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MONDE > Brésil : "Dehors Dilma !"

Publié le 18 août 2015 par Fab @fabrice_gil
Près de 900.000 Brésiliens, deux millions selon les organisateurs, ont manifesté pour exiger le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une triple tempête économique, politique et de corruption.

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Photo ©AFP

Pas moins de 866.000 personnes vêtues de verts et jaunes ont défilé dans le calme à travers tout le Brésil, selon les dernières estimations de la police. En avril dernier, 600.000 brésiliens étaient descendus dans les rues. Les organisateurs -des mouvements citoyens de droite soutenus par une partie de l’opposition- ont estimé à "deux millions" de personnes (un million à Sao Paulo) le nombre de participants à ces manifestations organisées dans plus de 100 villes du géant émergent d’Amérique latine. Selon la police, 350.000 personnes ont défilé sur la grande Avenue Paulista au coeur de la capitale économique du pays, fief de l’opposition, alors que l’institut Datafolha avance le chiffre de 135.000 seulement. Le gouvernement a considéré que les manifestations "s’étaient déroulées dans le cadre démocratique", selon un communiqué du ministre des communications de la Présidence, Edinho Silva.

"Dehors Dilma!" - Agitant des drapeaux brésiliens, les anti-gouvernements ont exigé la démission voire la destitution de la présidente Rousseff. Ils arboraient des pancartes portant les inscriptions "Dehors Dilma!" et "Non à la corruption!", en référence au tentaculaire scandale politico-financier qui a coûté plus de 2 milliards de dollars au géant pétrolier public Petrobras. "Nous allons protester jusqu’à la fin. Jusqu’à ce que la présidente tombe. Elle doit s’en aller définitivement et laisser ce pays en paix, libéré de cette mafia du PT", a déclaré Patricia Soares, une fonctionnaire de 43 ans, participante de la marche dans Brasilia qui a rassemblé 25.000 personnes. Rio de Janeiro, qui accueillera dans un an les jeux Olympiques, le parcours de l’épreuve test de cyclisme a été en partie modifié pour permettre une manifestation le long de la plage de Copacabana. Le président du Parti social démocrate brésilien (PSDB, centre-droit) et rival malheureux de Dilma Rousseff à la présidentielle de 2014, Aecio Neves, a pour la première fois appelé ses militants à se joindre aux cortèges. "Assez de tant de corruption, mon parti est le Brésil!", a lancé Neves, en participant à la manifestation de Belo Horizonte, dans son Etat de Minas (sud-est). Dilma Rousseff, 64 ans, qui a entamé son deuxième mandat en janvier dernier, après une difficile réélection fin octobre, a vu en quelques mois sa popularité chuter brutalement à un niveau historiquement bas de 8%.
"Qui à la place?" - La présidente est sous la menace potentielle de deux procédures, même si la plupart des juristes estiment que les conditions ne sont pas réunies pour entraîner sa chute. Le Tribunal des comptes de l’Union (TCU) doit juger prochainement si son gouvernement a enfreint la loi en 2014, en faisant payer aux banques publiques des dépenses incombant à l’Etat. Une décision négative pourrait entraîner le lancement d’une procédure de destitution. Le Tribunal suprême électoral devra lui déterminer si les comptes de campagne de la présidente ont été contaminés par de l’argent détourné de Petrobras. Cela pourrait entraîner (en théorie) l’annulation des élections de 2014 et la convocation d’un nouveau scrutin. "La classe moyenne veut la retirer du pouvoir à n’importe quel prix, mais pour quoi faire? pour mettre qui à la place? (...)" s’interroge André Perfeito, économiste en chef du consultant Gradual investimentos à Sao Paulo. "Au sein du patronat et de l’élite, l’idée est que ce serait encore pire si elle sortait", notant qu’en cette période d’ajustement budgétaire et de licenciements, il valait mieux avoir le PT au pouvoir que dans la rue avec les syndicats.FG

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