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La radicalisation des péquistes

Publié le 02 août 2015 par Jclauded

Depuis la venue de Pierre Karl Péladeau (PKP) en politique québécoise, la qualité des débats et des expressions d’opinions s’est accélérée mais plus souvent qu’autrement dans la mauvaise direction.PKP, devenu, en peu de temps, le chef du parti Québécois a généré une avalanche d’opinions de toutes sortes. Pour les séparatistes endurcis, il est celui auquel « le peuple québécois ne pourra résister à l’attrait », celui que ce dernier « attend depuis longtemps », un « winner », celui qui « modifie la donne politique », celui dont l’« image est si forte et si profondément enracinée » que les fédéralistes « ne parviendront qu’à l’égratigner légèrement ». Il est le nouveau « seigneur », « une légende » vivante, en somme le nouveau Messie. Ils sont hypnotisés par le fait que PKP est riche, milliardaire, et pour eux cela en fait une être supérieur, un leader naturel de la nation, l’homme qui va amener les québécois vers la terre promise. Ses dures positions passées contre les syndicats pour favoriser son conglomérat d’affaires sont amoindries et toutes deviennent des actions faites dans le meilleur intérêt de la nation.Et si un péquiste émet une opinion sur la possibilité que PKP se retrouve, comme chef politique, en conflit d’intérêt en raison de sa propriété de médias importants, il est aussitôt qualifié de « sournois » comme l’a été l’ex-ministre péquiste Jean-François Lisée.Pour ces séparatistes qui recherchent une nouvelle espérance de référendum, PKP représente « le plus grand espoir depuis les années 1960-70 », soit depuis le début de la révolution tranquille. Ce n’est pas peu dire si on pense à Lesage, Lévesque, Parizeau, Bouchard… Tant qu’à beurrer, beurrons !Ces qualificatifs exagérés sont aussi souvent méchants comme l’ont constaté, lors de la course à la chefferie du PQ, les adversaires de PKP : Bernard Drainville, ex-journaliste et ex-ministre du gouvernement Marois; Martine Ouellet, ingénieure et ex-ministre des Ressources naturelles ; Alexandre Cloutier, avocat constitutionnel et ex-ministre aux Affaires intergouvernementales canadiennes et Pierre Céré, journaliste. Ces quatre candidats, bien éduqués et appréciés par beaucoup de Québécois, avaient tous rempli avec succès des tâches importantes dans leur vie. Pourtant, les purs et durs du site internet Vigile, qui avaient pris ouvertement position pour PKP et devenus son principal appui, les ont qualifiés de « petits ambitieux, rêveurs, utopistes » qui risquent « de démolir leur crédibilité et leur carrière politique s’ils persistaient à vouloir affronter PKP ». Ils ajoutaient : « l’indépendance ne pouvait pas être confiée à des amateurs, des fantaisistes, des illusionnistes, des carriéristes ou des chauffards ». « Ils font le jeu des fédéralistes… ». « D’autres plaident la nécessité d’un débat sur les orientations du parti, autant de prétextes cousus de fil blanc pour masquer des ambitions carriéristes mesquines et des postures idéologiques revanchardes… » « Tout à leurs petits calculs personnels, ces aspirants ne voient pas ce que représente la candidature PKP dans l’imaginaire collectif des Québécois ». « Ils sont des aspirants très déconnectés de la réalité… qui tententde forcer leur chance en insistant sur la tenue d’une course au leadership dont il est assuré qu’ils vont faire les frais ». « S’ils ont deux sous de jugeote, ils vont s’effacer et lui (PKP) donner gracieusement la place ». « Quelques soient leurs mérites personnels, et ils en ont, ils ne sont pas de taille à se mesurer contre lui… ». Puis, pour ajouter la crème sur le gâteau, ils ont émis leur argument marteau : « PKP s’impose comme l’homme de la Providence ». Merci, mon Dieu !La direction de Vigile en utilisant un ton aussi arrogant envers les aspirants au leadership péquiste et en les insultant, n’a fait qu’alimenter les braises de la discorde dans le parti Québécois. A nouveau enflammée, elle s’est traduite par l’amplification d’une attitude radicale et intolérante d’une frange de péquistes envers ceux qui ne pensent pas comme elle. En somme, cette dernière agit comme si elle seule a raison et que le temps est venu de se soumettre et de suivre sans mot dire. Elle ne tolère ni le doute, ni la dissidence et encore moins les questions. C’est ce que dénonçait le jeune étudiant et militant Gabriel Nadeau-Dubois en qualifiant « une certaine partie du mouvement indépendantiste d’exclusive et de xénophobe ». Depuis, il est victime, dans les réseaux sociaux, d’attaques personnelles au ton acrimonieux qui deviennent véhémentes, insultantes, irrespectueuses et nombreuses. L’intolérance et la radicalisation s’affichent au grand jour envers ceux qui osent critiquer la stratégie politique, le parti, le chef du PQ ou qui ne sont pas en accord avec l’option politique.Vincent Marissal, le chroniqueur du journal La Presse a aussi détecté cette situation déplorable qui se développe depuis la venue de PKP. Pour juger de son excellent texte allons voir Vigile pour savoir ce qu’on en dit. On lui reproche de vouloir créer une impression négative du PQ et de PKP. Pour faire cette démonstration, on juxtapose des expressions ou des mots de son texte comme « militantisme sectaire et fielleux », « radicalisation », « détestation », « ressentiment », « intolérance », « manque de loyauté », « brailler », « fiel », « hargneux », « enragé », « etc… ». On ne revoit pas chaque argument, ni le nie, ni le contredit mais on en retire un mot pour faire le puzzle que Marissal a supposément dans sa tête et qu’il veut, à ce qu’ils affirment, défavorable aux séparatistes. Et lorsque Marissal, en conclusion, invite tous les Québécois à la « modération » et au « sens des affaires », on qualifie ses propos de « tartufferie » et « d’une invitation à se soumettre pour être mieux tondu ». Les séparatistes nous voient encore comme des moutons !Marissal n’est pas le seul à passer dans le tordeur puisqu’il est accompagné des chroniqueuses Lysiane Gagnon, Nathalie Petrowski et du chroniqueur Denis Lessard, tous des journalistes renommés et d’envergure. En réalité, ces professionnels de la presse peuvent écrire ce qu’ils veulent et ils n’accepteraient pas que ce soient autrement. Voilà pourquoi ils sont, tour à tour, dénigrés, salis et ridiculisés par les péquistes qui cherchent à nous faire croire que leur vrai problème est qu’ils sont au service de La Presse qui appartient à une compagnie de la famille Desmarais du défunt Paul Desmarais qui était fédéraliste. Donc, pour eux, il est impossible que ces journalistes soient consciencieux et de vrais Québécois. Ils ne peuvent qu’être des vendus aux Desmarais et, par conséquent, des ennemis. Et s’ils n’étaient pas à La Presse, pensent-ils, ils seraient tous compétents et sûrement séparatistes !PKP a décidé de frapper de front la famille Desmarais. Pour lui, elle est le vrai leader du mouvement fédéraliste du Québec et il se doit la peindre et de la dénigrer sans cesse pour qu’elle devienne dans l’esprit des Québécois, l’ennemi No.1 du Québec. Ainsi, s’il réussit, pense-t-il, tout article négatif contre lui ou son parti sera rejeté du revers de la main par les Québécois qui sauront que ce ne sont pas les journalistes qui écrivent leurs textes mais que c’est la famille qui leur dicte. C’est une stratégie électorale honteuse, vicieuse et dangereuse car elle est à la base d’une campagne de dénigrement de personnes honnêtes et intègres (propriétaires, journalistes et autres) dont le but est de démontrer faussement qu’ils n’agissent que par intérêt personnel et non pas au nom du meilleur intérêt de l’ensemble des Québécois.Ce genre de politique machiavélique ne peut porter des fruits et ceux qui l’ont imaginée se trompent. Les Québécois ne sont pas dupes et puniront ceux qui les trompent sciemment. Le débat politique au Québec est fort important pour les prochaines générations. Il se doit d’être sur des bases solides, démocratiques et évoluer dans le respect de l’opinion des autres. On peut avoir des idées différentes, on peut les proposer, s’opposer et débattre fermement mais on se doit de respecter, en tout temps, l’intelligence de tous les Québécois.
Claude Dupras
 


 

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