Magazine Livres

"L'étrangleur de Cater Street" d'Anne Perry

Par Lesalondeslettres @Salon_Lettres

Une pensée terrible la frappa brutalement.

- Vous n'allez pas... vous n'allez pas imaginer que l'un deux ait pu...

- J'imagine tout, miss Ellison, et je ne crois rien tant que je n'ai pas de preuves. J'admets qu'il n'y a aucune raison de supposer que...

Il laissa cette phrase en suspens.

- Mais quelqu'un a tué. J'aimerais avoir un autre entretien avec Maddock... sans qu'on nous dérange.

Suffragette avant l'heure, la téméraire Charlotte Ellison n'aime ni l'étiquette ni le badinage des jeunes filles bien nées. Dévorant en cachette les faits-divers des journaux, sa curiosité la mêlera à une affaire des plus périlleuses, aux côtés du séduisant inspecteur Pitt de Scotland Yard. Dans le Londres des années 1880, le danger guette et les femmes en sont souvent la proie... Sherlock Holmes en jupons, la divine Charlotte dénoue son premier crime et inaugure une longue série d'enquêtes haletantes, dévoilant une Angleterre victorienne pleine de secrets.

C'est uniquement grâce à la blogosphère que je connais l'auteure et ses longues séries, sinon je n'aurai peut-être jamais choisi ce livre. Je ne lis jamais de romans policiers mais je savais que ce livre allait me changer ; en plus, dans un contexte de fin de XIXème siècle, cela m'enchantait ! Ces deux points sont ceux qui ont le plus retenu mon attention.

Tout d'abord, le roman policier en lui-même démarre assez lentement. Je trouvais que l'histoire peinait à démarrer. C'est sans doute dû à la vie plutôt oisive de ces demoiselles. Le personnage de Charlotte est comme je m'y attendais. Pour qu'une femme de cette époque soit attirée par les crimes, il faut bien qu'elle ait une personnalité originale ! Charlotte n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, ce que j'apprécie, mais j'ai trouvé que c'était aussi le cas des autres personnages. Des histoires de famille non glorieuses sont ainsi révélées au grand jour, ce qui m'étonne assez pour l'époque. J'ai fini par me dire qu'à l'époque de l'écriture, l'auteure avait une mauvaise opinion des hommes car ils y sont dépeints comme infidèles, ce qui m'a étonnée car ce n'est pas ce dont j'aurai mis en avant pour une fin de XIXème siècle...

Je me demandais souvent quand Charlotte aiderait dans l'enquête, car c'est ce que laisse présager le résumé. Tout ne se fait pas d'un coup, ce qui est plaisant, et bien qu'elle soit dynamique, Charlotte est tout de même effrayée par tous ces meurtres.

Ce livre m'a déçue par sa fin. On attend pendant des pages de connaître le dénouement, puis la résolution des meurtres se fait en quelques pages trop brèves ! Ce n'est pas bâclé mais trop hâté ! Peut-être que j'aurai plus d'informations dans le tome suivant, mais cela me déçoit beaucoup. J'attend des explications lorsque je lis un policier (aussi rare que cela soit), mais ici elles ne sont quasiment pas là, ou trop brèves.

Je serai davantage positive en ce qui concerne l'époque où se déroule l'histoire : 1880. J'aime bien l'époque... mais seulement dans un livre ! En effet, la vie des femmes n'était pas très dynamique : entre l'heure du thé et les oeuvres de charité, l'horizon était assez limité. Par contre, les hommes faisaient davantage ce qu'ils voulaient... J'ai connu un désagrément pour me représenter les personnages. Depuis peu, je regarde la série que vous connaissez certainement, Downton Abbey, et le schéma familial se ressemble énormément entre les deux familles : deux parents, leurs trois filles, la grand-mère, une cousine... Du coup, c'est leur visage qui me venaient lorsque je lisais l'histoire, et non des visages sortis tout droit de mon imagination. Cela m'a agacée car je n'ai rien pu faire pour m'en détourner. Si vous suivez la série également et lisez ces romans, connaissez-vous la même chose ? Par ailleurs, c'est dommage que cette famille subisse de si tragiques événements : le père puis Sarah... J'ai eu du mal à m'y faire car je commençais à m'attacher à eux...

Pour ce qui concerne le style, mes cours de traduction m'ont prouvés que les traducteurs pouvaient être très médiocres dans la transposition entre deux langues. Je ne sais pas si c'est le cas ici. Je songe par ailleurs à éventuellement lire cette série en anglais, puisque ce premier tome se lit bien et rapidement. J'ai trouvé le style un peu simple, léger je dois dire. Je m'attendais à beaucoup plus que ça en fait. J'ai trouvé que cela restait très dépouillé pour un tel contexte. Certaines paroles et situations ne font certainement pas XIXème siècle. Les échanges secs entre les personnages sont toutefois amusants, et c'est cela qui me fait dire que les personnages disent un peu tous ce qu'ils pensent, contrairement à ce à quoi je m'attendais.
Loin d'être un coup de coeur, je suis contente d'avoir enfin lu un livre d'Anne Perry après avoir tant tant vu ses romans sur la blogosphère. Si le contexte m'attire, la façon dont est achevée l'histoire policière de ce premier tome est trop hâtive pour que je puisse davantage apprécier le roman.

Série Charlotte et Thomas Pitt, tome 1

Anglais

Tome suivant :
Le mystère de Callander Square


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lesalondeslettres 542 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine