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Chronique d'un régime

Publié le 17 avril 2008 par Careagit
France, patrie inventrice de l’Etat Providence cherche despérement recettes magiques pour réussir une cure d’amaigrissement…
C’est en quelque sorte l’annonce que nous pourrions diffuser un peu partout dans les bons hebdos santé. Quelque 1000 Milliards d’euros de dette et invariablement, des comptes dans le rouge chaque années. Pour 2008, le solde en bas de page est en rouge gras et affiche un honteux : – 22 Milliards d’Euros. Quel gestionnaire peut accepter un taux d’endettement de plus de 60% (en faisant fi des judicieuses manipulations comptables) de son revenu et un appauvrissement annuel, régulier et qui ne cesse de croître ?
L’Etat français bien sûr et la frange gauche de l’échiquier politique dont les représentants sur la toile enchaînent les billets enflammés contre les tentatives de coupes dans les dépenses de l’Etat. Depuis une semaine, il est vrai que le gouvernement s’est armé d’une hache et attaque (uniquement médiatiquement pour le moment) les moindres niches disponibles capables d’offrir un peu de liquidité et de marge de manœuvre pour se la jouer « réformateur » sans toutefois réveiller la douce France des grévistes. Carte familles nombreuses d’un côté, réforme du statut des chômeurs et hypothèse de déremboursement partiel ou total des lunettes pour les comptes sociaux de l’autre, l’Etat Providence à la française ferait-il sa mue ?
En date du jour nous n’avons que peu de raisons de croire en l’amaigrissement d’un Etat encore trop présent dans notre société. Que la France soit un pays plus « Etatisé » que d’autres, il faudra se résigner et faire avec. En revanche, accepter que nous continuions à vivre au dessus de nos moyens n’est plus acceptable d’un point de vue moral d’abord puisque céder des dettes aux générations futures n’est pas le plus beau cadeau qu’il est possible de leur faire, d’un point de vue diplomatique ensuite en référence à nos relations avec le reste des pays européens. Comment en effet conserver une place de leader concepteur de l’Europe si, chaque années, la France se joue des accords signés précédemment qui contraignent les niveaux de dette et de déficit ? Aujourd’hui l’Etat sort le carnet de chèque pour les salaires des fonctionnaires, la sécurité sociale ou le service de la dette (qui devient colossale) et les premières « réformes » (appelons les réformettes) visant à adapter le volume de professeur à celui des élèves va dans le bon sens sans pour autant dénaturer le « qualité » de l’enseignement (Permettez moi de mettre entre guillemets le mot qualité pour décrire l’enseignement public aujourd’hui en France). Le second projet de réforme menée par le p’tit dernier des ministres, Wauquiez va également dans le bon sens en fixant des limites au refus d’offres d’emploi, réformette dont le but est de réduire les déviances laxistes ou le découragement compréhensible de certains chômeurs de longue durée. Sur ce plan là, l’évolution prévisible de notre population d’actif devrait pousser mécaniquement une partie des chômeurs vers des postes libérés par la génération du « papy boom », attendons nous à une baisse constante du chômage et à l’autosatisfaction pourtant injustifiée du gouvernement (après tout certains attribuent l’inflation au gouvernement alors pourquoi pas la baisse du chômage…)
Au delà de ces deux premiers projets c’est une véritable réflexion sur ce que doit être le rôle d’un Etat qu’il faut lancer dans notre pays. L’Etat doit il encore conserver dans son giron l’imprimerie nationale (dont certains établissements furent vendus 85 Millions d’Euros a un fond d’investissement en 2003 et rachetés 325 Millions en 2007…) ? Est-ce le rôle d’un Etat d’assurer le transport en train de ses citoyens à travers le territoire ? Ne peut on pas alléger les ministères et gérer leurs comptes comme cela se fait dans certains pays nordiques ?
Adossés à ces problèmes n’oublions pas le casse tête chinois de l’organisation administrative de notre pays. L’Etat central à la droite, les collectivités à la gauche. Résultat principal : un basculement de responsabilités de l’un vers l’autre sans que les moyens financiers suivent, tout cela débouchant sur une explosion des dépenses des régions et départements creusant encore un peu plus le déficit déjà rouge vif. Gauche autant que Droite, chacun dispose désormais les armes pour « emmerder » l’autre avant de pointer ses faiblesses devant l’opinion au moment des élections. D’un côté, les citoyens volages récoltent ce qu’ils sèment en votant à la carte, un bel exemple de l’instabilité française.
Les « minis réformettes » imaginées par le gouvernement récoltent déjà une opposition marquée de la part des partisans d’un Etat tout puissant à la fois transporteur, sécurité sociale, assurance tous risques, pare feu économique, législateur, négociateur pour otages, investisseur, acheteur d’entreprise en difficulté… Le tout sans impôts trop forts pour ne pas toucher au pouvoir d’achat. Solution miracle. Taxer les riches !
Sortons un peu de ce raisonnement de bas niveau et benchmarkons sans gènes aucune les recettes trouvées au dessus de nos têtes (Europe du Nord) dans laquelle ces pays à caractère proche de notre Etat Providence chère à tant de citoyens français ont réussi à se réformer et à infléchir la spirale de la dépense « no control » sans toutefois remettre en cause certains acquis sociaux. Mais, à la différence de certains de ces pays, nous ne disposons que de très peu de leviers efficaces. Europe oblige, nous ne disposons plus de l’arme monétaire. Ainsi, impossible d’agir sur la valeur de la monnaie pour encourager les exportations et dépoussiérer la compétitivité sur les marchés étrangers (à l’image des USA actuellement). Inflation oblige, difficile d’entrer en politique de rigueur sans contracter le peu de consommation qui continue à faire vivoter la croissance tricolore. Dette oblige, inconcevable d’utiliser l’arme budgétaire si chère aux socialistes pour relancer la consommation en distribuant des billets et des chèques à tours de bras. Il ne reste plus que quelques actions potentiellement capables de redresser le bateau France. 1. Réduire les dépenses de l’Etat (train de vie, ministères, fonction publique, prestations sociales) de sorte de libérer des marges de manœuvres pour investir sur l’enseignement ou lancer de grands chantiers. Il s’agit en quelque sorte de transformer des dépenses de fonctionnement en dépenses d’investissement. 2. Réduire la fiscalité des entreprises pour agir sur l’offre en donnant les coudées libres aux entreprises pour investir, embaucher ou accroître les salaires (en prévision de la prochaine période de croissance). Si nécessaire, pourquoi ne pas conditionner (sur un laps de temps donné) cette révision fiscale aux agissements des entrepreneurs de sorte à assurer la transformation de cet effort de l’Etat en investissements. Liste non exhaustive…
Quoi qu’il en soit il va falloir agir car la conjoncture aidant, nous ne pourrons continuer à vivre juste au dessus de la ligne de flottaison. La gouvernement va donc devoir agir autrement que devant les caméras de télévision et par oral. De l’autre côté, les critiques fuseront, peu importe, la gauche n’a pas d’idées, qu’elle garde au moins le monopole de la critique.
Je commence le régime Lundi…

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