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Sentier international des Appalaches : en grimpant le Mont Albert...

Publié le 15 août 2015 par Sylvainbazin

Il ne faisait pas beau du tout, sur le Mont Albert, aujourd'hui !
La pluie est tombée forte, par grosses rafales avec des intermèdes plus légers, pendant la soirée et sans doute une bonne partie de la nuit, lorsque j'ai trouvé sans trop de mal le sommeil dans mon refuge solitaire.
Ce sont donc des terrains détrempés, boueux et glissant que j'ai retrouvé au matin sous mes semelles. L'humidité omniprésente et la pluie fine régnaient encore dans le ciel.
Mon étape n'est cependant pas immense a priori : 22 kilomètres pour grimper vers le Mont Albert puis redescendre retrouver la civilisation et le confort au camping du même nom, où est installé le centre de service du parc national et des refuges de bon confort. Mais cette perspective plutôt douce, après à nouveau des journées plutôt intenses où le terrain me demande aussi une concentration de tous les instants qui a tendance à me fatiguer davantage qu'une simple marche sur un chemin "classique" , est encore assez lointaine lorsque j'aborde vraiment les pentes qui mènent au Mont Albert.
Je sors de la forêt au bout de deux heures de marche environ, et trouve a lors un environnement beaucoup plus minéral et dénudé. Les dernières pentes du Mont Albert sont dans les pierriers, et dans le brouillard. Il ne fait sans doute pas très bon s'y attarder aujourd'hui. Nous ne sommes certes qu'à un peu plus de 1000 mètres d'altitude mais il y règne des conditions de presque haute montagne.
Pourtant, un peu plus loin, près du point culminant, je trouve un homme, couché sur le dos de son énorme sac. J'avais oublié de vous en parler, mais hier j'ai aussi croise un drôle d'hurluberlus. Il se trimballait avec peine, dans les chemins techniques, avec un vélo de route sous le bras!
Je lui demandais ce qu'il faisait là avec son vélo, totalement inadapté à la circonstance ! Il me répondait qu'il était venu du centre de découverte (et de plus loin auparavant) ainsi mais qu'il n'avait pas envie de repartir par le même chemin. Plutôt que de passer par la route , il voulait prendre le "shortcut" que lui semblait être le sentier! Mais cet américain très brun ne semblait pas bien savoir dans quel type de sentier il s'était engagé ! ...pourtant, plutôt que de faire demi-tour en constatant l'État du terrain , il s'évertua à poursuivre.
Je le retrouvai ainsi hier soir, alors que j'étais au refuge et à l'abris depuis deux bonnes heures au moins. Il s'approche , mais me fait de grand signe de dénégation lorsque je l'invite à rentrer. Il veut continuer...
Je le retrouve donc aujourd'hui, écroulé dans la montagne. Il m'explique qu'il n'a pas trouvé le camping qu'il cherchait, qu'il a dormi, ou plutôt passe la nuit, dans la forêt. Incroyable !
Je l'exorte à se lever et à ne pas rester là. Il ignore à quelle distance nous sommes du centre d'information. Je lui révèle que nous sommes presque en haut et qu'ensuite , ce sont dix kilomètres de descente. Il faut absolument qu'il descende jusqu'à la forêt, où au moins il ne risquera plus grand chose en terme d'hypothermie.
Un peu plus loin, alors que ce curieux cycliste américain me suit plus ou moins dans le pierrier qui débute la descente , je rattrape un groupe de trois randonneuses qui s'apprêtent à passer un névé , le premier que je vois ici.
Les trois amies, deux francaises et une quebecoises, marchent également sur le SIA depuis Matane, et semblent très expérimentées. Elles m'expliquent qu'elles ont tout de même eu du mal avec les terrains boueux qui leurs ont valu quelques glissades.
Nous attendons notre cycliste pour l'aider dans ce passage délicat. Sans aucune peur, il s'allonge sur le névé, en plein milieu. Nous lui expliquons qu'il s'agit d'un pont de neige et qu'il ne doit pas trainer là. Il glisse avec son vélo jusqu'en bas.
Un peu plus loin , je le laisse, en bonne main, avec les randonneuses. De toutes façons le danger est passé et même si il reste quelques longs kilomètres de descentes pierreuses, plus grand chose à craindre. Un petit refuge est aussi à quatre kilomètres de là. On rencontre tout de meme de beaux inconscients!

Je continue ma descente, à mon rythme, toujours sous une pluie fine. Le terrain n'est pas très simple et bien sûr on a moins envie de s'arrêter admirer les quelques vues sur les chutes d'eau et autres beautés naturelles par ce temps.

Les derniers kilomètres, avant de rejoindre le camping et le centre de découverte du Mont Albert, sont de plus en plus faciles, sur un sentier qui devient aménagé.

Me voici donc à nouveau dans la civilisation : café, nourriture et Wi-Fi sont disponibles en bas! Il y a du monde aussi! Je discute d'abord avec une randonneuse qui a eu bien du mal à descendre dans le brouillard le Mont Jacques Cartier et semble un peu déstabilisée par cette expérience, la première qu'elle tentait en grande randonnée.
Ensuite, au refuge chauffé où je me repose ce soir, je fais la connaissance d'un joyeux trio de marcheurs de Montréal. Roxane et Olivier sont profs de math, Julie dans la communication, et ils sont venus marcher quelques jours dans le parc. Notre amicale discussion tourne beaucoup autour de la randonnée et des voyages à pied, encore très peu développés ici, contrairement à la France.
Je passe un excellent moment avec mes nouveaux amis québécois, en appréciant une bière que nous nous offrons tout de même dans le prestigieux gîte du Mont Albert.
Demain , j'irai sur le Jacques Cartier avant de me rendre vers la côte du Saint Laurent où je devrais trouver des terrains plus faciles.

Sentier international des Appalaches : en grimpant le Mont Albert...
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