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La police oblige les roms de Saint-Ouen à décamper : la lutte s’organise !

Publié le 27 juillet 2015 par Asse @ass69014555

La police oblige les roms de Saint-Ouen à décamper : la lutte s’organise !Les 56 personnes mises à la porte de leur village d'insertion sans aucune solution de relogement le vendredi 24 juillet dernier campaient devant la mairie de Saint-Ouen pour revendiquer leurs droits. Le maire, William Delannoy, ne leur a accordé aucun rendez-vous. Dimanche soir, ils ont été expulsé par la police qui a pisté chaque petit groupe dans les rues de la ville pour tenter de savoir où ils pourraient s'abriter et poursuivre ses manœuvres d'intimidation.

La nuit dernière, les familles ont été mises à l'abri par des membres du Collectif de soutien aux roms de Saint-Ouen. Aujourd'hui, elles vont se rendre sur leur village pour récupérer leurs effets personnels comme les autorités le leur ont accordé. Mais avec le soutien du Dal et d'Entraides-Citoyennes, la lutte s'organise.

Tout ceux qui veulent soutenir les roms de Saint-Ouen sont attendus devant la mairie ce soir encore à partir de 18h.

Les roms qui vivaient du village d'insertion de Saint-Ouen - créé en 2008 par la ville de Saint-Ouen, sous la gestion de l'AJL93, association missionnée par l'Etat - ont fait d'énormes efforts d'intégration. Les enfants sont scolarisés. Beaucoup de personnes travaillent. Tous ont appris le français... Mais la municipalité, engagée dans le projet d'aménagement immobilier du tout nouveau Quartier des Docks confié à Séquano* s'unit à ce dernier pour poursuivre le chantier présenté comme un " éco-quartier entre Seine et parc dans lequel on adorera habiter ".

Fin 2012, suite à la vente du terrain à la Séquano, les familles ont été informées qu'elles devaient quitter les lieux. L'association gestionnaire a relogé certaines familles, comme le prévoit la loi, mais pas d'autres, au prétexte non fondé qu'elles n'avaient pas rempli les critères d'insertion. Avec l'appui du Collectif de soutien aux Rroms de Saint-Ouen, né de l'initiative de parents d'élèves, de militants associatifs et d'Audoniens, les familles roms demeurées sur place ont gagné un peu de temps. Mais un arrêté d'expulsion au 31 mars 2015 a été rendu. Les autorités préfectorales ont indiqué en avril que l'expulsion du village n'aurait pas lieu avant juillet afin que les enfants terminent l'année scolaire.

Le 24 juillet dernier, la police est venue déloger sans avis d'expulsion 56 personnes : 17 hommes, 18 femmes, et 21 enfants ont quitté les lieux sans incident mais... sans relogement ! Le collectif s'est battu pour obtenir laborieusement un hébergement temporaire via le 115 pour certains. Il s'est installé aux côtés des roms devant la mairie, fermement décidé à faire respecter le doit au logement de ces personnes avec le soutien du DAL et d'Entraides-citoyennes.

* Aménagement (une Société d'Économie Mixte (SEM) qui - propose des missions d'assistance aux collectivités, maîtres d'ouvrage, pour les accompagner dans leurs projets de développement territorial et économique, d'urbanisme, de renouvellement urbain, ainsi que de construction des équipements publics).

Témoignage du Collectif de soutien aux Rroms de Saint-Ouen

" Dimanche 26 juillet: après une nuit tranquille passée place de la mairie sous la tente, nous avons nettoyé l'endroit, puis la pluie est arrivée. Elle a sans doute découragé plus d'un Audonien, toujours est-il que le rassemblement prévu pour 18 heures a coupé court. Manque de combattants sans doute, mauvaises conditions météo certainement, mais plus sûrement encore : présence d'un escadron de paramilitaires estampillés " Police Nationale ", flashball en bandoulière et regards menaçants scrutant la ligne bleue des Vosges. Il faut imaginer la scène (ici, bientôt, la vidéo) : face à une trentaine de personnes tout à fait pacifiques, une bande de gardiens de l'Ordre, tonfa, grenades, bombes lacrymogènes et gilets pare-balles dignes de la plus mauvaise série Z. Dès qu'il s'agit d'exposer et de mettre en musique sa tsiganophobie, il semble que l'Etat Français ne rechigne devant aucune débauche de moyens.

Ce soir là, place de la mairie, il avait déployé ses forces pour nous empêcher de... poser les tentes au sol. Ca pourrait être drôle, comique, ça ne l'était pas. Çà l'était d'autant moins que, par le biais de Marie Cuilliez, avocate, nous venions juste d'apprendre qu'une sixième famille bénéficiait, le jour-même, d'un hébergement d'urgence en hôtel. Même les petites victoires se fêtent. La, rien ne fut fêté, nous avons dû partir en urgence assurer un autre lieu pour la nuit, un autre refuge pour des familles épuisées par une expulsion suivie de deux journées de tension. Ce fut fait. Lieu trouvé. L'abri proposé par le Collectif de Solidarité leur a permis de manger, se reposer, échanger, commencer de préparer la journée de demain. La police nous cherchait. Depuis notre départ, place de la mairie, baluchons et caddies en main elle avait tenté de nous suivre, on dirait : de nous débusquer. Faudra-t-il, la prochaine fois, nous terrer dans les égouts, les coursives? Qu'elle sache alors que nous sommes prêts à le faire, et tout à fait déterminés.

Demain les familles ont prévu de retourner à l'ancien village récupérer leurs affaires. Le Collectif y sera, bien entendu. Pour donner un coup de main, pour, aussi, vérifier que tout se passe selon les termes de l'accord consigné, à ce sujet. Les organisations politiques attirées par quelque sunlight médiatique on d'emblée prévenues qu'elles n'y seraient pas. Peu importe. Nous, ne lâchons rien. "

RAPPEL
Communiqué du Collectif de Solidarité avec les Rroms de Saint-Ouen en danger

Samedi 25 juillet 2015

La police oblige les roms de Saint-Ouen à décamper : la lutte s’organise !
Vendredi 24 juillet, les forces de l'ordre ont expulsé les habitants du " village " d'insertion de Saint-Ouen.
Situé au 41, rue de Clichy, ce " village " avait ouvert ses portes en 2008, à la suite de l'évacuation du campement de la rue Ardouin, qui avait accueilli jusqu'à 600 personnes. Des familles, triées sur le volet avaient donc pu s'installer sur cette dalle de béton, dans des caravanes puis des Algecos, dans le cadre d'un projet d'insertion devant aboutir à un logement pérenne pour chacune. Force est de constater que, comme le reconnaissent d'ailleurs la préfecture et le maire de Saint-Ouen en personne, l'association gestionnaire du " village " a failli à ses engagements.
Pourtant, en 2013, puis à nouveau en mars 2015, les pouvoirs publics ont exigé des familles qu'elles cèdent la place au projet immobilier de la société Séquano, sans proposer de solution de relogement.
Contrairement à ce qu'affirme la préfecture, aucune information sur le jour de l'expulsion n'avait été délivrée au préalable, que ce soit aux habitants, au Collectif, ou à l'avocate. Cette version, reprise par certains medias, repose sur la tenue, en mai, d'une réunion en préfecture, au cours de laquelle la municipalité de Saint-Ouen aurait été informée de l'expulsion programmée. Si c'était avéré, cela démontrerait que le maire de Saint-Ouen, W. Delannoy, lors de notre rendez-vous fin juin, était parfaitement au courant que le " village " serait expulsé rapidement, mais a préféré nous faire croire qu'il organiserait une rencontre Mairie-Préfecture-Séquano-Habitants, rencontre que nous avons attendu vainement, ces trois dernières semaines.
Quoi qu'il en soit, l'arrivée des forces de l'ordre a été une surprise pour tous. Lors de l'expulsion Bruno Gorizzutti, représentant de la préfecture, était présent, mais aucun représentant de la mairie, des services sociaux, ou de la société Séquano. Aucun arrêt d'expulsion n'avait été affiché sur le site.
L'expulsion s'est passée sans heurts, mais dans une tension évidente. Cernés de policiers, les habitants sont sortis avec ce qu'ils ont eu le temps de ramasser dans quelques sacs et un peu de mobilier. Contraints de laisser sur le " village " une bonne partie de leurs effets personnels, ils sont partis avec la promesse de pouvoir, lundi, revenir sur place les chercher. Ils ont ensuite rejoint le parvis de la mairie de Saint-Ouen.
Les habitants et le Collectif ont contacté la presse, les médias, les associations, les soutiens, la préfecture et la mairie... laquelle fit la sourde oreille durant toute la journée. Devant les portes, fermées, de la maison du peuple, et après avoir envisagé différentes options, le choix des habitants fut de rester sur la place. Une trentaine de personnes, dont des enfants, certains en bas âge, ont donc passé la nuit là, sous des tentes, devant la mairie. A l'heure où s'écrivent ces lignes, elles y sont encore, soutenues et aidées par les membres du Collectif et par des Audonien.nes. L'avocate poursuit son travail. Nous relançons, sans cesse, le 115, tout en cherchant une solution d'hébergement plus fiable et moins précaire que ces quelques tentes, sur la place de la Mairie.
Mais ce sont les autorités qui sont responsables et doivent trouver et proposer une solution !
Rien n'est fini, tout est à faire, c'est maintenant qu'il faut manifester notre-votre soutien aux habitants de l'ex-village !
Le Collectif

- une entreprise portée par un actionnariat (mixte-public) qui s'élève à 62,20 % pour le département de Seine-Sait-Denis -


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