Ballet de tracteurs, rue des Clerc à Metz. Pas pour déposer du lisier… La Coordination rurale se désolidarise de la FNSEA et de ses actions chocs. Elle la considère même pour partie responsable de la situation actuelle.
05/08/2015Sylvain Frantz, président mosellan de la Coordination rurale, conduisait hier la délégation reçue au centre des impôts de Metz, rue des Clercs. « On demande une nouvelle exonération du Foncier non bâti, comme l‘an dernier. » Photo Marc WIRTZ
Vous placez-vous en marge des manifestations FNSEA ?Sylvain FRANTZ, président 57 de la Coordination rurale : « Nous ne cautionnons pas les actions de la FNSEA. On peut s’exprimer différemment plutôt que casser, salir et gêner tout le monde… Mais c’est sans doute plus facile de bloquer l’autoroute que de demander à un administrateur de manifester contre la politique de prix de sa propre coopérative… 21,8 cents le litre de lait en juillet, du jamais vu ! »Vous dites que la FNSEA a sa responsabilité dans la crise actuelle...« C’est la FNSEA qui a poussé vers une politique des prix bas pour aller sur le marché mondial. La Coordination rurale alerte depuis longtemps sur les risques de cette politique et la dérégulation des outils européens. »Vous parlez d’agrobusiness...« J’ai le sentiment qu’on organise la surproduction pour tirer les prix vers le bas. Produire toujours plus et moins cher a ses limites. Or, c’est la politique prônée par Xavier Beulin, président de la FNSEA. Sans doute plus conforme aux intérêts défendus par Avril-Sofiproteol, qu’il dirige, ou Unigrains, présidé par des syndicalistes haut placés de la FNSEA. L’agroalimentaire et les coopératives sont le plus souvent gérés par des agriculteurs déconnectés des intérêts de la base. »Vous demande-t-on de vous organiser différemment ?« S’organiser différemment, c’est ce qu’on a fait avec nos coopératives, en les regroupant. Aujourd’hui, elles ne représentent plus nos intérêts. On nous parle aussi de grandes exploitations, on nous vante les fermes de 400 vaches. Je ne suis pas contre La Ferme des mille vaches , par exemple, mais pas comme modèle. Plus une ferme est grosse, plus elle dépend de l’agro-fourniture, les spécialistes de la nutrition animale. L’agriculteur devient prisonnier du système. Alors qu’une structure de type familial peut gérer en toute indépendance son stock fourrager. »Vous devez pourtant vous adapter au marché mondial...« La FNSEA a poussé pour le marché mondial. Contrairement à ce qu’elle croit, le lait en poudre pour la Chine n’est pas pérenne. La technique, les Chinois sont en train de l’acquérir. C’est de l’Europe dont on a besoin, pas du monde. Xavier Beulin encourage les traités de commerce internationaux, comme le traité transatlantique qui ouvrira la porte aux produits US. On voit bien que la FNSEA défend les intérêts de l’agro-industrie et non plus de l’agriculture. Avril-Sofiprotéol investit beaucoup en Roumanie et au Maroc. La laiterie Bell a acheté des laiteries au Maroc et en Europe de l’Est. Les coopératives laitières françaises, satellites FNSEA, tiennent toutes des positions étrangères. Ce sont elles qui tirent les prix vers le bas et font de la marge. »Quelle solution, alors ?« La Coordination en appelle à l’Europe. On ne demande pas des aides, mais une réorganisation des filières. On doit absolument réadapter notre production à notre consommation, d’autant que le marché européen est stable. »Propos recueillis par Laurence SCHMITT.http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-ville/2015/08/05/la-coordination-rurale-denonce-l-agrobusiness