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Pourquoi la dette de la zone euro continue-t-elle d'augmenter?

Publié le 05 août 2015 par Blanchemanche
#dette #zoneeuro
La dette publique globale de la zone euro a augmenté entre 2014 et 2015.
©Philippe Huguen/AFP
Selon les chiffres publiés par l'institut Eurostat, la dette globale de la zone euro continue d'augmenter et atteint désormais 92,9% du PIB. Explications d'économistes.
Les politiques d'austérité se poursuivent, et pourtant la dette publique des pays de la zone euro continue d'augmenter. Selon les chiffres publiés par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, le 22 juillet, la dette publique de la zone euro a continué d'augmenter au premier trimestre 2015. Elle a atteint 92,9% du PIB de la zone euro contre 92% à la fin du quatrième trimestre 2014.Sans surprise, la Grèce a le ratio de la dette publique par rapport au PIB le plus élevé à la fin du premier trimestre 2015, avec une dette de 168,8% du PIB, un résultat qui doit néanmoins être relativisé puisque c'est celle qui connaît le recul le plus important de sa dette, -5,5% par rapport au PIB. Elle est suivie de l'Italie (135,1%) puis du Portugal (129,6%). Les ratios les plus faibles de la zone euro concernent l'Estonie (10,5%), et le Luxembourg (21,6%). La France, elle, se situe au-dessus de la moyenne des pays de la zone euro avec une dette publique de 93,5% par rapport à son PIB.crédit: Eurostat

L'effet contre-productif des politiques d'austérité

Pour Dominique Plihon, professeur d'économie financière et membre du groupe Les Economistes Atterrés, cette augmentation du ratio s'explique avant tout par les politiques d'austérité, largement mises en place dans les pays de la zone euro. «Le dénominateur du ratio, c'est-à-dire le PIB des pays, a souffert des politiques d'austérité qui l'ont fait stagner.» L'économiste poursuit: «Les plans d'austérité imposés à la Grèce pour réduire sa dette ont fait perdre au pays 25% de son PIB depuis 2010, entraînant une hause de son ratio de dette.»Une analyse que confirme Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE): «Les politiques d'austérité ont eu un effet contre-productif dans plusieurs pays de la zone euro et ont rogné sur la croissance. Les impulsions budgétaires se sont révélées très négatives en conjuguant une forte hausse des recettes fiscales et une baisse des dépenses.»

Un équilibre entre austérité et croissance, difficile à trouver

Pourtant, les politiques d'austérité se révèlent nécessaires selon Bertrand Blancheton, professeur à l'université de Bordeaux IV: «Elles doivent permettre de réduire les dépenses de l'Etat, trop élevées en particulier dans le cas de la France et également de rassurer les marchés sur la volonté du pays de se réformer et revenir à un excédent primaire» (excédent budgétaire, hors charge de la dette). Un équilibre difficile à tenir avec le maintien d'une croissance faible, et que les pays de la zone euro tentent de trouver depuis deux ans.Car si elle a entamé une timide reprise, la croissance de la zone euro n'est pour le moment pas suffisamment élevée pour impacter le ratio de la dette publique. «Tous les pays de la zone euro sont dans la même barque», résume Bertrand Blancheton, «leur croissance doit être plus dynamique sans pour autant renoncer à l'assainissement de leur finance et le retour à un solde primaire équilibré».

Revenir à un solde budgétaire primaire: véritable enjeu des pays de la zone euro

Un solde primaire excédentaire se produit lorsqu'un gouvernement affiche un équilibre budgétaire sans intégrer parmi les dépenses les intérêts servis sur la dette. C'est notamment le cas de la Grèce en 2014 ou encore de l'Italie. A l'inverse, de nombreux pays comme la France, l'Espagne ou les Pays-Bas, continuent d'afficher un déficit primaire et n'ont pas encore suffisamment réduit leurs dépenses. «Les perspectives de croissance s'améliorent pour 2016-2017», déclare Bertrand Blancheton, «les pays dont la France devront saisir cette dernière occasion d'assainir une bonne fois pour toute leurs finances s'ils veulent revenir à un excédent primaire.»

Quelle solution pour réduire la dette?

Dominique Plihon, membre d'ATTAC préconise une mutualisation des dettes européennes sous conditions. «Une solution pour alléger les dettes souveraines est de créer une agence européenne de la dette, capable d'émettre deseurobonds et de décharger les Etats de gros investissements concernant l'énergie ou les enjeux climatiques par exemple.»De son côté, Bertrand Blancheton estime que «seule une inflation maîtrisée nous permettra de réduire significativement la dette.»Pour Céline Antonin, il faut absolument résorber le déficit mais «il faut le faire avec un timing intelligent et en pénalisant le moins possible l'investissement public et privé». L'économiste estime qu'à force de trop se concentrer sur la résorption de ses dettes, la zone Euro en a oublié sa vocation de pôle d'investissement dans le développement et l'innovation.Pourquoi la dette de la zone euro continue-t-elle d'augmenter?Raphaëlle André
  • journaliste
http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/2015/07/30/29002-20150730ARTFIG00088-pourquoi-la-dette-de-la-zone-euro-continue-t-elle-d-augmenter.php#xtor=AL-155- [facebook]

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