30 JUILLET 2015 | PAR AMÉLIE POINSSOTLa Troïka, que Syriza avait promis d'écarter du pays, est revenue à Athènes cette semaine. Objectif : préparer le nouvel accord de prêts et de mesures budgétaires qui doit être entériné d'ici le 20 août à Bruxelles. Au centre de ce « mémorandum » figure un nouveau programme de privatisations. L'histoire se répète.« Un plan complet jusqu'en 2015 va être finalisé, il vise un programme complet de privatisations à hauteur de 50 milliards d'euros pour la période 2011-2015 – parmi lesquels au moins 15 milliards pour 2011-2012. » Comme un goût de déjà-vu… À quatre années près, ces propos auraient pu être tenus le 13 juillet dernier, date de l'accord signé entre Athènes et ses créanciers. Dans le texte final de l'accord trouvé au sommet de la zone euro au terme de 17 heures de négociations, on découvre en effet la mise sur pied d'un programme de privatisation d'actifs censé générer « 50 milliards d'euros »… Sauf que les propos sus-cités ont été formulés en février 2011, par la voix des représentants de la Troïka (Commission européenne-BCE-FMI), alors en visite à Athènes. À la surprise générale, le triumvirat d'experts annonce alors, devant une assemblée de journalistes et sans autre forme de procès, la création d'un programme de privatisations censé dégager, déjà à l'époque, 50 milliards d'euros de revenus…Un fonds sera créé, le Taiped (HRADF en anglais). Il prendra ses fonctions en juillet 2011 et sera chargé, au départ, de la vente de trente-trois entreprises ou lots fonciers (sous la forme de cession complète, de concession, ou de prise de participation). À sa tête, cinq présidents différents se succéderont en à peine quatre ans, symptôme d'une gestion acrobatique et sous pression politique. Les ventes mettront deux ans à décoller, le fonds procédera péniblement à 16 ventes d'actifs, et ses recettes n'atteindront jamais les niveaux escomptés, pourtant constamment revus à la baisse depuis sa création.Car très vite, l'objectif descend à 19 milliards d'euros, puis à 9,5 milliards. Les grandes entreprises publiques visées par ce processus, comme la société de distribution d'eau d'Athènes (EYDAP), celle de Thessalonique (EYATH), celle d'électricité (DEI) sont toujours dans le giron de l'État. Seules deux ventes de grande ampleur ont été réalisées, l'an dernier : une concession de 40 ans sur 14 aéroports régionaux au profit du groupe allemand Fraport-Slentel, et la vente du vaste terrain d'Elleniko (ex-aéroport d'Athènes et terrain des anciennes installations olympiques), au profit de Lamda Development, gros investisseur foncier grec. Dans le même temps, le portefeuille du Taiped ne cesse pourtant de s'étoffer. Il compte actuellement un millier d'entreprises ou lots fonciers.
