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Le Chili pleure l’artiste Margot Loyola

Publié le 05 août 2015 par Anthony Quindroit @chilietcarnets
Margot Loyola, une grande dame de la culture chilienne (photo DR/Bibliothèque nationale du Chili)

Margot Loyola, une grande dame de la culture chilienne (photo DR/Bibliothèque nationale du Chili memoriachilena.cl)

Elle n’entendait plus très bien, avait les plus grandes peines du monde à se déplacer mais elle avait conservé son regard franc et son acuité intellectuelle : l’artiste chilienne Margot Loyola est décédée lundi 3 août 2015 à l’âge de 96 ans. Paisiblement.
Peu connue à l’international, cette grande dame du monde des arts était une icône au Chili où deux jours de deuil national ont été décrétés. Drapeaux en bernes – comme ceux du navire Esmeralda en escale à Rouen – pour celle qui a, comme une autre figure du patrimoine artistique chilien Violeta Parra, œuvré pour la préservation et la redécouverte du folklore chilien.
Compositeur, guitariste, pianiste, elle a parcouru le pays couloir à la recherche de partitions oubliées et de pas de danse séculaires. Son engagement pour la culture chilienne a été récompensé en 1994 du Prix national des arts musicaux ; une première pour une artiste dite folkloriste.
Si l’histoire retient surtout l’action de Violetta Parra, les deux femmes étaient très amies et s’admiraient profondément. Mais avaient des styles radicalement opposés, comme Margot le rappelait au cours d’une interview au journal La Tercera, en 2010 :

  • « Moi, j’aimais l’école, les salles de classe, les études, les salons. Elle, non. J’avais une voix travaillé car j’ai étudié avec Blanca Hauser et cela a marqué mon timbre. Elle, non. Pour elle, une folkloriste qui étudiait le chant était perdue. Elle me disait « vous chantez pour les riches ». Je lui répondait : « vous faites de la politique, pas du folkore. » Mais Violeta était un génie. Moi, non. »

Pour beaucoup, Violeta était la voix du terroir, du peuple, de la gauche. Margot Loyola était, quant à elle, considérée comme la voix des officiers bien qu’elle n’a jamais été politisée.
Discrète depuis quelques années, elle ne courait pas après les célébrations ni les commémorations. Chaque anniversaire, disait-elle, « est une année de moins à vivre. Une année de maturité de plus, bien sûr, mais une année de moins à vivre et la vie est trop courte. Ce n’est qu’un éclat dans le temps. »
Des milliers de Chiliens lui ont rendu hommage à Santiago au cours d’une grande cueca, la danse nationale, avant des obsèques nationales.
L’artiste Margot Loyola avait demandé à ce qu’il n’y ait pas de fleur pour la cérémonie. Elle voulait que chacun apporte un produit alimentaire à donner à une association d’aide aux plus démunis.


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