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Un weekend chez des amis inconnus

Publié le 04 août 2015 par Emmanuel S. @auxangesetc

Le weekend dernier, nous étions en famille à Arras chez des amis. La petite particularité de ce weekend était que, ces amis, nous ne les avions jamais rencontrés

Une belle histoire pour une rencontre improbable. J’y vois ici une nouvelle manifestation de mon Dieu, là où vous ne verrez peut être que du hasard. Les mystères de la Foi sont impénétrables après tout.

Tout a commencé lors de cette année 2014, annus horribilis. Le problème pendant la grossesse, les urgences, l’hospitalisation, la peur au ventre pendant 10 jours, la naissance puis le départ de nos jumeaux vers la vie éternelle où ils reposent en paix, l’horreur, le vide abyssal, le besoin de parler, de se faire comprendre tout simplement, puis l’inscription de ma femme sur un forum de parents endeuillés. Vous voyez déjà où je veux en venir. Elle finit par sympathiser avec une autre mamange.

L’histoire est similaire en tous points, à 15 jours d’écart: ils ont vécu la même histoire, 15 jours après nous, et à 15 jours de grossesse d’écart. Puis, une nouvelle grossesse, la naissance de notre princesse début 2015, la naissance de leur petit prince au cours du même mois de janvier 2015.

Les mamanges finissent par s’échanger leurs 06. Commence alors une longue relation amicale épistolaire (SMSienne plutôt) pendant plus d’un an. Aucun appel, pas de Skype, que des textos et quelques photos échangés. On est donc parti chez des gens à qui nous n’avions jamais parlé…

Après mûre réflexion, elles décident qu’il est grand temps de se rencontrer. Ils nous invitent donc chez eux, dans le Nord.

Au moment de partir, je vis une scène surréaliste avec ma femme:

moi: c’est quoi l’adresse?

elle: Arras!

moi: certes, mais il y a des rues là-bas non? Quelle rue?

elle: dans une impasse, tout au fond, un portail gris.

Merde, mon GPS n’a pas l’option impasse + portail gris à Arras, ça va être chaud de sillonner toute la ville pour trouver.

moi: il me faudrait quand même un nom de rue si ce n’est pas trop demander…

– elle: Jules Ferry! Non, Jules Verne! Ah non, attends, Jules Guesde!

Toujours une histoire de Jules finalement!

On peut donc partir. On a pris bien sûr 3 parapluies, la protection pluie pour la poussette, et des polaires pour le soir. J’ai ressorti mes pyjamas d’hiver. J’espère juste qu’on va éviter la neige et le verglas. C’est le NORD!! Oh my god, pourvu qu’ils ne parlent pas le ch’timi!!

Plus on approche, plus ma femme se stresse. C’est curieux car je suis au contraire détendu. Il y aura toujours un lien unique et indescriptible entre parents endeuillés. Cela ne peut pas mal se passer. On se comprend sans se parler.

On est reçu comme des rois. Tout est niquel, tout est organisé dans les moindres détails. Les repas sont gargantuesques (même pour moi!), on prend l’apéro à chaque fois, y’a du foot à la télé le soir. Bref, tout va bien. Il supporte le PSG mais je lui pardonne. Il y a même un chien (une femelle dominante) et deux chats.

Les gens du Nord n’ont pas usurpé leur réputation: ils sont accueillants, gentils, bienveillants. On est très loin de Paris, et ça se ressent. C’est agréable, paisible. On sait prendre le temps de vivre.

Le weekend passe très vite, entre balades en ville et discussions dans le jardin. On parle de tout, de nos jumeaux, de notre nouvelle vie de parents, de cette cicatrice indélébile et de la manière dont on apprend à vivre avec. Entre papas, les sentiments sont les mêmes finalement. Lui s’est noyé dans le travail, je me suis noyé dans la solitude et l’arrêt du sport pour rester avec ma femme. Pour chacun, un échappatoire salutaire, nécessaire, indispensable à notre survie. Le nouvel enfant ne remplace rien, ne fait rien oublier. Il comble un vide, un manque, et on peut enfin donner tout l’amour du monde à cet être chéri, tout en se demandant si on en fait pas trop et s’il deviendra un sale gosse.

On s’amuse à les mettre côte à côte. Ils sont tous les deux si souriants. Ma petite crie parfois, ce qui stresse le petit. Elle fait déjà peur aux garçons! On les mets à côté dans le parc, ils se cherchent de la main, s’attrapent, se sourient, jouent ensemble à leur manière. C’est vraiment émouvant toute cette innocence, cette découverte de l’autre. Ils se ressemblent étrangement, et on ne peut s’empêcher de penser qu’ils sont comme des jumeaux. Curieuses similitudes.

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Au final, le weekend a fait un bien fou. Cela faisait très longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien, coupé des emmerdes, du quotidien, de la routine.

Le retour sur Paris est brutal: deux accidents évités de peu (les bons Parisiens qui déboitent sans clignotant et sans regarder) et bien sûr les éternelles emmerdes familiales. Je préfère passer du temps avec mes amis proches, ils sont bienveillants eux au moins.


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