l’investissement consenti par les étudiants. Voilà un témoignage d’un professeur français dans une université anglaise :

« Le prof est prestataire de service et l’étudiant un consommateur qui, parce qu’il paye, devient client-roi. Il n’y a qu’a regarder le taux de réussite plus que douteux des étudiants anglais… En clair ils achetent leur diplome, et la pression qu’ils exercent sur les profs tend a tirer les contenus vers le bas. »

Autre commentaire de Coline, actuellement étudiante en Nouvelle-Zélande :

« Je suis actuellement étudiante en Nouvelle-Zélande ; avec l’équivalent d’une année d’université à plus de 3000€ (ce qui fait près de 10000€ pour un “simple” bac +3) je confirme que peu de néo-zélandais s’inscrivent à la fac et obtiennent un diplôme. Résultat : un pays qui fait venir d’un peu partout dans le monde la plupart des cadres et diplômés dont les entreprises ont besoin, laissant les emplois les moins valorisés et les moins payés aux jeunes néo-zélandais qui, dès qu’ils le peuvent, quittent leur pays en espérant trouver mieux ailleurs. »

Même si Éric Maurin avance que ce système de financement est plus “juste” puisque ce sont ceux qui bénéficient le plus de la prestation, les étudiants, qui payent le plus, on peut se demander si la qualité de l’enseignement n’en serait pas affectée, ainsi que le nombre de diplômés et, au final, toute la conception de l’enseignement.

(source : l’excellent Contre Journal)


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