Pour commémorer les 40 ans d'exil de la diaspora vietnamienne, le cercle culturel Làng Viêt édite un magnifique recueil de témoignages de jeunes Vietnamiens de Genève, de Lausanne et de Paris sur le thème " Être vietnamien, hier et aujourd'hui?".
Âgés de 14 à 31 ans, aucun de ces jeunes n'a vécu au Vietnam. Si certains d'entre eux y sont nés, ils n'en ont pas gardé de réels souvenirs. Ce sont des "", des enfants de la deuxième génération, nés en Suisse ou en France.
Ce qu'ils savent du Vietnam, c'est, pour la plupart d'entre eux, ce que leur en ont dit leurs parents, ou même leurs grands-parents, ou ce qu'ils ont pu découvrir en s'y rendant. Là-bas, ils ont pu se rendre compte, d'ailleurs, qu'ils étaient considérés comme des "", c'est-à-dire des Vietnamiens de l'étranger...
Tous sont d'abord, aujourd'hui, de nationalité suisse ou française, mais, ils sont heureux de bénéficier d'une double culture, une culture européenne et asiatique. Ils en sont heureux parce cette double culture leur permet d'avoir " une plus grande ouverture d'esprit ", dont ils sont fiers et qui les enrichit.
Quasiment tous n'ont eu aucun mal à s'intégrer, qui en Suisse, qui en France. L'un d'eux, un jeune homme de 30 ans, a pourtant souffert, quand il était petit, de sa différence: " J'étais le différent, le "bridé" ou encore le "chintok". " Mais cette différence, qui l'a tant fait souffrir, est, maintenant, pour lui, devenue une force.
Une jeune femme de 24 ans, qui se sentait chez elle en Suisse, n'a connu de rares moments de confusion que lorsque des personnes bien intentionnées lui tenaient ces propos: " Cela doit être difficile d'être étranger partout. ". Ou, lorsque d'autres lui demandaient d'où elle venait et qu'elle avait envie de leur répondre: " De Crissier, dans la même commune que le meilleur restaurant de Suisse. "...
Leur double culture, ils la doivent à leurs parents. Ceux-ci ont grandi dans la culture vietnamienne. Ils la leur ont transmis et la leur transmettent en fêtant le Têt en famille ou avec des amis, en parlant vietnamien avec eux à la maison, en y mangeant aussi bien des plats vietnamiens que des plats européens et en se montrant attachés à leurs racines et aux traditions séculaires du Vietnam.
Le "", ou Nouvel An vietnamien, est en effet " l'une des fêtes les plus importantes pour les Vietnamiens ". L'autre fête importante, moins connue, est la fête de mi-automne, le " Têt Trung Thu " ou fête des enfants.
La langue vietnamienne " est un aspect très important de la culture ": elle permet de communiquer avec tout le monde et surtout avec la famille, ce qui " permet de rester uni et de perpétuer la lignée familiale"...
Pour un Vietnamien, le moment du repas est sacré: " Tout l'esprit familial se retrouve même dans le repas: respect des aînés, devoir des parents, partage et hospitalité [...], hiérarchie familiale, culte des ancêtres. "
Le culte des ancêtres? " Les Vietnamiens ne considèrent pas la mort comme une rupture définitive mais seulement une non-présence physique ": " La grande majorité des Vietnamiens ont un autel dans leur maison où dessus se trouvent des photos des parents, des grands-parents et ancêtres disparus ainsi que des offrandes. "...
Le cercle culturel vietnamien Làng Viêt, qui a organisé une belle fête populaire, le 28 février dernier, à l'occasion du Têt, aux Avanchets à Genève, s'est donné pour but de renforcer également " certains aspects culturels de la société civile notamment littéraires, pédagogiques, musicaux, affaires publiques et historiques ", pour toutes les générations. Ce qui devrait répondre à l'attente de celle des "", attente exprimée maintes fois dans ce recueil.
Francis Richard
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