Zoo est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis la fin juin sur les ondes de CBS aux États-Unis et CTV au Canada. Tout commence au Botswana, alors que le zoologiste Jackson Oz (James Wolk) et son meilleur ami Abraham Kenyatta (Nonso Anozie) sont témoins d’une attaque perpétrée par une bande de lions à l’encontre de touristes. Puis, il se trouve que les agressions animalières se multiplient un peu partout sur la planète, sans raison apparente. Avec d’autres acteurs à l’international, un petit groupe tente justement de percer le mystère. Adaptation du roman éponyme de James Patterson et Michael Lewidge, Zoo est probablement le plus gros divertissement de l’été, dans le sens où il ne faut absolument pas la prendre au sérieux. Certains acteurs jouent très mal, les attaques de bêtes sont peu convaincantes, voire inexistantes et l’intrigue est aussi confuse que le nombre de pays filmés.
On est loin de The Birds
La seule touriste survivante à l’attaque au Botswana est Chloe Tousignant (Nora Amezeder), qui est aussi analyste du renseignement pour le gouvernement français et voilà qu’elle et Jackson seront amenés à se retrouver plus tard à Tokyo. C’est que le père de ce dernier Robert (Ken Olin) y est réfugié quelque part : autrefois professeur émérite, on l’a quasiment interné après qu’il ait dévoilé des recherches comme quoi les animaux s’apprêtaient à prendre leur revanche sur l’être humain. Étant la risée de tous à l’époque, il est dorénavant plus que jamais pris au sérieux.
Mais voilà que les lions n’attaquent pas que la savane africaine. En effet, deux félidés se sont récemment échappés d’un zoo de Los Angeles et ont aussi attaqué des humains. Sur place, c’est le vétérinaire Mitch Morgan (Billie Morgan) et l’ex-journaliste Jamie Campbell (Kristen Connolly) qui enquêtent et cette dernière est persuadée que le comportement erratique des animaux en général est dû aux pesticides utilisés dans leurs nourritures et fabriquée par la multinationale Reiden Global. En tous les cas, les attaques se propagent à la terre entière (chiens, chats, chauve-souris, hippopotames) et tous les animaux semblent maintenant comprendre le langage humain.
Zoo est en quelque sorte victime de son propre concept qui du point de vue télévisuel était déjà voué à l’échec. C’est qu’à la base, l’accent aurait dû être mis sur les attaques animales et non l’enquête. Qu’est-ce qui fait en ce moment l’immense succès de Jurassic World tout comme la franchise Jurassic Park juste avant elle? Ce sont justement ces attaques, ces événements spectacle qui en mettent plein la vue aux téléspectateurs, au détriment d’un scénario parfois médiocre. Le même argument pourrait s’appliquer au chef-d’œuvre de 1963 d’Hitchcock The Birds dans lequel des oiseaux s’étaient mis à attaquer sans raison apparente les habitants de Bodega Bay. Et bien que les protagonistes se questionnent par moments sur le pourquoi de telles confrontations, ça ne demeure jamais que secondaire à l’histoire. Au pire, il n’y a pas d’explication, sinon que ces oiseaux sont en train de gagner la partie, comme le suggère la dernière scène très poignante.
Quant à l’enquête, pour qu’elle nous intéresse, il faut justement que l’on compatisse à l’intensité de la cause. Par exemple, les adhérents au culte de Joe Carroll dans The Following commettent des crimes abjects, si bien que le travail des policiers pour arrêter les malfrats se révèle d’autant plus primordial. Dans Zoo, à chaque fois qu’une attaque se prépare, qu’il s’agisse de lions, de chauve-souris, etc. on passe à la pause et au retour, le mal est déjà fait. Donc, des scènes graphiques s’imposeraient pour cette histoire et on nous les cache. Pire encore, dans la logique de notre sensibilité du XXIe siècle, montrer à l’écran de la violence commise à l’égard des animaux n’est pas chose aisée, ce qui fait que les attaques sont à sens unique. Par exemple, dans les premiers épisodes, on voit une vingtaine de chats se poser sur le lit d’une fillette endormie, prêts à la tuer. On imagine mal d’autres protagonistes éliminer ces jolies petites bêtes (strangulation, balle dans la tête, coups de couteau, etc.), aussi cruelles soit-elles!
On en rit presque
Zoo n’en est pas à une incongruité près, si bien que ça mérite d’en compiler quelques-unes ici. Par exemple, on apprend que deux lions dans un zoo de Los Angeles ont pris la fuite et pourtant l’établissement est resté ouvert au public.
Sinon, en Afrique, le même animal menace Jackson et Chloe qui en voulant se sauver, tombent dans un ravin de plusieurs mètres de profondeur. La chute semble extrême, mais à la scène suivante, ils sont en train de prendre le thé comme si rien ne s’était passé.
Abraham aussi a été attaqué par des lions, mais ne s’en sort que grièvement blessé. En attendant, un de ceux-ci le prend par le col et réussit à le poser sur les branches d’un arbre afin qu’il se repose…
À la fin de l’épisode #3, des loups usant d’un subterfuge parviennent à s’introduire dans une prison à sécurité maximale. Tout d’un coup, tous les gardes de sécurité se mettent à s’enfuir comme des mauviettes et plus invraisemblablement encore, pas un n’a un fusil sur lui qui aurait pu permettre d’éliminer quelques prédateurs.
Enfin, un petit commentaire sur la performance de certains acteurs. Si James Wolk ne s’en tire pas trop mal étant donné les circonstances, Nora Arzeneder en revanche n’est absolument crédible et lors de son premier monologue sur l’attaque de lions, les yeux vers le bas, comme si elle lisait son texte; risible, oui. Mais les pires acteurs sont assurément les animaux en général. On ne croit pas une seule seconde que les chats veulent du mal à la jeune fille, pas plus que le petit chien, propriété d’une famille slovène ne puisse envoyer le père à trépas. Des effets spéciaux auraient été requis, mais on est l’été et donc un peu plus avare sur ce genre de détails techniques.
C’est sûrement dû au manque de compétition, ou alors que les Américains en général ont oublié que d’excellentes séries foisonnent en ce moment sur le câble (UnReal, Mr Robot, Deutschland 83, Complications, etc.), mais Zoo pourrait bien être la série de l’été en terme de chiffres puisque le pilote a attiré 8,18 millions de téléspectateurs et que les semaines suivantes les épisodes se sont maintenus à un taux honorable (7,76 semaine 2, 6,58 semaine 3, 6,69 semaine 4). De plus, en incluant les enregistrements, la nouveauté de CBS a trôné au premier rang trois semaines consécutives auprès des 18-49 ans et 25-54 ans.