Quand Amazon avait proposé le pilote de Transparent au milieu de sa seconde salve de pilotes, je dois avouer que j’avais trouvé l’idée assez intéressant mais je n’avais pas pour autant été le plus grand des conquis. C’était sympathique, il y avait du potentiel mais il fallait en voir plus pour cerner véritablement si Transparent était la à la hauteur des attentes ou non. Par chance, la suite de la saison est de très bonne facture. Pire, elle est souvent brillante, incarnant à merveille les besoins de sa narration au travers d’un casting maîtrisant chaque recoin des personnages. La véritable prouesse est probablement celle de Jeffrey Tambor qui est juste époustouflant dans cette aventure assez unique ou celle d’un homme qui se travesti. Récompensée aux derniers Golden Globes, Transparent a fait sensation en plus d’être une série que personne n’attendait d’un acteur que personne n’attendait non plus. Créée par Jill Soloway, la série gagne certainement son réalisme et son intérêt de l’expérience personnelle de la créatrice qui a vécu une bonne partie des choses qui sont dépeintes ici. Mais cette série a beau être brillante, ce qu’elle a d’encore plus intéressante c’est sa façon de contrecarrer l’idée d’une série ronronnante pour en faire un véritable émerveillement.
Car oui, les divers portraits que peut faire Transparent au fil des épisodes sont uniques en leur genre, développés dans une atmosphère à la fois intimiste et originale, aux antipodes de toutes créations télévisuelles actuelles. On pourrait se retrouver proche de ce que Sundance peut produite chaque année comme pépite car il y a des ressemblances en termes de mise en scène, épurée à souhait. Morton veut briser le mensonge qui le ronge et dans lequel il est enfermé. Il n’est pas heureux mais a envie de l’être. Transparent est alors une quête à la fois pour la reconnaissance de ceux qu’il aime mais aussi du bonheur identitaire, de vivre sa vraie personnalité (celle d’être une femme dans le corps d’un homme) au grand jour. Transparent serait encore plus actuelle de nos jours depuis que Bruce Jenner est devenu Caitlin (et sincèrement, je pense qu’un second visionnage de Transparent s’impose, histoire de faire des parallèles avec cette véritable histoire que l’on suit dans une télé-réalité I Am Caitlin que je vous conseille, très loin de la télé-réalité domestique à laquelle nous sommes habitués. Mais pour en revenir à Transparent, la série cherche avant tout à prendre son temps et à ne jamais accélérer trop rapidement le tout au risque de perdre le téléspectateur.
Le but de Transparent est clair : nous plonger petit à petit dans un univers qui n’a pas vraiment d’égal. Ce qui est d’ailleurs étrange puisque le format de Transparent est assez court dans son ensemble et est très loin de la superficialité de bien d’autres séries qui, dans un format court, font des catastrophes en chaîne. Amazon démontre avec Transparent son ambition de faire des séries qui ont la capacité de rassembler plus que le grand public. Transparent est peut-être une série de niche au premier abord, mais elle aborde pourtant des sujets universels au coeur d’une famille tourmentée par une révélation qui pourrait très bien arriver à la votre un jour. Après tout, tout est possible dans la vie. Émotionnellement forte, Transparent est donc une sorte de ras de marée très différent de ce que l’on a pour habitude de voir et c’est assez rafraichissant. La fin de la première saison m’a cependant laissé un peu plus circonspect que le reste entre l’envie de me dire que la saison 2 pourrait changer la série et le fait que finalement je suis frustré de ne pas en avoir eu plus. Mais Jeffrey Tambor (et une bonne partie du casting qui l’accompagne) sont particulièrement bons chaque de leurs registres. Il est clair qu’il n’y a rien de tel en télévision pour le moment.