Christiane, revenue d'Espagne, n'est guère enthousiaste en retrouvant la France !
GROSSE DEPRIME
Rentrée de mes vacances catalanes vendredi, j’ai évité les gros embouteillages. Je n’ai retrouvé qu’à Paris l’habituel bordel ambiant avec un périph d’autant plus saturé que sévit Paris Plage qui nous interdit le centre et le tram des maréchaux qui bloque le pourtour.
Arrivée sous une pluie battante… Bon, en Catalogne aussi j’ai eu un bel orage, tonitruant, avec son et lumière comme on sait le faire dans le sud, et des trombes d’eau… Mais là-bas, quand c’est fini, c’est fini : il fait de nouveau chaud, juste moins humide, le ciel redevient bleu, tout sèche en un clin d’œil. A Paris c’est perpète : le ciel bas et lourd continue de peser comme un couvercle et la luminosité à deux heures de l’après-midi est à peu près celle du crépuscule. Et en prime on a les moustiques !
Je suis contente d’avoir échappé en grande partie aux galères des aventuriers du RER A, fermé tous les étés pour 4 ans afin de faire des travaux qui auraient dû être faits depuis longtemps. Mais tout de même, je suis outrée de voir que l’ex fonctionnaire inutile qui gère Paris n’a rien trouvé de mieux que d'annoncer sa future journée sans voiture (sauf pour les organisateurs) de septembre au moment où le RER A est coupé, qu’elle a laissé monter Paris Plage en même temps en bloquant tout le centre de Paris, et qu’en plus, comme la punition n’est pas suffisante, elle a le culot de rendre payant le stationnement aoutien, ce qui gêne à la fois les visiteurs obligés de venir à Paris en voiture faute de transport en commun valable, et les Parisiens sans garage privé qui voudraient partir en vacances en train ou en avion.
Pire encore, je découvre qu’elle et son compère Huchon ont profité du mois d’août pour faire passer en douce le dézonage du passe Navigo, ce qui revient à faire payer aux Parisiens (qui déjà se serrent la ceinture pour se loger), une partie du transport des banlieusards. Du coup, moi qui prends le RER assez rarement, mon budget métro va exploser. Le résultat est que mon passe Navigo ne me sert plus à rien, je vais acheter des carnets de tickets, ça me reviendra moins cher. Bien que je subodore que les tickets vont augmenter…
Par-dessus le marché (sans jeu de mots), devant le vide sidéral de mon placard à provisions et de mon frigo, il m’a fallu faire des courses. Tous les magasins ou presque sont fermés, sur les marchés c’est le marasme (d’ailleurs il n’y a pas un chat dans les rues de mon quartier), j’ai dû me résigner à aller voir Monsieur Carrefour, qui a au moins le mérite de m’offrir un parking. Et là, ambiance… Banc de poisson misérable, fruits et légumes minables mais hors de prix… Ô combien je regrette les pêches juteuses à 80 centimes d’euros le kilo et les dorades fraîchement pêchées à 5 euros… Mais nous parlerons plus loin, puisque c’est d’actualité, de la production agricole française. Et de la pêche.
En plus comme vous tous j’ai trouvé ma feuille d’impôt en rentrant… Le double de l’an passé, soit dit en passant, alors que mes revenus sont exactement les mêmes. D’où ma grosse déprime : payer autant pour être aussi peu servie, ça me navre.
BISON VIRÉ
Le gouvernement s’inquiète de la remontée du nombre d’accidents sur les routes, malgré les innombrables radars. Le fait de pousser tout le monde à partir le 1er août ne les perturbe pas, l’état du réseau qui se dégrade à vue d’œil non plus. D’ailleurs Madame Taubira voulait même supprimer le permis.
Il existe un service appelé Bison Futé qui indique plus ou moins bien les périodes surchargées et donne des itinéraires de substitution. On va me dire qu’au moment des applications sur smartphone, des GPS et de Coyote, ce service devient moins utile et c’est vrai. Peut-être est-ce le moment de faire quelques économies dans la ponction publique. Mais le moment est curieusement choisi et la méthode douteuse. Ne vaudrait-il pas mieux reconsidérer le problème dans son ensemble, réorganiser la prévention routière pour une meilleure efficacité, ressortir les gendarmes au lieu de les coincer derrière un écran où ils vont traiter les PV automatiques, et puisque les régions sont responsables mais non solvables de l’état des routes, supprimer la DDE et les services de l’équipement qui ne remplissent plus leur rôle ?
INVERSION DE COURBE
Monsieur Sapin se réjouit. La croissance est de 0% (-0,2 pour la consommation des ménages) au 2e trimestre. Selon lui tout va bien, parce qu’avec les 0.6 du premier trimestre l’objectif de 1% en fin d’année sera tenu. Chiche !
Il y avait déjà beaucoup à dire sur les fameux 0,6 qui en fait étaient artificiels. Les 0 du second trimestre sont plus inquiétants quand on sait que tous les services publics ont augmenté leurs tarifs, y compris le timbre-poste, à tel point qu’on se demande si bientôt il ne sera pas plus économique d’aller porter directement les lettres. Or ces services sont des dépenses incontournables, donc auraient dû tirer la croissance. Que va-t-on bien pouvoir augmenter méchamment pour doper la fin de l’année et arriver au 1% fatidique qui devrait permettre de ne plus détruire d’emplois ?
En fait d’inversion de courbe, la seule que Normal 1er ait réussi à inverser, c’est celle de la croissance. Comme son prochain objectif est le Plan Climat, cette escroquerie planétaire qui voudrait faire croire que les étés doivent ressembler à des hivers pour protéger la planète et que les états sont des dieux puisqu’ils peuvent transformer le climat, la descente vers le sous-développement durable mais avec beaucoup d’impôts n’est pas près de s’arrêter.
ELEVAGE ET PATURAGE
Nous avons tout entendu sur le sort des malheureux paysans que la PAC a laissé choir et des prix qu’il faudrait imposer, et même sur le dumping social des méchants Espagnols et Allemands qui vendent le cochon moins cher… Il faut préserver la qualité française, mon bon monsieur ! Fermer les frontières aux pays qui n’offrent pas la même qualité… Ce qu’il faut dire vite parce que les autres aussi savent faire bien.
Bien entendu ce n’est pas la FNSEA qui dit ça, ce sont des fonctionnaires et des politiciens. La FNSEA est claire : il y a trop de charges et trop de règlementation, et au rythme où les entreprises disparaissent, et où le nombre de fonctionnaires augmente, d’ici 20 ans on aura un fonctionnaire par exploitant, pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Je ne le leur fait pas dire. C’est le problème de TOUTES les petites entreprises, quel que soit le secteur d’activité. Les paysans français ne peuvent pas moderniser leurs installations, ils n’en ont ni les moyens ni la taille suffisante. A quoi sert d’acheter un tracteur pour labourer un timbre-poste ? J’exagère un peu mais c’est une image. Or lorsqu’ils veulent s’agrandir, SAFER veille au grain en s’immisçant dans la vente des terrains comme intermédiaire obligatoire, ce qui renchérit le prix, et souvent en bloquant la vente pour faire acheter le terrain par un tiers parce qu’il ne faudrait pas que l’intéressé d’origine ne devienne trop gros. Et à supposer même qu’un éleveur dispose du terrain, il n’aura pas le permis d’exploitation. Ajoutons à ça la paperasse administrative et les tracasseries diverses et variées (il faut occuper les fonctionnaires en trop) et les charges sociales imbuvables, quand ce n’est pas l’ISF si la partie habitable de la ferme est située dans un lieu prisé par les bobos, on se demande comment ils survivent. Les grandes surfaces ne sont pas seules en cause et elles sont de plus en plus contournables pour qui veut faire de la vraie qualité. Je parlais plus haut de pêches juteuses : les Carrefour, Auchan et autres ne proposent que des billes de billard, mais les marchés locaux ont de bons produits, et heureusement il en reste encore.
Tout ceci est vrai aussi pour la pêche côtière, avec un facteur aggravant : les écologistes qui en France ont un pouvoir exorbitant et ne défendent les pêcheurs ni à Bruxelles ni dans les instances internationales où sont décidés les quotas. C’est ainsi que nos brillants négociateurs avaient une année laissé interdire aux Français la pêche aux anchois au seul moment où les bestioles – qui migrent – arrivaient dans leur zone de pêche. Le résultat c’est que les ports de pêche espagnols n’arrêtent pas de s’agrandir et qu’on peut voir le manège ininterrompu des chaluts sortant en fin de soirée et rentrant au petit matin, alors que – par exemple à Sète – les chaluts sortent 12 jours par an selon les dires des riverains du port. C’est comme ça qu’on trouve en Catalogne de la dorade de pêche à 5 euros le kilo. Entre autres…