Les fusions-acquisitions vont bon train

En anglais on appelle cela des Ť mergers & acquisitions ť (les M&A) ce qui signifie en bon français les fusions-acquisitions (F-A). J’avais débuté cette chronique en faisant un focus sur la cession d’une partie du groupe allemand SGL Carbon ŕ un spécialiste canadien des aérostructures, en l’occurrence Avcorp qui revient donc avec cette acquisition de plain-pied dans le domaine des aérostructures en composites aprčs avoir fait une premičre acquisition dans ce secteur avec Comtek Advanced Structures en 2007. Ce dernier exploite deux sites de production l’un ŕ Burlington en Ontario, l’autre ŕ Phoenix en Arizona. Cette vente se fait ŕ perte pour l’Allemand SGL Carbon qui cčde sa filiale américaine Hitco Carbon Composites (qui représente les activités aérostructures) pour un prix de vente négatif de 47 millions de dollars, soit 43 millions d’euros. SGL Carbon ne publie pas le chiffre d’affaires de sa filiale Hitco Carbon, mais les estimations pour 2013 s’élevaient ŕ moins de 60 millions de dollars, date ŕ laquelle elle intégrait encore une filiale, Rostec, qui a été cédée en 2014.
Selon l’agence Bloomberg, cette cession d’activité fait suite aux retards récurrents qu’ont connu, et que connaissent d’ailleurs encore, les programmes 787 de Boeing et F-35 de Lockheed Martin. Pour ces appareils, Hitco fournit en effet des panneaux de voilure et de fuselage ainsi que diverses autres pičces structurales. A Gardena, oů sont employées 550 personnes, la firme ne réussit pas ŕ équilibrer ses comptes avec notamment les investissements consentis pour ces deux programmes.
Męme si la journaliste Viveca Novak du Centre pour l'intégrité publique (Center for Public Integrity) rétorque ŕ ceux qui se posent la question de savoir s’il est raisonnable de poursuivre le programme de l’avion de chasse F-35, que ce programme d’armement a été en 2014 une année record pour l'entrepreneur principal du JSF Lockheed Martin (contribuant ainsi ŕ hauteur de 4,1 millions de dollars de ses revenus) ou encore Northrop Grumman également ŕ hauteur de 4,1 M$, United Technologies (UTC) pour 2,1 M$ ou męme BAE Systems pour 1,4 M$, il n’en reste pas moins que les vicissitudes de ces programmes américains ont eu raison de la patience de l’Allemand SGL Carbon propriétaire du fournisseur Hitco Carbon.
De son côté le groupe UTC a jugé inopportun de conserver dans son périmčtre l’hélicoptériste Sikorsky (un chiffre d’affaires de 7,5 Md$) qu’il vient d’accepter de céder ŕ Lockheed Martin pour la somme rondelette de 9 milliards de $, męme si cette somme est ramenée ŕ 7 Md$ aprčs la prise en compte des taxes sur les bénéfices engendrées par la transaction. Le premier estime que Sikorsky ne satisfait plus aux critčres de rentabilité qu’il s’est fixé (voir la chronique d’Aeromorning du 13 mars 2015) tandis que le second groupe dont la présidente exécutive est la trčs charismatique Marillyn Hewson affirme que Ť les activités de Sikorsky s’insčrent tout naturellement dans le portfolio de Lockheed ť.
C’est encore pour d’autres raisons qu’hier 28 juillet, on apprenait que le groupe néerlandais fokker Technologies va passer dans le giron du britannique GKN et plus particuličrement de sa filiale aéronautique GKN Aerospace. Cette vente relčve semble t-il purement d’aspects financiers pour son partenaire financier Arle Capital Partners qui souhaite ŕ un moment approprié récupérer son investissement et les bénéfices qui vont avec, tandis que pour l’acquéreur GKN il est question de faire franchir ŕ sa division Aerospace une nouvelle étape qui la place dans les deux premiers fournisseurs d’aérostructures mondiaux en s’octroyant la seconde place derričre l’Américain Spirit AeroSystems.
L’acquisition se fera pour un montant de 706 millions d’euros alors que le chiffre d’affaires de l’entreprise s’est établi ŕ 758 M€ en 2014. Elle complčte non seulement GKN Aerospace dans des activités d’aérostructures - cela conforte l’implication de GKN Aerospace sur des programmes phares tant civils que militaires, a expliqué Kevin Cummings CEO de la branche, mais elle renforce aussi son implantation géographique tant en Europe, qu’en Amérique du Nord et qu’en Asie. Et au niveau technologique, l’apport de Fokker Technologies lui confčre dorénavant des compétences dans le domaine du câblage aéronautique (il détient la 3e position derričre Safran-Labinal et Latécočre-Latélec).
Des fusions-acquitions qui vont bon train et qui laissent entrevoir que le phénomčne est loin d’ętre terminé.
Nicole Beauclair pour AeroMoring