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Les bouseux sont dans la mouise.

Publié le 28 juillet 2015 par Blanchemanche
#FNSEA #XavierBeulin #agrobiseness

27 JUILLET 2015 |  PAR GILBERT RIGNAULT


http://blogs.mediapart.fr/blog/gilbert-rignault/270715/les-bouseux-sont-dans-la-mouise
La plupart d’entre eux ne s’étant pas rendus compte qu’ils travaillaient dans une économie de marché, libérale, concurrentielle, etc. etc., préfèreraient une vraie politique des prix à une distribution charitable d’une aumône. Beaucoup adhérent à la FNSEA, « syndicat » largement majoritaire dans le monde agricole.  Ignorent-ils que cette organisation est  dirigé par les grands céréaliers, et présidée par Xavier Beulin, tête de gondole de l'agrobusiness, ardent défenseur de « la modernité », du «progrès », de la « compétitivité » et… des agriculteurs en colère… Xavier Beulin, a appelé samedi 25 juillet les éleveurs à faire preuve de mesure, après une nouvelle journée de grogne qui a notamment visé des supermarchés. « Je comprends et je vis l’exaspération des éleveurs qui souffrent … »

( http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2015/07/25/les-agriculteurs-mobilises-dans-le-sud-ouest)
Bouseux ?Les bouseux sont dans la mouise.Il faut dire que M. Beulin a bien des raisons de souffrir. Il  est en effet copropriétaire, en famille, d’une exploitation agricole à responsabilité limitée (EARL) de 500 hectares, baptisée le Quadrige, dans le Loiret. Ce « paysan » présidait l’an dernier, également, une entité qui pesait près de 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires : « Sofiprotéol »,  devenue aujourd’hui le Groupe AVRIL, une société en commandite par actions qui abrite deux filiales distinctes, dont l’une est dédiée aux activités industrielles, dans les semences, dans l'alimentation animale et les biocarburants. N° 1 de la production d’œufs en France (Mâtines), n° 1 de la production d’huiles alimentaires en France, au Maroc et en Roumanie (Lesieur, Puget, et leurs dérivés sauces et condiments),  il est également n° 1 de la nutrition animale en France. La seconde filiale est dédiée aux activités financières de prêts et prises de participation dans plus d’une centaine d’entreprises, ce qui le rapproche de ses syndiqués et lui fait partager leurs souffrances… au service de la « compétitivité » - le mot est lâché- de ses filières Aux côtés des associés « commanditaires », Cette société : Avril Gestion, présidée par Xavier Beulin, intervient comme associée « commanditée ». Son conseil d’administration décide des orientations stratégiques et financières. Parmi ses membres, citons trois personnalités : Jean-Pierre Denis, président du Crédit Mutuel Arkéa et du Crédit Mutuel de Bretagne, Anne Lauvergeon, présidente de la commission Innovation 2030, et Pierre Pringuet, directeur général de Pernod Ricard. Ces compétences extérieures sont utiles pour un plus grand rayonnement international des agriculteurs français, appelés à souffrir pour être compétitifs, et à mesurer leurs soubresauts à l’instant de mourir. L’une des dernières opérations était une prise de participation minoritaire dans le capital du volailler LDC (Loué). La réalité matérielle -hors de toute rhétorique bien huilée, évidemment - est que M. Beulin, présent de l'amont à l'aval des filières, est un partenaire stratégique de l'agro-industrie et des grandes surfaces mais qui fait siennes les souffrances des paysans (schizophrènie ?).  
 (http://www.lesechos.fr/07/01/2015/lesechos.fr/0204062125457_sofiproteol-se-rebaptise-avril-et-change-de-gouvernance.htm#tEdFcFCZb2mozLFk.99)
Sous le petit zizi pisseur de Bruxelles.    Ce n’est pas tout : Xavier Beulin est président du port de La Rochelle et du conseil économique et social régional du Centre et, aussi, vice-président de la Copa-Cogeca, l'organisation agricole européenne sensée représenter  -que les paysans de terrain s’en rendent compte ou non- plus de 26 millions d'agriculteurs ainsi que de 38 000 coopératives agricoles d'Europe. Ses membres français sont la FNSEA, la CNMCCA, Confédération nationale de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles (Groupama, Mutualité sociale agricole, Coop France, Crédit agricole), et l'APCA : échelon national du réseau des chambres d'agriculture qui sont chargées de : représenter l'ensemble des différents « agents économiques » de l'agriculture : telles que les mutualités, coopératives, banques et syndicats, et d’accompagner financièrement les exploitants agricoles dans leur développement. A y regarder de près, ce sont les banquiers et financiers qui représentent très largement les paysans auprès des diverses institutions de l’Union européenne. Ces jours-ci, les éleveurs demandent que le prix de leurs produits soient relevés afin de pouvoir survivre. Nul doute que la FNSEA réclame pour eux une petite aumône, en attendant la signature d’un traité transatlantique qui se trame dans l’ombre du petit zizi pisseur de Bruxelles. Aux Etats-Unis, près de 80% des antibiotiques consommés, chaque année, le sont dans les immenses entreprises d’élevage. Les bœufs, difformes, n’ont jamais vu un brin d’herbe ! L'enjeu : la distribution des aides européennes dont le montant va en se réduisant. M. Beulin a milité pour le statu quo et pour limiter leur redistribution dans le cadre de la PAC 2014-2020. Au passage, le Quadrige de M. Beulin touche 140 000 euros d'aides directes européennes par an (280 euros à l’hectare, ce qui est bien peu pour les petites exploitations…). La FNSEA a largement participé aux orientations politiques. Elle essaie aujourd’hui de le faire oublier et de garder la main sur les agriculteurs.Sagement -on a toujours besoin d’un porte-voix pour la propagande-  M. Beulin a, en effet, investi également dans la presse : le magazine France agricole, et son épouse travaille au service marketing de la chaîne de télévision Campagne TV, qui a parmi ses actionnaires, la famille Vilgrain, spécialisée dans le commerce de farine et de sucre en Afrique. Voilà bien des raisons de « vivre » l’exaspération des paysans, mais, au mieux, à cent lieues de leur lutte à eux, pour, juste, survivre !Qu’est-ce qui empêcherait Michel Ramery, patron d'une entreprise de BTP et actionnaire de l'exploitation usine géante « La Ferme des 1 000 vaches », dans la Somme, de se considérer, et d’être, curieusement, considéré par ses pairs, comme un cul-terreux ?La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles n’a rien à envier au Medef. Quand les ouvriers de PSA éliront leur pdg à la tète de leur syndicat, on peut imaginer que les poulets de Loué auront des dents. A quand la nuit du 4 août ?GR.

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