Par Claude-Marie Vadrot - 29 juillet 2015
Il y a le maïs qui grille au soleil en dépit des arrosages intensifs, les agro-industriels n’ayant pas encore compris que 85 % de l’eau s’évapore dans l’air ou bien sur le sol durci par la sécheresse. Mais on ne va pas pleurer sur les supporters de Xavier Beulin, le président de la FNSEA qui essaie de faire croire qu’il est encore agriculteur ; alors qu’il n’a plus rendu visite à ses 500 hectares beaucerons de maïs ou de colza, depuis des années, qu’il est président de la Sofiprotéol qui produit la majeure partie du biodiesel en France et contrôle en partie le semencier Limagrain avec lequel ce « paysan » a organisé l’obligation de redevance aux agriculteurs utilisant leurs semences récoltées. Il est aussi, entre autre responsabilité, président du port maritime de La Rochelle et de Franceagrimer qui contrôle l’essentiel de la filière des produits de pêche et de mer en France. Ce n’est pas tout et c’est pourtant ce personnage qui descend de sa belle voiture pour haranguer les paysans qu’il manipule et disserter devant les journalistes sur les pauvres paysans et sur la sécheresse. Laquelle est aggravée par les prélèvements illégaux dans les nappes et surtout dan les cours d’eau qui ne parviennent plus toujours à leurs affluents ou à leurs embouchures.
Monsieur Beulin ne verse des larmes de crocodile que sur les gros agriculteurs et les coopératives gigantesques qu’il alimente de ses produits pour nourrir le bétail. Or, ceux qui souffrent et vont encore souffrir ce sont les paysans qui font encore confiance à l’herbe et au foin, un élément essentiel dont la première récolte a souffert d’un manque de 60 à 80 % selon les régions. Un déficit qui touche en général les producteurs déjà étranglés par les négociants en viande et les grandes surfaces. Une pression accentuée par les importations en provenance d’Irlande, des Pays Bas, de Pologne et de Nouvelle-Zélande. On en passe et pas des meilleures…
L’autre aspect de la catastrophe liée à la sécheresse en cours, une sécheresse de la terre qui ne sera annulée par quelques orages, l’eau ruisselant sur une surface durcie par le manque de précipitations, c’est la perte de biodiversité qui attend toujours le texte de loi censé la protéger. Biodiversité qui reste le cadet des soucis du législateur français ; et surtout de la FNSEA qui martèle ses protestations contre la règlementation environnementale (française et européenne) qui n’est pourtant guère appliquée par les grandes exploitations. Au point que ces assassins de la nature réclament à cors et à cris d’autres « fermes » industrielles rassemblant des centaines, voir des milliers d’animaux livrés à la mécanisation des robots de traite qui martyrisent les animaux, supprime des milliers d’emplois agricoles et contribue à l’endettement des paysans. Des espèces végétales et une partie de la petite faune sauvage disparaissent donc tandis que des milliers d’oiseaux meurent de soif avec la disparition et l’assèchement des mares et des étangs.
Ce que ne voient pas ou ne veulent pas voir les politiques et les agriculteurs industriels, c’est que, conséquence du dérèglement climatique, les sécheresses seront de plus en plus forte et surtout de plus en plus fréquentes et que les arbres touchés et pour l’instant encore épargnés par les incendies, dépériront progressivement pour mourir dans quelques années. La conférence sur le climat que prépare le gouvernement français, ne suffira pas –par miracle- à mettre un terme au déficit de pluie qui atteint actuellement 60 %, et à la catastrophe en cours. Au point qu’elles inquiètent fortement Electricité de France au moment où la Loire ne débute plus que 58 mètres cubes, qui ne sait plus comment assurer le refroidissement de ses centrales nucléaires…
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