Vivre à Dubaï, c’est aussi l’occasion de découvrir des coins du monde encore peu explorés, préservés du tourisme de masse et profondément authentiques. C’est le cas du Sultanat d’Oman, un pays magnifique que nous avons eu le bonheur de parcourir à plusieurs reprises lors de notre expatriation familiale à Dubaï. Notre billet d’aujourd’hui porte, plus spécifiquement, sur la péninsule de Musandam, surnommée « la région des fjords d’Arabie » ou encore « la Norvège d’Arabie ». Il s’agit d’une enclave du territoire d’Oman, située à la pointe septentrionale des Émirats Arabes Unis. Afin de découvrir les fjords de la région de même que les richesses de sa faune marine, la croisière en boutre est, à nos yeux, un incontournable. Que vous ayez ou non le pied marin, nous vous invitons à embarquer avec nous vers des paysages à couper le souffle. Pour ce faire, nous vous proposons une petite excursion à partir de Khasab afin de découvrir l’île du Télégraphe.
Mais d’abord, qu’est-ce qu’un boutre?
Un boutre (aussi appelé dhow) est un bateau traditionnel avec une coque en bois, dont certains possèdent une terrasse à l’étage. Le pont de ce type de bateau est aménagé dans un style arabe, avec un tapis en son centre et plusieurs coussins tout autour. On peut s’asseoir ou s’allonger en périphérie ou alors circuler facilement au milieu, en profitant de l’espace ouvert et ombragé afin d’admirer les différents paysages que les montagnes nous offrent. C’est un cadre idéal avec des enfants, car ils sont libres de leurs mouvements et peuvent jouer ou faire la sieste tranquillement. Le bateau navigue lentement le long des fjords, nous permettant ainsi d’être en parfait accord avec la nature environnante. À bord, l’hospitalité des Omanais, largement reconnue par les touristes qui s’aventurent dans ce coin du monde, est à l’honneur. Vers midi, un buffet est servi aux passagers et propose des viandes grillées, du riz, de la salade, des fruits, des boissons fraîches et du thé. Sur le chemin du retour, alors que le soleil se couche sur la mer et les montagnes, nous sommes invités à danser au son d’une musique endiablée, curieux mélange de chansons populaires et traditionnelles. La peau et les cheveux clairs de nos garçons font en sorte qu’ils sont souvent l’attraction principale des membres de l’équipage, qui s’amusent à les prendre en photos ou à les initier à la navigation. Bref, tout se déroule dans une ambiance fort sympathique, peu importe l’excursion choisie (du moins, selon nos expériences!).
Port de Dibba, les boutres attendent leurs passagers Les coussins colorés, sur lesquels nous regardons les fjords, confortablement installés Complicité père-fils sur le pont du boutre Notre fils aîné, initié à la navigation par l’équipage C’est la fête! À noter, à droite, les locaux qui prennent notre fils qui danse en photoDibba ou Khasab : quel port choisir?
Située au Nord du Sultanat, Khasab est la capitale de la péninsule de Musandam. On peut y accéder par la route, à partir de Dubaï, en passant par les paysages montagneux de Ras Al Khaïma (environ 2h30). Dibba est, pour sa part, située sur la Côte Est de la péninsule et est accessible par la route à partir de Dubaï, en passant par Fujaïrah (environ 90 minutes).
Deux ports pour amorcer une croisière dans la péninsule de Musandam : Khasab (en vert) et Dibba (en jaune)Étant donné la proximité de ses paysages montagneux, nous avons exploré la péninsule de Musandam à plusieurs reprises lorsque nous vivions à Dubaï, que ce soit lors d’un road trip dans les montagnes ou de croisières en boutre. Nous avons donc eu l’occasion de faire des excursions à partir de Khasab et de Dibba. À nos yeux, chaque destination présente ses avantages. Le port de Dibba est plus facilement accessible à partir de Dubaï. La distance à parcourir est moins longue, ce qui peut constituer un avantage non négligeable avec des enfants, mais on peut surtout y accéder sans visa ou passeport, ce qui représente un argument de taille pour ceux qui ne souhaitent pas multiplier les démarches administratives. Le port de Khasab est, quant à lui, situé dans le détroit d’Ormuz, qui relie la mer d’Arabie au Golfe d’Oman. Les fjords y sont spectaculaires et il est très rare de ne pas y croiser de dauphins, qui se font plus rares lors des croisières organisées à partir de Dibba. En bref, tout dépend de vos goûts et de vos priorités, mais nous gardons des souvenirs extraordinaires de ces deux expériences… Avec un petit coup de cœur pour l’excursion à partir de Khasab que nous avons choisie pour ce billet!
Une journée de croisière en boutre à partir de Khasab
Nous sommes arrivés à Khasab la veille de notre croisière en boutre, avec l’impression de découvrir un autre monde. Après quelques mois à Dubaï, le contraste était saisissant : très peu de touristes, le calme, la nature… Et quelle nature! Des montagnes souvent grises, parfois dorées, découpées dans un ciel bleu et qui plongent dans une mer turquoise. Nous étions déjà sous le charme de ce lieu à l’apparence dépouillée, mais qui semblait avoir tant à offrir. Nous nous sommes installés au bord de la mer pour camper, ce qui nous a permis, au petit matin, de voir le soleil se lever sur la mer. Il n’y avait que nous… Ainsi que quelques oiseaux, des pêcheurs et des chèvres, qui nous regardaient d’un air curieux du haut des montagnes. Des instants magiques!
Vue plongeante sur le fjord, du haut d’un belvédère Alors que le soleil se lève sur la mer, quelques pêcheurs sont déjà à l’œuvre Notre fils aîné joue dans le sable en pyjama, regardant les oiseaux Le soleil se lève sur la mer, entre les montagnes Les chèvres nous regardent d’un regard curieux, du haut des falaisesArrivés au port de Khasab, nous avons eu droit à des sourires et des salutations chaleureuses des pêcheurs locaux, fiers de nous montrer leurs dernières prises. Il y avait beaucoup de brouhaha et l’échange de marchandises allait bon train. Un peu plus tard, une fois montés sur le bateau, nous avons appris que de nombreux contrebandiers sont présents dans cette zone. Il faut dire que le territoire de Khasab est stratégiquement situé, à quelques heures de Dubaï et quelques kilomètres des côtes iraniennes. Mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter, Oman demeure malgré tout l’un des pays les plus sécuritaires du golfe.
Les boutres du port de Khasab, Musandam Les pêcheurs nous saluent chaleureusement, Port de Khasab Les pêcheurs nous montrent leurs récentes prises, Port de KhasabAprès quelques consignes d’usage, nous sommes partis découvrir le « Khor Sham » et ses îlots. En arabe, khor (khwar au pluriel) signifie fjord. En route, d’étonnantes formations rocheuses apparaissaient et leur aspect évoquait différentes formes : dômes, icebergs, poissons, grottes… De quoi stimuler l’imagination des enfants! En voguant lentement le long des fjords, nous avons également eu l’opportunité d’apercevoir des villages de pêcheurs, composés d’antiques maisons de pierre, accessibles uniquement de la mer. Afin de perpétuer les traditions du pays et d’encourager les habitants à vivre sur place, le sultan Qaboos leur fournit gratuitement l’électricité et leur fait livrer de l’eau par bateau citerne. Coupés du reste du monde, ces habitants, membres de la communauté des Shihuh, élèvent quelques chèvres tout en tentant de vivre des produits de la pêche. Quelques bateaux, amarrés le long de la mer, leur permettent de pêcher ou encore de se rendre à Khasab pour se ravitailler et scolariser leurs enfants.
Nous voguons tranquillement le long des fjords Nous voguons tranquillement le long des fjords Le bateau avance lentement et nous permet d’apercevoir des formations rocheuses qui évoquent différentes formes Voyez-vous, comme nous, une tête de poisson? Nous apercevons des villages de pêcheurs, accessibles seulement par la mer Les maisons blanches des pêcheursNous avons finalement fait un arrêt à l’île du télégraphe (Jazirat al-Maqlab) afin de faire de la plongée en apnée. Nommée ainsi parce qu’elle abritait autrefois un poste de télégraphe britannique, relié par câble sous-marin au Pakistan et à l’Inde, l’île se résume aujourd’hui à un champ de ruines. Nous y avons accédé à la nage, en portant attention aux rochers très coupants qui la bordent. Les enfants étaient heureux de se rafraîchir en plongeant dans l’eau chaude et limpide afin d’apercevoir des poissons-chirurgiens, des poissons perroquets et des oursins.
L’île du Télégraphe, Musandam Les ruines de l’île du Télégraphe Un petit tour dans l’eau pour découvrir la faune marine de la région Nous découvrons de nombreux poissonsAu retour, nous avons croisé de nombreux dauphins qui faisaient la course avec le bateau. Ils sautaient vers nous, attirés par les sifflets de l’équipage, laissant apparaître leur ailerons luisant sous le soleil. Un spectacle magnifique!
Les dauphins de Musandam viennent nous saluer Les dauphins de Musandam viennent nous saluer Les dauphins de Musandam viennent nous saluerC’est ainsi que notre première aventure à Musandam s’est terminée. La prochaine fois, je vous parlerai de nos excursions à Dibba, où nous avons eu l’occasion de pêcher, de faire du banana boat et d’apercevoir des chèvres grimpant aux arbres.
Choukrane (merci) Musandam!