#agriculture #crise #moisson
PUBLIÉ LE 16/08/2015Par Florent CafferyBenoît Bouclet a connu une moisson particulièrement riche cette année. Néanmoins, la crise demeure dans le secteur et la contestation est toujours là.1 Du mieux dans le renduLa moisson était auparavant le signe d’une saison qui se termine et d’une fête organisée pour tous ceux ayant participé à la récolte. Mais désormais, en période de crise dont le bout du tunnel n’est pas encore visible, la moisson est devenue un moment charnière pour les agriculteurs. Celui où la majeure partie d’une année se joue et où le contexte actuel vient accroître l’importance d’un blé de qualité.Généralement achevée la semaine dernière, la récolte a livré son verdict : « Comparé à 2014, cette année est plus importante en termes de rendement », constate Benoît Bouclet. L’agriculteur basé à Louches - il possède aussi des parcelles à Bouquehault (pour un total de 30 hectares d’exploitation) - a livré près de 300 tonnes de blé à la coopérative. Une moisson plus précoce que les crus précédents, mais surtout une nécessité pour laquelle il a œuvré jour et nuit : « A la Rochelle ils peuvent s’arrêter à 22h, poursuit l’agriculteur Louchois. Ici, ça n’est pas possible. Là, le blé a été de qualité mais au niveau des protéines, c’est compliqué. »Nouvelle norme sortie de terre en 2014, l’aspect protéine est désormais pris en compte à la livraison du blé. Une contrainte de plus dont l’appréciation est délicate, notamment en raison de l’effet azote avec lequel les agriculteurs peinent à jongler.Un point complexe dans la production et dont l’effet pervers est loin d’être un point de détail. Chaque tonne de blé qui ne peut être destinée à la consommation humaine bifurque en fourrage et entraîne avec elle une perte de 10 euros pour l’agriculteur. À 300 euros la tonnes, le calcul peut être vertigineux.Mais si l’épisode 2015 de la moisson est à ranger dans la case « année positive » au regard du rendement, la contestation du monde agricole ne s’est pas pour autant évaporée.2 Le mouvement vade nouveau s’activerLa moisson a permis au gouvernement de Manuel Valls de passer quelques semaines de repos, mais la mise en veille risque de laisser place à un réveil brutal. Histoire d’asséner un dernier coup de collier à cette colère qui ne s’essouffle pas et de faire comprendre aux consommateurs que la démarche a du sens : « Le problème des charges n’est toujours pas réglé. On fait de la qualité mais les distributeurs n’en veulent pas. Le gouvernement ne prend pas conscience du problème. Lorsque l’on est allé chez Transgourmet à Arques (le 30 juillet dernier pour une opération de blocage de l’entreprise spécialisée dans la restauration collective NDLR), on a bien vu qu’il n’y avait même pas 10 % de viande française. Un camion contenait des oignons d’origine australienne alors qu’ici le marché est encombré. Les actions vont reprendre. »3 Une crise qui s’éternisePolyculteur, Benoît Bouclet qui possède un cheptel de moutons et de bœufs parvient à atténuer l’effet de la crise grâce aux champs, mais il reste tel un funambule qui persiste à trouver l’équilibre : « La partie élevage correspond à 60 % des revenus. J’arrive tout juste à me verser un salaire. L’exploitation fournit 400 000 litres de lait par an. Tout est optimisé mais on ne peut plus descendre le prix de la vente. Je comprends qu’il y ait des intermédiaires dans le circuit mais tout le monde doit en profiter. On a aussi le droit de vivre. La crise est concevable mais elle doit s’arrêter. »Une situation épineuse et qui relègue désormais les traditions de la moisson au second plan : « Il n’y a plus de fête avec tous ceux qui ont travaillé avec nous. Certes c’est plus calme mais il faut reprendre le travail directement », conclut l’agriculteur Louchois.http://www.nordlittoral.fr/calais/les-agriculteurs-sont-prets-a-enfoncer-le-clou-ia0b0n234370