La première saison de Masters of Sex était très centrée sur la construction de la relation entre Bill et Virginia mais également sur l’étude et la façon dont les comportements sexuels pouvaient être décortiqués au sein d’une expérience scientifique. Au fil des épisodes, la saison 2 va décortiquer la relation entre Bill et Virginia, créant parfois même des scènes intimistes d’un rare beauté, très proche de ce que peut faire Mad Men sur AMC. Le résultat est déconcertant, voire même brillant et j’ai logiquement dégusté cette saison au fil des épisodes comme un met délicieux, qui a eu ses faiblesses mais qui a toujours su en rebondir. Car parmi les épisodes les plus brillants de cette saison 2, il y a des épisodes d’une rare intensité avec des émotions travaillées et recherchées. Certains épisodes étaient décevants, mais je n’ai envie de retenir que ce qui a été fait de bon cette année, notamment tout le travail sur la relation entre Bill et Virginia, à la fois d’un point de vue professionnel (la télévision qui veut faire un reportage sur les travaux de nos deux héros à la fin de la saison, la tension qu’il y a entre ces deux, la scène dans la chambre d’hôtel qui restera l’une des plus belles de toute la série peu importe les saisons suivantes, etc.). La saison 2 de Masters of Sex me rappelle aussi un peu la difficulté de faire mieux qu’avait la saison 2 de Mad Men.
Bien entendu, si je compare les deux, les deux séries n’ont pas du tout la même qualité étant donné que la série de AMC est pour moi bien mieux construite et plus intelligente. Mais ce qui m’a fasciné ici c’est la façon dont Masters of Sex a justement réussi à adopter certains éléments de ses modèles afin de parler de l’époque sous un angle très différent. Le but de Masters of Sex est de parler de sexe mais pas vraiment que de sexe non plus. Il y a donc une vraie recherche derrière, celle de parler de la façon dont la science influence la relation entre nos deux héros et comment cette science a pu les rapprocher. C’est aussi une saison qui tente de donner de l’importance aux personnages secondaires et à la société de l’époque (notamment Libby qui se découvre des talents d’activiste alors qu’elle participe aux actions citoyennes afro-américaines). Les personnages secondaires permettent de donner à Masters of Sex l’occasion de parler d’autres sujets que le sexe et surtout d’agrandir un peu le champ d’horizon de la série. Jusqu’à présent, la série avait raconté plus ou moins les choses de la même façon, d’épisodes en épisodes créant une certaine mécanique bien huilée.
La relation complexe entre Bill et Virginia aurait alors probablement montré ses faiblesses cette année si jamais Masters of Sex avait gardé la mécanique de la première saison. En donnant plus de poids aux symboles de l’époque (JFK par exemple dont la place dans l’histoire des Etats-Unis et accessoirement dans Masters of Sex, n’est pas sans rappeler un épisode que Mad Men a pu faire elle aussi). La série s’est aussi éloignée de certains éléments perturbateurs pour redonner aux bonnes trouvailles de la première saison une vraie pertinence. Je pense à l’histoire de Scully par exemple et de son homosexualité. C’est un terrain savonneux et pourtant, la série parvient à organiser son histoire de façon fluide en donnant certes moins de place à cette histoire cette année mais en rappelant aussi que ces personnages existent. Alors que la saison 3 vient de débuter aux Etats-Unis et qu’elle est en partie décevante pour ses deux premiers épisodes, le troisième est tout ce que je pouvais attendre de la suite de cette saison. Les deux premières saisons sont donc à prendre comme un premier chapitre de l’histoire de la série qui me plaît bien pour le moment, reste à savoir si le flou de certaines intrigues saura trouver son salut l’année prochaine…