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Lorsque la pluie nettoie

Publié le 26 juillet 2015 par Do22

Lorsque la pluie nettoie

Minuit, je me réveille. Un premier cycle de sommeil est fait. Je me lève, vais au petit coin, me recouche, me rendors somnolente quand, à la fois mi-rêve mi-réalité, des cris surgissent. On dirait un petit groupe de jeunes. Un des leurs crie " Non, non ! " et dit quelque chose qui m'est inaudible. On dirait qu'il demande pitié.

Le groupe avance dans la rue. C'est samedi soir. J'ai laissé ma fenêtre ouverte sur la cour. De jeunes hommes semblent se parler durement. Est-ce que j'appelle la police ? Je n'en ai pas le temps.

" Non, non ! " crie à nouveau le jeune homme puis une jeune femme se met à hurler. Des cris stridents dans la nuit puis plus rien. Le groupe est loin.

Le jeune est peut-être allongé sur le sol, blessé, la jeune femme bâillonnée d'une main d'homme pour qu'elle ne crie plus.

La pluie

La pluie se met à tambouriner sur la fenêtre que j'ai fermée pour ne plus entendre ces cris. On dirait qu'elle vient nettoyer ces énergies dures et lourdes qui viennent de passer dans la rue. La pluie adoucit l'ambiance.

Combien de fois dans une nuit, dans une ville, entend-on ce genre de cris ? Des règlements de comptes, de la violence, des jeux de domination/soumission pour écraser les plus faibles, les plus sensibles, ceux qui rêvent d'une vie agréable et dans l'Amour. Tant de fois dans la nuit au détour d'une rue...

Souvenirs d'enfance

Je tente de me rendormir mais ces cris me ramènent à ma jeunesse, à la violence vécue dans la maison chez nous, aux cris de ma mère se faisant battre par son mari, à la voix haute de celui-ci la menaçant et la traitant de tous les adjectifs les plus dégradants pour qu'il se sente supérieur à elle. Même dans les maisons, la violence est là.

Je sens, loin au fond de moi, la petite fille qui a peur, qui se recroqueville dans son lit, se terre sous sa douillette, la peur au ventre et les larmes qui roulent sur ses joues, pour ne pas entendre les cris dans le corridor juste devant sa chambre.

Elle a peur. Elle est seule. Elle n'a personne pour la rassurer. Elle a tant besoin de bras pour la protéger, la rassurer, la consoler. Elle n'en a jamais eus. Au lieu de ça, elle a appris à se blinder, à ne faire confiance à personne, en espérant qu'un jour, un homme bon l'aime assez pour la comprendre et l'apprivoiser et lui apprenne à sentir aimable... et l'aime vraiment jusqu'à partager sa vie. Je n'ai jamais connu ce bonheur et c'est un de mes rêves les plus chers.

Besoins

Cette nuit, je ressens ce besoin incommensurable d'être dans les bras d'un homme aimant. Sa tendresse et son réconfort me manquent. La petite fille en moi a un besoin viscéral de rassurance qu'elle n'a jamais eu.

Je ferme les yeux et respire profondément. J'aimerais aller frapper à la porte et me blottir dans les bras de mon ami, quelques rues plus loin, mais je n'ose pas. Je n'ai jamais osé demander de l'affection, de la rassurance, de la consolation. La vie m'a appris à être forte et autonome, sans besoin de personne. Une croyance à double sens puisque les gens ne voient pas quand j'ai besoin d'aide alors que j'aimerais tant en recevoir mais comme je ne montre ni ne demande, personne ne vient prendre soin de moi.

On pense toujours que je suis une femme forte qui n'a besoin de personne. Faux. Tout le monde a, un jour ou l'autre, besoin d'une autre personne pour l'aider dans un moment plus difficile de sa vie.

Je sais aussi que ces émotions viennent du passé et que l'adulte en moi a toute la force, les outils et la sagesse pour en prendre soin et se ramener au présent dans le calme.

Je respire encore, les yeux clos. Quelques larmes coulent, celles de l'enfant en moi qui a eu peur, seule dans sa chambre dans la nuit noire où le silence, durant quelques secondes, a été meurtri de cris de douleurs et de peurs.

C'était dans le passé, dans mon enfance. Je me ramène à ici et maintenant et me mets en témoin de la situation, des émotions, avec toute la compassion et la tendresse dont j'aurais eu besoin alors. Le calme revient dans mon coeur et j'émerge de ce moment de peurs et de violence. L'adulte prend soin de l'enfant qui finit par s'apaiser.

Malgré tout...

L'enfant en moi croit à l'Amour, de tout son coeur, depuis toujours. Elle a quelques soubresauts dans le ventre quand il se présente devant elle. Des spasmes de bonheur mêlés aux spasmes de craintes. Elle a encore besoin d'être apprivoisée comme un oiseau tombé du nid trop tôt qui a dû se débrouiller trop jeune.

Elle ne peut ouvrir son coeur trop vite. Elle a besoin de pouvoir faire confiance en cet homme qui veut l'aimer, en elle-même qu'elle est aimable vraiment et mérite tout cet amour sincère qu'il veut échanger avec elle. Elle le désire de tout son coeur. Elle a juste besoin d'un peu de patience de l'autre...

Petit à petit, avec amour, compassion et rires, il finit par l'apprivoiser et se laisser être aimée, et l'aimer...

Compassion et apprivoisement

Nous avons tous nos blessures et avons tous besoin d'être apprivoisés en douceur pour se permettre d'aimer et être aimés.

Puissions-nous toujours se faire confiance, se respecter et s'aimer soi-même avant tout afin de ne laisser entrer dans notre vie que des êtres qui nous font du bien.

Même si, parfois, nous nous sentons plus fragiles intérieurement et si nous avons vécu de la violence, nous pouvons décider de choisir une vie dans l'Amour, chaque jour et à chaque instant...

Avec Amour

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