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Mes adieux au Front de Gauche

Publié le 20 août 2015 par Mister Gdec

bc4884e0761134223b770eeaa80d43d3« Oui, vous avez bien lu : à ceux qui vous parlent de souverainisme comme d’une baguette magique qui eut été nécessaire en Grèce, vous pouvez les envoyer jouer aux billes. » (Yannis Youlountas)

Ma gauchosphère tant chérie, si intime, celle qui allait du PS au NPA ¹ au moment où j’ai commencé ce blog, est en train de se désagréger. Irrémédiablement. Si je pensais qu’il puisse y avoir la moindre possibilité que cette famille politique qui fut la mienne pendant si longtemps puisse renaître de ses cendres, je pourrais peut-être changer d’avis. Mais tel n’est pas le cas. Pire, je vois chaque jour des signes qui me font en désespérer. Elle est de toute évidence en train de s’auto-détruire. J’ai bien trop attendu, en vain. Elle ne cesse de trahir, jour après jour, ses valeurs fondatrices, et donc les miennes, tant j’ai pris l’habitude de  m’identifier à elle. Pendant toutes ces années d’animation de ce blog, où j’ai pu par le biais des thématiques de mes billets successifs, écrits à un rythme frénétique, renforcer mes valeurs personnelles et m’éclaircir la teneur profonde de mes combats, j’ai réussi à comprendre comment je fonctionnais et ce qui m’importait. La ligne rouge qu’il s’agit à mon sens de ne pas franchir où que l’on soit à gauche est très clairement celle de la lutte contre toutes les discriminations :  le racisme, le sexisme, l’homophobie et la transphobie et autres perversions humaines. Mon ennemi idéologique est donc très clairement  l’extrême droite et ses antiennes sacrées qui vont à l’encontre de mes valeurs : patriotisme, nationalisme, grand remplacement, refus de l’étranger, du différent, des musulmans, d’une vision un peu plus humaniste que la leur,  la nôtre étant considérée comme décadente…   Incroyable inversion rhétorique qui me voit qualifier si souvent de collabo alors même qu’une certaine filiation spirituelle les voit plus sûrement du côté de l’ennemi… J’ai pourtant trop vu de compromissions avec ma ligne directrice tout au long de ma réflexion personnelle dans mon propre camp. J’ai constaté à quel point certaines directions de partis arrivaient aisément à s’accommoder de certaines entorses notables à leurs belles déclarations de principes, quand bien même certains éléments y contrevenaient gravement. Il me suffira pour éclaircir mon propos de parler du cas Balme. Depuis, j’en ai connu bien d’autres, et quand bien même je les ai dénoncés, ils n’ont pas disparus pour autant….  Ainsi, l’insupportable antisémitisme qui se dissimule derrière la cause palestinienne. Détestable compromission, incompatible avec mes valeurs.   Derniers épisodes en date qui signent mon profond désaccord et la consommation de mon  divorce, cette monumentale connerie du PG, dont je suis soulagé de ne plus faire partie, de se lancer dans un aussi mégalomaniaque qu’irréfléchi plan B dont le but inavouable et inavoué est de sortir de l’euro. Une erreur grossière qui range à mes yeux le PG dans la  même voie sans issue qu’est le souverainisme, tant apprécié par certains au Front de gauche, derrière des gens comme Sapir, une vedette au PG, alors même que, incroyable paradoxe et totale contradiction idéologique dont certains militants mélenchonnistes ne semblent pas s’apercevoir, il se range derrière le mouvement nationaliste de Dupont-Aignan, tout comme Chevènement., ce qui me déplait au plus haut point. Un  mouvement pas franchement de gauche, il est utile de le rappeler.  Yannis Youlountas a superbement traduit récemment tout le mal qu’il convenait de penser de cette notion, qui ressemble fort d’expérience à une planche savonneuse…  Il a traduit dans ses deux derniers billets ma propre réflexion  mieux que je ne saurais le faire,  au point que je m’en suis retrouvé soulagé. En un mot comme en cent, pour moi, conformément à mes valeurs personnelles, le souverainisme, c’est de la merde qui a trop à faire avec le nationalisme et cette autre valeur que j’exècre : le patriotisme, valeur totalement dépassée à l’heure de la mondialisation. Seules la peur et le recroquevillement peuvent expliquer.

Et un mot, un seul mot, plus que tout autre, revient sur toutes les lèvres : souverainisme. Autrement dit, la cause principale du problème serait l’hétéronomie politique du gouvernement grec dominé par les institutions supranationales. Et la solution, élevée au rang de formule magique, se résumerait en une seule phrase : « sortie de la zone euro, abracadabra ! »

Permettez-moi de sourire. Le problème du souverainisme est l’arbre qui cache la forêt et occulte le vrai débat. Pire encore, appelons un chat un chat : le souverainisme est le principal piège de la débâcle grecque. (source)

Le dangereux revirement que je vois poindre derrière le thème de la sortie de l’euro, et cette convergence de certains personnages et de certains points programmatiques, autour de cette notion de souverainisme qui dissimule si mal certains relents nationalistes, me conduit à me retirer de cette gauche qui, vraie ou pas, n’est plus la mienne. Trop de choses nous séparent désormais. Elles ne sont pas seulement idéologiques, mais personnelles. J’ai bien trop de mal en effet à m’identifier à quelque parti que ce soit.  Mais en outre, je supporte bien mal tout mot d’ordre, toute autorité, et toute personne dont le culte et l’admiration sans limites (comme c’est manifestement pour certain(e)s le cas pour Mélenchon) demandent à éteindre tout sens critique. Il me semble, avec l’avancement en âge, que je suis de toute façon indigérable pour quelque structure politique que ce soit. Il y faudrait pour cela la disparition de ma distance critique, de mon intelligence, de mon esprit de remise en question, ce qui est proprement impossible. J’ai donc décidé de donner ma révérence à ce champ politique là, pour me consacrer librement à ce qui à présent m’importe. Et si au détour d’une conversation, comme cela est inévitable, on me demande quel est mon positionnement, je répondrai à présent que je suis libertaire de gauche. Puisqu’il parait qu’il y aurait des libertaires de droite… Un non sens à mes yeux. Mais puisqu’Onfray, bien plus intelligent que moi,  se revendique quant à lui comme capitaliste libertaire, alors… Il me faut le marteler : bien qu’à présent libertaire, je suis de gauche; vraiment. C’est à dire libre  de penser ce que je veux, loin des programmes partisans qui m’enfermeraient dans un carcan idéologique qu’il est bien difficile de réfuter quand on y appartient. Voilà. La suite au prochain épisode. j’avance…

¹ L.O. n’a jamais fait partie de mon spectre, désolé. Son fonctionnement est bien trop autoritaire/sectaire/militaire. Et quand je croise ici et là l’un de leurs militants, dans la vie réelle ou les réseaux sociaux (ainsi, Récriweb, bien connu sur twitter), je suis toujours nacré du caractère automatique et idéologisé à outrance de leur positionnement et de leur réthorique, sans qu’il y ait la moindre intériorisation et personnalisation du discours, comme des arguments.


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