L'école primaire a déjà beaucoup manifesté pour ça. Sans être entendue, bien sûr, puisque les médias brouillent suffisamment les pistes pour qu'on ne comprenne rien.
Les nouveaux programmes de français sont disponibles pour tout le monde ici. Mon devoir de prof de français me les a fait lire
pour donner mon avis, puisqu'on me l'a demandé. Je ne suis pas sûre qu'on en tienne compte.
Là n'est pas la question.
J'ai lu les programmes. J'ai donné mon avis, le voilà.
Ces programmes sont à la fois ambitieux et réducteurs. Etonnant. Ils sont ambitieux sans qu'on nous donne pour autant les moyens de les mettre en œuvre. Le nombre d'heures de français par semaine
au collège est ridiculement bas. Avec ça, on nous demande l'impossible : par exemple, le subjonctif passé en cinquième...Avec des élèves qui ânonnent en lisant, c'est mission impossible.
D'un autre côté, donc, les programmes sont réducteurs. Alors que jusqu'à maintenant, on laissait aux profs, une très grande liberté pédagogique dans le choix des œuvres à étudier, depuis la
littérature de jeunesse qui peut être de qualité (mais si !), la littérature classique, la littérature contemporaine ou encore la littérature étrangère, on guide désormais les choix très
précisément, avec des titres précis, une liste très restreinte d'œuvre à étudier. On réduit le champ de l'ouverture culturelle, en nivelant le savoir. Pour tout le monde, en 5ème, par exemple, ce
sera Les Précieuses ridicules, Le Bourgeois gentilhomme, Les Fourberies de Scapin ou Le Malade imaginaire.
C'est un choix politique n'en doutons pas.
Une autre disparition m'inquiète : celle de l'étude de l'argumentation en 3ème. Le collège constitue une vraie base commune de connaissance puisque à peu près tout le monde va jusque là, dans ses
études, aussi courtes fussent-elle. En troisième, on apprenait donc les techniques de l'argumentation. Comment décrypter un discours argumentatif, comment discerner la persuasion d'un texte qui
cherche à convaincre, comment développer un discours construit pour convaincre...
Les programmes déclarent désormais qu' "au collège, on exige seulement la présentation d’une prise de position étayée par quelques arguments et exemples ; ce type d’écrit sera développé au
lycée."
Le lycée, tout le monde n'y va pas forcément...
Nivellement de la pensée par le bas ? A vous de juger.
Enfin, une nouveauté de taille, à côté des piliers traditionnels de l'enseignement du français tel que l'expression écrite, l'oral ou l'étude de la langue, apparaît l'étude de "L'Histoire des
Arts". Sans précisions très claires, sans autre conseils obscurs que de prendre en compte les "arts du langage, de la scène ou encore de l'espace"...Sans oublier les arts plastiques et la
musique, bien sûr. Il faut rappeler que ces deux derniers sont déjà étudiés au collège, à raison d'une heure par semaine et par matière. C'est peu. C'est presque rien. Il faut rappeler que suite
aux nombreux postes supprimés la rentrée prochaine, beaucoup de lycée se verront sucrer ces matières (optionnelles au lycée). Que cache donc cette nouveauté ? La suppression progressive des arts
au collège, délicatement remplacés par un saupoudrage en classe de français, effectué par des profs non formés pour cela et qui ne bénéficieront pas d'une seule heure de plus pour le faire ?
Les économies, au détriment de l'éducation des enfants, ce n'est pas une bonne idée, selon moi. Mais quand les profs le disent, on ne les croit pas. Il est temps que les parents prennent eux
aussi la parole à ce sujet...
CC