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La mer, le ciel et la mort

Publié le 08 août 2015 par Réverbères
La mer, le ciel et la mortReuter©2015
Ce matin, j’ai publié sur ma page Facebook, une photo bleue. Bleu clair pour le ciel, bleu foncé pour la mer. La photo a rencontré un petit succès de « J’aime ». Quelques commentaires, dont celui d’un ami cher : « La Terre, si belle, en équilibre précaire ne tient qu'à un fil : celui qui réunit et sépare ciels et mers… ». Il ne croyait pas si bien dire : dans la photo ci-dessus, qui date du 5 août, le fil précaire est rompu. Ces points noirs dans la mer, ce ne sont que des migrants dont l’embarcation vient de sombrer. Ils cherchaient la vie. Beaucoup ne trouvent que la mort.
Ils le savent au départ. Ils en ont peur. Comment en serait-il autrement ? Mais ils ont encore l’espoir. Celui qui fait vivre. Qui fait prendre les risques les plus fous. De toute façon, l’alternative est limpide : soient ils meurent inexorablement dans les conditions où ils se trouvent dans leur pays, soient ils saisissent cette lueur d’espoir d’une autre vie, en Occident, même s’il y a un risque de mort soudaine. Finalement, qu’est-ce que celle-ci changerait pour eux, si ce n’est son côté brutal et asphyxiant ?
La seule réponse que semble pouvoir leur offrir nos pays consiste en un maigre accueil, en une multitude de tracasseries de toutes sortes et surtout en un regard de pestiférés, comme s’ils ne songeaient qu’à une chose : nous voler, nous obliger à vivre comme eux, nous prendre notre travail, etc. Alors qu’ils n’espèrent qu’une chose : vivre, de manière plus ou moins décente. En être humain, tout simplement.
La Terre et les humains sont confrontés à de réels défis aujourd’hui : faire de celle-ci un lieu où chacun trouve sa place et peut y vivre décemment et librement. Je ne crois pas que l’Europe soit le paradis que ces migrants imaginent. Je ne crois pas que tous – et tous ceux qui les suivront – pourraient trouver ici cette place décente et libre. Mais ce n’est pas en tenant la porte fermée qu’on peut nourrir ses hôtes. Ce n’est pas en ayant des discours destructeurs ou protectionnistes qu’on apportera des solutions fondées sur le respect.
La question est éminemment complexe. Je n’ai pas la solution miracle. Mais je sais que toute solution fondée sur le rejet n’est pas une solution. Je sais que toute réponse ne témoignant que d’un repli sur soi n’est pas une réponse.
Or, nous nous devons de trouver solutions et réponses. Si nous n’y arrivons pas, nous aurons irrémédiablement rompu ce fil précaire qui nous relie à l’« humanité ».

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