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431ème semaine politique: Obama à Hollande, "sois écolo même en vacances."

Publié le 08 août 2015 par Juan

Crédit: DoZone Parody


Un accord Hollande/Poutine sur deux navires vendus par Sarkozy, une salve de Sarkozy dans la presse pour faire oublier ses déboires judiciaires, des migrants qui se noient et un ministre de l'intérieur qui voudrait les "fixer" dans leurs ports de départ. 

Il y avait heureusement Obama pour remettre un peu d'optimisme écologiste dans cette coupure estivale.

Migrants versus touristes
En Grèce; les touristes sont là. Ailleurs, les migrants continuent d'affluer. Quelques milliers à peine qui suffisent à effrayer les bonnes âmes, quelques milliers qu'une droite furibarde et une extrême droite néo-fascisante s'emploient à instrumentaliser pour effrayer l'électorat âgé ou précaire.
Mercredi, deux cent migrants meurent noyés au large de la Libye. Ce rituel macabre trouble à peine l'actualité estivale. De son lieu de vacances, Bernard Cazeneuve tente une nouvelle formule. La France a refusé les quotas de migrants proposés par l'Europe, il lui faut trouver une autre dée pour montrer qu'elle s'affaire sur le désastre. Le ministre de l'intérieur fait part de son intention d'aller au Niger avec ses homologues européens. Il s'agit de trouver comment "fixer" les migrants dans leur pays d'origine, c'est-à-dire "mettre en place des centres de maintien et de réadmission qui permettent d'éviter ces flux de migrants."
Hollande versus Poutine
Il a fini par trouver un accord, la France remboursera la production des deux navires Mistral qu'elle refuse de livrer à la Russie. Hollande et Poutine ont topé cette semaine. Cette décision énervera la vrauche et la droite, toutes deux si promptes à s'indigner que la France s'oppose à la Russie. Quand Sarkozy avait cédé cette technologie à Poutine en 2009, toute la gauche, ou presque, s'indignait du transfert de technologie à peu de frais. Dans les colonnes du Figaro (propriété de Dassault), on s'indigne à coups d'articles et de tribunes ravageurs mais Hollande, à peine arrivé en Egypte pour l'inauguration d'un "nouveau" Canal de Suez, assure qu'il n'y aura "aucune difficulté pour trouver un repreneur".
Jeudi soir, le président est en vacances pour 10 jours, des vacances "secrètes" assure le Figaro. En congés également, son ancien opposant Nicolas Sarkozy éructe dans les colonnes de Valeurs actuelles.
Sarkozy versus Sarkozy
Une interview qui sonne comme un contre-feu allumé pour faire oublier ses récentes bourdes à l'encontre de l'Algérie et une actualité trop judiciaire qui frappe ses plus proches dans des affaires de corruption présumée (le coffre-fort géant de Claude Guéant), de sondages truqués (la signature imprévue de Claude Guéant) ou de financement clandestin (Copé entendu par la justice). "En plein coeur de l'été, le gouvernement décide de changer la nomenclature. On supprime 10.000 chômeurs, qu'on déplace dans la catégorie de ceux qui sont considérés comme n'étant pas à la recherche d'un emploi, et François Rebsamen arrive en expliquant que 1.300 chômeurs de plus, c'est la stabilisation ! (...)  Le lendemain, François Hollande dit : 'si le chômage baisse, je serai candidat'. De qui se moque-t-on ? On prépare une colère et une désespérance sans précédent dans notre pays". Le problème de Nicolas Sarkozy reste et demeure que chacune de ses critiques peut lui être retournée en pleine face et sans gant ni précaution. L'ancien monarque a la mémoire si courte qu'elle en est inquiétante. A propos de son propre quinquennat, il minimise comme il peut - "je ne dirais jamais que tout a été réussi" - pour mieux tendre la main aux électeurs du Front national. Ses formules sont comme souvent curieuses - il veut ainsi "reconquérir toutes les 'Madeleine' de France" - un gros clin d'oeil appuyé à l'animatrice du mouvement anti-mariage gay "Sens Commun". Sarkozy, président... du Tea-parti "à la française" ? Assurément.
Sarkozy peut au moins compter sur Nadine Morano. Elle a fini par amuser une fois de plus la galerie. Nadine Morano est une valeur sûre de l'humour politique involontaire. Mercredi, elle a conseillé aux migrants de faire comme De Gaulle en 1940, et ... de rester chez eux pour résister.  Plus pittoyable encore, Charles Beigbeder, patron médiatique déchu et déçu de l'UMP, confie son soutien au Front national pour la présidentielle de 2017.
Des nouvelles plus positives venaient d'ailleurs, d'Amérique.
Obama les a pris de court, en plein été. Lundi 3 août, le président américain a annoncé un renforcement du plan américain de réduction des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis d'ici 2030.
Obama ne prend pas de risque. Son mandat, le dernier, expire l'an prochain. Sa promesse écologique date ... de 2008, une éternité. L'hostilité du Congrès a bloqué son "Cap and Trade Act" de 2009 comme son plan anti-carbone de 2011. Pire, la présidence Obama sera celle de l'explosion de la production d'hydrocarbures de schiste sur le sol américain, faisant des États-Unis le premier producteur pétrolier mondial l'an dernier, devant l'Arabie Saoudite. Les analystes guettent désormais le ralentissement de cette production, les ressources les plus faciles d'accès ayant été extraites. Le nombre d'appareils de forage a été divisé par deux en un an. Et ce "modèle" américain a ravagé des zones entières: quelque 15 millions d'Américains vivent à moins d'un kilomètre et demi d'un forage de schiste.
"Il n'y a pas de défi qui pose une plus grande menace pour notre avenir et pour les générations futures que le changement climatique" Barack Obama, 3 août 2015

Dans le détail, le plan Obama est effectivement plus ambitieux que précédemment. Il laisse la flexibilité aux Etats de définir leur rythme, mais il leur impose de subventionner la production d'énergies renouvelables, pour atteindre 28% du total en 2030, et de réduire les émissions de gaz nocifs à l'environnement. De surcroît les centrales électriques américaines, qui sont responsables de 40% des émissions de CO2, devront réduire leurs rejets de 32% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. D'après le chiffrage officiel, ce "Clean Power Plan" coûtera 8 milliards de dollars, mais fera gagner quelque 54 milliards de dollar en économies de dépenses de santé et autres emplois et investissements directs ou indirects générés.
A quelques semaines de la grande conférence sur le climat qui se déroule en France, "COP 21", la démarche d'Obama est bienvenue. François Hollande ne s'y est pas trompé en félicitant son homologue aussi sec. Et Ségolène Royal, sa ministre de l'Environnement, s'est fendu d'un tweet que d'aucuns jugeront un brin moqueur puisqu'elle le conclut en rappelant que la France s'est déjà dotée d'une loi sur la Transition énergétique en juillet dernier. Cette dernière fixe également des objectifs ambitieux : une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre (mais versus 1990), de 50% de la consommation énergétique finale, et de 40% de la consommation d'énergies fossiles; et, en sus, l'augmentation à 32% de la part des énergies renouvelables dans la production globale. Le plan français est également plus ambitieux et détaillé sur les moyens consacrés, depuis les aides firectes ou fiscales (aux financements des travaux, à la conversion en véhicules électriques, ou à l'équipement en bornes de recharges) aux décisions portants sur la vie quotidienne (interdiction des sacs plastiques à usage unique (2016) ou d'ustensiles de cuisine jetables (2020); distribution des invendus alimentaires) ou l'activité des entreprises (développement des déchetteries BTP) ou des administrations (tri sélectif).
Obama, donc, remet l'écologie au coeur de l'actualité.
A Paris, un enfant rom fuyant la police meurt écrasé par un camion.
L'actualité est tristement têtue.


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