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Max | Sicut palea

Publié le 19 août 2015 par Aragon
"Penser n'est pas une fonction de l'esprit. C'est un sens du corps. 
À la vérité il y a quatre sens de l'esprit.
Rêver, lire, penser, méditer."
PQ
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Quignard rapporte le fait dans son tome IX du "Dernier Royaume" (p.48) : Sicut palea, "c'est comme de la paille", ( c'est comme quelque chose qui ne vaut rien ), derniers mots "explicatifs" de l'immense Thomas d'Aquin, le plus grand théologien du Moyen-Âge. Il arrête tout, jette à terre rageusement plume, encre, écritoire, parchemins. À partir de ce jour de décembre 1273 il n'écrira plus, ne pensera plus, ne parlera plus, ne contemplera plus, ne priera plus. Il mourra quatre mois plus tard.

Je l'ai déjà écrit sur mon blogue, Quignard rend intelligent. Il est à lire comme des gens sont à aimer, qui lit encore ? La question n'est pas là, le sujet n'est pas là. PQ parle à propos du saint docteur de l'église que sa "dépression" qui va aboutir à la mort est une dépréssurisation définitive de la noèse (l'opération de penser). Ce n'est plus un noème (contenu de la pensée) qui bouche le cerveau, c'est la noèse qui ne se fait plus... Incroyable ! Quel incroyable fait rapporté, quel incroyable sujet de réflexion...

Noème & noèse inconnus pour le petit grand homme agité qui se fait prendre en photo, ridicule, short de plage jaune flashy taille haute, sur une plage corse, dominant de sa petite grande taille sa meuf canon. Petit grand homme pathétique qui assène des mots - hors noèse - du style " j'suis aut'chose quand même que l'autre, là-bas, ce septugénaire de gauche (sic) qui veut entrer en lice contre moi, je vais le bouffer tout cru... regardez mon bronzage et ma Carlita chers français, ça c'est béton... ça c'est l'avenir... et mon physique : y'a pas photo avec le vieux bordeluche"

Noème & noèse étranges mais présents chez Agnès. Nous sommes bras dessus bras dessous, elle, mon tonton et moi au milieu, pauvre promenade, déambulation cet après-midi encore dans les couloirs tristes de l'unité A que l'on semble toujours découvrir, que l'on fait toujours semblant de découvrir. Elle est belle Agnès, si fine, si menue, si belle oui, bouclée, âgée bien sûr, les yeux j'oserai dire malicieux, si distinguée quand elle se déshabille hors tout regard dans une chambre qui n'est pas la sienne et revient gentiment rhabillée par une soignante en disant "il faut savoir se tenir", fait toujours pipi hors toilettes, uniquement en cachette dans les couloirs, caresse si doucement, si gentiment, si vrai, le bras de mon tonton qui lui offre en retour ses beaux yeux bleus étonnés mais reconnaissants... Noème d'Agnès : "je vous invite... il faut que j'aille chercher les autres, préparer... que ce soit réussi... et Dax c'était tout tout (bis) pour moi Dax, Dax c'était si beau... c'est étonnant vous savez... ils sont gentils, si gentils, vous savez ... il faut savoir se tenir (elle le dit souvent)... ce bleu est beau (elle désigne un crayon à dessin qu'elle tient souvent entre ses doigts car elle dessine des "mandalas")... dessiner oui, il faut savoir... peut-être qu'il a dit "elle est partie mais elle reviendra", moi j'y crois, mais lui ? Vous croyez... vous ?... dans le temps je faisais mieux... c'est pas tout éteint quand même..."

Non Agnès, "c'est pas tout éteint" chez vous Agnès, c'est éteint par contre chez ce petit grand homme agité qui, par folie collective irrationnelle, avait été élu à la plus haute marche du pays un jour... sicut palea ta vie et tes mots petit grand homme, sicut palea... à bientôt tonton, à bientôt Agnès.

chanson que je dédie aux 25 pensionnaires du pavillon A.

 http://actu.orange.fr/insolite/buzz-du-web/sarkozy-persua...


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