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Jamais

Par Gentlemanw
Jamais

Seule assise à cette table, les petites bougies, la vue sur le port, les vagues, j'attends. Avec même un coucher de soleil, l'intensité orange d'une boule carmin, l'horizon, le cliché, la beauté qui tourne les regards de la terrasse, les mains serrant les autres, sommes-nous un soir de St Valentin ?

Jamais je n'aurai dû être là, jamais d'ailleurs je ne devrais être avec lui. Un divorce, le mien avec un amoureux transi par mon corps de jeune blonde pétillante, par mon indépendance, mon boulot d'ostéopathe, mais ensuite surtout fondu de parties de poker interminables, et moi de soirées sans lui. Pas d'enfant, juste un adolescent sans repère d'adulte, je suis partie loin de lui, laissant les coordonnées d'un avocat, gérant les papiers et quelques embrouilles de ce type de situation. Les copines étaient là, seule ou en couple, nous faisions des sorties resto, des dégustations de vins en commun, des belles rigolades, des après-midi shopping et même une fois par trimestre, une virée chaussures. De plus j'avais eu tout le temps de réfléchir à mon avenir. Un appart, petit certes mais bien conçu, bien exposé au sud, avec une déco moderne et quelques touches rétro, un dressing dans une pièce supplémentaire. Du sport, pour me tenir en forme, pour me sortir de ma routine boulot-boulotencore-dodo.

Jamais je n'aurai dû le croiser, chez cette amie, mariée qui venait de nous annoncer la venue de son premier bébé, enfin de jumeaux plutôt. Quelle beau moment, des rires, des applaudissements, une nausée, du champagne, des bulles d'eau gazeuse, tout le monde heureux pour eux, j'ai adoré. Lui aussi malgré ma volonté de lui faire manger de la salade alors qu'il n'est pas trop légumes verts. Il a ri, moi aussi. Un canapé, comme le mien, confortable,une soirée sans fin, lui et moi, moi et lui. Des draps froissés, son numéro. C'était bien.

Jamais je ne voulais tomber amoureuse d'un financier, d'un homme pris par son agenda, dévoré par ses déplacements, par ses réunions, par ses repas d'affaires pour tel contrat international, je ne voulais pas d'un absent, j'avais donné. Et pourtant ce fut le cas, difficile à joindre, en opposition à celui que j'avais vu détendu sur ce canapé. Sans stress pour autant mais avec des obligations, nombreuses dans la semaine, parfois aussi durant le week-end. DIsponible mais dans des tranches programmées. Il avait toujours le sourire, des attentions, quelques retards, d'autres occupations aussi. Car jamais je n'envisageais de commencer une nouvelle vie, encore moins avec un homme en instance de divorce, le mien étant enfin signé. Encore moins avec deux gosses, deux charmantes petites filles, deux sourires magiques.

Là seule dans ce restaurant, j'attendais son retour, il les appelait chaque soir, même en vacances. Nous avions pris une longue semaine pour nous détendre, sans boulot, sans internet mais juste ce rituel. Neuf mois d'amour, d'organisation pour se retrouver, pour se découvrir vraiment, pour confirmer notre amour naissant, fort, incontournable. Rien ne changeait sauf l'intensité, nos rires et notre complicité toujours plus fusionnelle. Jamais il ne devait rentré dans mes prérogatives, et pourtant. Il était doux, blessé d'une autre vie, la précédente, il était papa, entrepreneur, mais disponible, charmant, simplement mon homme.

Nylonement


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