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Critique Ciné : La Dame dans l’Auto avec des lunettes et un fusil (2015)

Publié le 10 août 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

La Dame dans l’Auto avec des lunettes et un fusil // De Joann Sfar. Avec Freya Mavor et Benjamin Biolay.


Joann Sfar prouve une nouvelle fois au cinéma qu’il a un amour prononcé pour la femme et son corps. Ce film se transforme assez souvent en une ode au corps de Freya Mavor (elle a bien grandi Mini de Skins, vous ne trouvez pas ?). Adapté du roman du même nom de Sébastien Japrisot, déjà adapté en 1970 par Anatole Litvak, La Dame dans l’Auto est un film assez étrange qui fonctionne justement grâce à sa folie et ses surprises. Pour son adaptation, le réalisateur s’est inspiré de Le passager de la pluie de René Clément (1970), ce qui donne probablement cette ambiance seventies au film. Le problème aussi de ce film c’est de devoir maintenir l’équilibre entre le suspense et les révélations qui sont faites tout au long du film. On ne sait pas vraiment ce que l’on voit au départ alors que tout commence dans le bureau du patron, que cette jeune secrétaire doit taper 50 pages durant la nuit et qu’elle va devoir le faire chez lui. Il se trouve aussi que chez lui, il vit avec sa femme qui est une ancienne amie de la secrétaire. Ces prémices complexe sont assez vagues et peu passionnantes. En tout cas, jusqu’à ce que le mystère commence à se faire ressentir (une fois le passage à l’aéroport) le film a énormément de mal à intriguer.

Elle est la plus rousse, la plus myope, la plus sentimentale, la plus menteuse, la plus vraie, la plus déroutante, la plus obstinée, la plus inquiétante des héroïnes. La dame dans l’auto n’a jamais vu la mer, elle fuit la police et se répète sans cesse qu’elle n’est pas folle… Pourtant…

Tout cela vient de Joann Sfar et de son envie de montrer le corps de son héroïne sous toutes les coutures possibles et imaginables. C’est assez ridicule par moment (notamment les errances narratives autour des rêves érotiques de l’héroïne qui plombent vraiment l’ambiance). Je ne connais ni le roman ni la première adaptation mais le problème c’est que l’on ne sait pas trop ce que va faire cette jeune femme. Il n’y a pas de but précis. Le problème c’est que l’histoire intrigue très rapidement une fois que le rouage du film est lancé (et tout d’un coup le soufflé retombe ensuite). En effet, à c’est ce moment là que La Dame dans l’Auto ne tient plus ses promesses et que l’on se retrouve avec un film devant lequel on a simplement envie de dire « tout ça, pour ça ». Joann Sfar a probablement voulu créer un peu trop d’ambiances différentes, perdant le spectateur au milieu de ce qui semble être une sorte d’essai. Il y a de bonnes tentatives (l’agression par exemple) mais on voit très rapidement que Joann Sfar se noie un peu dans tout ce qu’il tente de faire et nous perd complètement. Il nous perd au début et un peu à la fin.

Les meilleurs passages de La Dame dans l’Auto sont ceux où l’on commence à se demander si finalement la jeune femme dit la vérité ou bien si elle se moque complètement de nous. derrière ses faux airs de sainte nitouche, on a envie de croire ce qu’elle dit mais aussi envie de remettre en cause tout ce qu’elle raconte. Pourquoi ? Car dès le début il y a une sorte de dédoublement de la personnalité qui est visible. Le problème avec La Dame dans l’Auto, c’est qu’à vouloir trop en faire avec une histoire qui aurait peut-être mérité une relecture un peu plus dynamique, on perd un peu pied. Freya Mavor est très séduisante, très convaincante dans le rôle de l’héroïne mais cela ne suffit pas. Joann Sfar est sans conteste un bon metteur en scène, de split-screen en effets de cadre, C’est joli et sympathique mais pas suffisant pour faire de La Dame dans l’Auto une réussite. Finalement, je suis déçu du retour du réalisateur sur grand écran. Lui qui avait su raconter de façon assez hypnotique l’histoire de Gainsbourg à sa façon, ici on se retrouve avec un récit assez fade qui, à nous perdre trop rapidement, ne nous intéresse que très peu finalement.

Note : 3/10. En bref, c’est beau mais c’est tout.


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